Abstracts A bstracts Insuffisance cardiaque, fibrillation auriculaire et resynchronisation ■ L’insuffisance cardiaque est souvent compliquée de fibrillation auriculaire (FA). Environ un tiers des patients ayant une insuffisance cardiaque sévère et un bloc de branche gauche sont en FA. Les patients associant ces deux pathologies sont-ils de bons candidats à la resynchronisation ? Cette étude néerlandaise observationnelle prospective a inclus, de 1999 à 2004, 263 patients insuffisants cardiaques traités par resynchronisation cardiaque (insuffisance cardiaque symptomatique avec QRS large ≥ 120 ms et fraction d’éjection ventriculaire gauche ≤ 35 %) : 96 étaient en FA chronique (37 %) et 167 en rythme sinusal (63 %). Les paramètres cliniques et échocardiographiques ont été analysés initialement, puis à 3 et 12 mois. Un remodelage ventriculaire gauche inverse était défini par une diminution du volume télésystolique d’au moins 10 %. Le nombre des hospitalisations pour insuffisance cardiaque était recensé l’année précédant la resynchronisation et l’année suivante. À 3 et 12 mois, l’état des patients s’est amélioré significativement et de façon identique dans les deux groupes (FA et rythme sinusal) en termes de classe fonctionnelle NYHA, de test de marche de 6 minutes, de score de qualité de vie, de fraction d’éjection ventriculaire gauche et de régurgitation mitrale. Le remodelage inverse a concerné à 3 mois 74 % des patients en FA et 77 % des patients en rythme sinusal ; à 12 mois, les chiffres sont respectivement de 82 % et 83 % (p = 0,79). Après une année, 25 % des patients en FA étaient en rythme sinusal. Lors de l’année postimplantation, on observe une réduction significative des hospitalisations pour insuffisance cardiaque pour les deux groupes de patients (de 84 % et de 90 %). La mortalité à long terme est également similaire pour les deux groupes de patients resynchronisés (mortalité à un an : 7,3 % pour le groupe FA et 10,2 % pour le groupe rythme sinusal, p = 0,34). >> Conclusion. Le bénéfice de la resynchronisation cardiaque est ici similaire pour les patients insuffisants cardiaques, qu’ils soient en rythme sinusal ou en FA chronique. On observe pour les deux groupes de patients une amélioration fonctionnelle et échographique, associée à une réduction des hospitalisations pour insuffisance cardiaque. La survie des patients en FA ou en rythme sinusal est également similaire. Il est à noter qu’un quart des patients initialement en FA ont un rythme sinusal restauré à un an, d’où la proposition des auteurs de mettre en place une sonde auriculaire quand la durée préalable de la FA est inférieure à 2 ans. La présence d’une FA ne doit pas représenter un frein à une indication validée de resynchronisation cardiaque. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil >>> Delnoy PPHM, Ottervanger JP, Luttikhuis HO et al. Comparison of usefulness of cardiac resynchronization therapy in patients with atrial fibrillation and heart failure versus patients with sinus rhythm and heart failure. Am J Cardiol 2007;99:1252-7. Traitements antirétroviraux et risque d’infarctus du myocarde ■ Les membres du Data Collection on Adverse Events of Anti-HIV Drugs (DAD) Study Group ont démontré en 2003 (N Engl J Med 2003;349:1993-2003) une association entre les traitements antirétroviraux et le risque d’infarctus du myocarde (IDM). Existe-t-il des différences en fonction des classes thérapeutiques prescrites ? Cette publication a analysé l’exposition aux inhibiteurs de la protéase ou aux inhibiteurs non nucléosidiques de la reverse transcriptase et le risque d’IDM. Il s’agit d’un travail observationnel prospectif qui a inclus, depuis février 2005, 23 437 patients infectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). L’incidence des IDM a été calculée durant le suivi – médiane à 4,5 ans –, et l’association des IDM avec l’exposition à chaque classe thérapeutique a été précisée. Il est à noter une exposition moins prolongée sous inhibiteurs non nucléosidiques de la reverse transcriptase : pour 64 % des patients, médiane à 2,6 ans versus 4 ans sous inhibiteurs de la protéase pour 79 % des patients. Trois cent quarante-cinq patients ont constitué un IDM fatal ou non pendant 94 469 patientannées, soit une incidence de 3,65 pour 1 000 patient-années. Lors de la survenue de cette complication cardiaque, 90 % des patients concernés ont été exposés aux inhibiteurs de la protéase (médiane d’exposition : 3,7 ans), et 61% ont été exposés aux inhibiteurs non nucléosidiques de la reverse transcriptase (médiane d’exposition : 2,1 ans). L’incidence des IDM passe de 1,53 pour 1 000 patient-années en l’absence d’exposition aux inhibiteurs de la protéase à 6,01 pour 1 000 patient-années en cas d’exposition à ces inhibiteurs depuis plus de 6 ans. Après ajustement excluant les dyslipidémies, le taux relatif d’IDM par année d’exposition aux inhibiteurs de la protéase est de 1,16 ; pour les inhibiteurs non nucléosidiques de la reverse transcriptase, il est de 1,05. Lorsque l’on tient compte des dosages lipidiques, l’impact est moindre, avec des chiffres respectifs de 1,10 et 1. >> Conclusion. Cette étude confirme l’association entre exposition aux traitements antirétroviraux et IDM. La relation entre inhibiteurs de la protéase et IDM reste significative après les ajustements multivariés. En revanche, l’exposition aux inhibiteurs non nucléosidiques de la reverse transcriptase n’est pas liée de manière indépendante à une majoration de l’incidence des IDM (cependant, le nombre de patient-années pour observer l’exposition à cette classe thérapeutique est moindre). Après ajustement tenant compte des facteurs de risque cardiovasculaire à l’exclusion des lipides, les patients sous inhibiteurs de la protéase encourent un risque accru de 16 % par an de constituer un IDM (p < 0,001) contre 5 % par an pour les patients sous inhibiteurs non nucléosidiques de la reverse transcriptase (p = 0,17). Les inhibiteurs de la protéase sont davantage délétères sur le bilan lipidique (augmentation du cholestérol total et LDL), ce qui peut en partie expliquer ces constatations. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil >>> The DAD Study Group. Class of antiretroviral drugs and the risk of myocardial infarction. N Engl J Med 2007;356:1723-35. >>> Friis Moller N, Sabin CA, Weber et al. Combination antiretroviral therapy and the risk of myocardial infarction. N Engl J Med 2003;349:1993-2003. La Lettre du Cardiologue - n° 408 - octobre 2007