RUMEURS...
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La Lettre du Sénologue - n° 2 - octobre 1998
❒Suite de “l’affaire tamoxifène” retrouvée dans Le Figaro,
L’Express, le Tout Lyon, France Antilles, La Voix du Nord :
“Cancer du sein : non à la prévention généralisée”, “Cancer du
sein : une piste incertaine”. Ces articles rapportent l’existence
de quatre essais en cours ou clôturés (américain du NSABP,
italien de Veronesi, anglais de Powles et l’essai IBIS) dont les
conclusions sont contradictoires. Ces journaux insistent sur
l’attitude très réservée du groupe d’experts de la FNCLCC et
évoquent la possibilité de mise en route d’un essai français.
En revanche, dans Voici, Le Havre Presse, Le Républicain
Lorrain, on voit apparaître le nom du raloxifène avec, pour
certains (capables de ne pas faire l’amalgame tamoxifène-
raloxifène), la notion d’absence d’effets secondaires à type de
cancer de l’endomètre. Je ne vous surprendrai pas en vous
signalant que, depuis la parution des résultats du raloxifène, le
groupe Ely Lilly clôture en hausse à la Bourse américaine, en
sachant que le raloxifène commercialisé sous le nom d’Evista®
pourrait approcher les 12 milliards de francs de ventes
annuelles d’ici à 2002, selon les sources du Nouvel Observateur.
❒Puisque ce numéro est consacré aux THS, quelques réac-
tions ont été relevées dans Le Figaro : “Le prudent traitement
de la ménopause”, où il est noté que ce traitement ne semble
pas augmenter le risque de récidive de cancer, mais que l’on
attend les résultats d’autres études dont ceux de Vassilopoulou
(Houston). En revanche, dans la Nouvelle République des
Pyrénées, l’accent est mis sur l’augmentation de 35 % des can-
cers chez les femmes traitées plus de onze ans et l’article sou-
ligne les réserves de l’OMS. Un très bel article, très complet,
intitulé : “Ostéoporose : le défi européen”, remarqué dans
Libération Champagne du 29 juin, explique les causes, les fac-
teurs de risque, le dépistage, l’impact européen, les associa-
tions d’aide, le régime idéal et les règles d’hygiène de vie. Plus
racoleur et percutant : “THS, le Viagra des femmes ?”, où l’on
insiste sur une association estrogènes-androgènes, vantant sur-
tout les mérites des hormones mâles susceptibles de “réveiller”
la vie sexuelle des femmes, ce qui permet à un journaliste per-
sifleur de poser cette question narquoise : “Et que dire d’un
couple utilisant le mélange détonant Viagra pour monsieur et
androgènes pour madame ?”. Il est curieux de constater que cet
article a été imprimé dans Le Var, Corse-Matin, La Provence
et Nice-Matin… Il ne sera pas nécessaire de faire des allusions
sauvages au machisme méditerranéen car, dans ces mêmes
journaux, on retrouve une exhortation au dépistage des cancers
féminins sous le titre : “Examens : ne rechignez pas !”.
❒Dans un registre plutôt terroriste, une dizaine de quotidiens
titrent, à la fin du congrès Eurocancer : “Cancer : des chiffres
accablants”, “Le nombre de cancers n’a cessé d’augmenter,
contrairement à ce qu’affirment certains cancérologues”, heu-
reusement contrebalancés par “Le troisième millénaire se por-
tera bien” et deux entrefilets rapportant une baisse du nombre
de cancers aux États-Unis et de la mortalité par cancer aux
Pays-Bas et en Grande-Bretagne.
❒De quoi faire revenir le sourire à la Seita, malmenée par les
lobbies anti-tabac, d’éminents spécialistes américains, cana-
diens et français auraient découverts que : “Fumer protège cer-
taines femmes du cancer du sein”, aboutissant à des titres
comme : “L’effet faste du tabac”, “Le tabac bénéfique ?”. Il est
quand même précisé que cela ne concerne que les femmes por-
teuses d’une anomalie génétique BRCA 1 ou BRCA 2, et qu’un
paquet de cigarettes par jour réduirait le risque de moitié.
Tombe-t-on de Charybde en Scylla ? Il est précisé, bien sûr,
que cela ne doit pas être considéré comme un encouragement à
fumer ni une absolution quelconque. Il n’est peut-être pas for-
cément nécessaire d’accroître la proportion statistique actuelle
de 56 % d’augmentation des cancers du poumon chez la
femme !
❒Un serpent de mer, qui va certainement enthousiasmer nos
chirurgiens débordés : “Cancer du sein : calculer la date de
votre opération”, où il est expliqué qu’il y a davantage de
bénéfices en termes de survie lorsque la chirurgie est réalisée
en deuxième partie de cycle. Nous aimerions beaucoup être
présents lorsque le Dr Villet, auteur d’un article incendiaire
intitulé : “Pour en finir avec la date des règles”, se retrouvera
en consultation face à une patiente en train de calculer la date
optimale de son intervention !
Pour finir, quelques scoops surprenants
■Lu dans Sud-Ouest Dimanche, où il est rapporté que dans les
six mois suivant la mastectomie subie par Nancy Reagan en
octobre 1987, les médecins américains ont constaté une baisse
de 25 %… du choix d’un traitement conservateur chez les
patientes atteintes d’un cancer du sein… De l’influence des
célébrités ?
■Un animateur de radio hollandais, choqué par le décès par
cancer du sein de l’épouse de l’ex-Beatles Paul MacCartney, a
proposé, pour sensibiliser ses auditrices à cette maladie, qu’on
lui envoie un soutien-gorge ; il en a reçu un tel nombre que
ceux-ci furent suspendus en guirlande à l’entrée du port de
Rotterdam ; on imagine la tête des capitaines de navire, mais
c’est peut-être un bel exemple de solidarité féminine. Pas
moins de vingt journaux français ont rapporté l’événement.
■Insolite et colporté par près de 42 quotidiens, dont le très
sérieux journal Le Monde, l’histoire d’un Américain, Paul
Shimkonis, qui a été assommé par les seins d’une strip-teaseuse
ultra-siliconée et exubérante au cours de l’enterrement de sa
vie de garçon. L’infortuné futur marié souffre depuis de dou-
leurs cervicales intolérables et n’a pas hésité à demander
15 000 dollars de dommages et intérêts ! La justice américaine
a débouté le plaignant, mais cela a permis à des journalistes,
très en veine, de présenter quelques figures de style, du type :
“Attentat à la rondeur”, “Des seins sonneurs”, “Un spectacle
assommant”, “Débouté, un verdict assommant”.
■Cependant, pour terminer, la palme revient incontestable-
ment à cet article qui fut à la pointe de l’actualité, retrouvé
dans Le Canard Enchaîné, où sont rapportés les propos du
Pr Barte (Hôpital Marmottan) : “Il faut savoir que le football
est un sport à haute symbolique sexuelle. Chez l’homme, le
besoin du ballon rond, c’est un besoin voyeuriste. Lorsqu’il
regarde un ballon rond, votre époux voit vos seins.” Ce à quoi
le journaliste perfide, et certainement goguenard, a rétorqué :
“Et lorsqu’il regarde un but ?” ■