chante, ça rit, ça danse, ça discute, ça polémique, ça… (eh non,
je ne l’écrirai pas !).
Mais on aime surtout nos journalistes en phase maniaque
lorsqu’ils s’exclament : “Nouveau pas dans la recherche de
vaccin anticancer” (Centre Presse, La Dépêche du Midi, Le
Maine Libre, etc.) ou “Grande découverte pour la recherche
contre le cancer” (Le Progrès), “Les promesses des vaccins
anticancer” (Le Figaro). On nous y décrit la découverte (par
l’institut Pasteur) et l’utilisation d’un composé synthétique
appelé MAG (Multiple Antigenic Glycopeptide) contenant un
sucre, l’antigène Tn, présent à la surface de toutes les cellules
cancéreuses, permettant la destruction de celles-ci, quelle que
soit leur localisation avec, peut-être, une réponse immunitaire
durable se réactivant en cas de récidive. Et des chercheurs
argentins ont montré qu’en injectant des cellules cancéreuses
coliques à des souris saines, on entraînait une réponse immuni-
taire et que la réinjection de ces cellules coliques à d’autres
souris porteuses de cellules cancéreuses mammaires ou sarco-
mateuses détruisait la tumeur mammaire ou le sarcome ! ! !
CQFD : il pourrait y avoir un seul type de vaccin contre
n’importe quel cancer ! Incredible, isn’t ? Bon, c’est sûr, ne
nous emballons pas, ce ne sont que des souris… oui, mais
des… génétiquement modifiées (qui a dit Panzani ?) c’est-à-
dire dotée de molécules identiques à celles de l’homme.
Dans ce registre, retrouvé dans de multiples quotidiens et
magazines (Notre histoire, l’Express, l’Écho, le Financial
Times Europe, le Monde, etc.), après Dolly tant attendue en
97, des chercheurs américains (de l’université santé et
sciences de l’Oregon sont heureux de vous annoncer la nais-
sance d’Andi, né le 2 novembre 2000, ravissant petit singe
macaque, issu d’un des 224 ovules “trafiqués” nécessaires à
sa conception. Tout d’abord, cet adorable petit monstre pos-
sède un gène marqueur appelé GFP comme Green Fluores-
cent Protein, ce qui, paraît-il, faciliterait sa détection (pour-
quoi ? Pour mieux le voir quand on éteint la lumière ?) mais,
en plus, il est promis à un des plus brillants avenirs ! Pensez
donc, on va pouvoir lui introduire des gènes du diabète, des
maladies cardiovasculaires, de la maladie d’Alzheimer et
même de certains cancers et permettre ainsi d’accélérer les
recherches sur des vaccins ou des thérapies ! Et en plus, ce
petit veinard, s’il survit à tout cela, pourra bénéficier de la
mise en place par Bill Clinton d’un “système de sanctuaire et
d’assistance à vie” où il pourra couler une retraite heureuse !
Elle est pas belle la vie ? Mais Andi n’est pas tout seul car il
a une sœur, une poule, surnommée “Britney” (comme la
chanteuse des Spice Girls ?), elle aussi génétiquement modi-
fiée (la poule bien sûr !), et qui va pondre des œufs contenant
des protéines modifiées dans leurs blancs permettant l’élabo-
ration de médicaments contre des cancers de la peau, du sein
ou des ovaires. À raison de 250 œufs par an, on obtient, de
façon beaucoup moins onéreuse qu’en laboratoire, les pro-
téines nécessaires (La Presse de la Manche, Le Parisien,
Le Figaro).
Signalons un très bel article dans Le Monde Économie sur “La
génomique, ‘nouvelle économie’ de la santé”, qui nous
explique remarquablement bien, depuis la découverte de
l’hélice ADN en 1953 jusqu’au décryptage complet du génome
humain prévu pour 2003, l’explosion des différentes identifica-
tions des gènes porteurs de maladies et surtout les champs
d’application thérapeutique sous-tendus. Avec, bien sûr, les
problèmes éthiques et financiers soulevés, mais aussi la néces-
sité du partenariat des grands groupes industriels et pharmaceu-
tiques avec les start-up, véritables pépinières de découvertes
génomiques. Et j’ai enfin compris qu’il fallait différencier :
– la thérapie génique utilisant des “gènes médicaments” repré-
sentant des gènes sains remplaçant des gènes déficients mais
que la difficulté à les faire parvenir dans la cellule cible y fait
obstacle ;
– la génomique fonctionnelle qui analyse le fonctionnement du
gène en relation avec les autres, ses protéines et l’environne-
ment du malade permettant la création de protéines vecteurs
spécifiques à un groupe d’individus (exemple : AZT, EPO) ou
à un type de cancer ;
– la génomique préventive, que l’on connaît déjà puisqu’elle
est la plus utilisée, qui consiste à user de tests génétiques pour
déterminer les patients à risque et (tenter !) de leur proposer
des thérapies préventives ou de détecter les sensibilités spéci-
fiques aux différents traitements et d’adapter ainsi une théra-
peutique optimale.
En revanche, patience, patience, l’Institute for Prospective
Technological Studies (Commission européenne) prévoit, pour
le cancer, la description des fonctions des gènes dans cette
maladie pas avant… 2014, les applications thérapeutiques…
de 2009 à 2020 et les thérapies préventives entre… 2010 et
2013 ! Si vous voulez acheter la chaumière de vos rêves en
viager, c’est maintenant ou jamais !…
Et toujours quelques scoops :
•
•Dans Parents, il est rapporté que 7 % des femmes enceintes
subissent un traumatisme pendant leur grossesse et dans 40 %
des cas par accident de voiture : “Voilà pourquoi, disent-ils,
les femmes enceintes devraient toujours être placées à l’arrière
d’une voiture, ceinture attachée… mais mal renseignées ou
ignorantes, elles roulent aujourd’hui sans ceinture”. Ah !… Et
comment elles font pour atteindre les pédales ?
•
•Une comparaison succulente dans Divas : de la même
manière que l’on prône l’autopalpation des seins pour le dépis-
tage des cancers, l’autopalpation des… noisettes pour ceux des
testicules y est fortement conseillé. Désormais, samedi soir,
soirée “détection des cancers” !
•
•Dans Médecine douce : Exit les soutiens-gorges pigeonnants,
affriolants mauves ou imprimés panthère ; adieu string, tanga,
brésilien froufroutants…. cela favoriserait les mycoses et les
cancers du sein ! Chic, on va pouvoir ressortir nos bonnes
vieilles Petit Bateau !
•
•Culturel : dans Monaco Matin, Le Point, Le Bien Public : “Un
cancer de marbre”. À votre prochaine visite à la chapelle des
Médicis, à Florence, observez attentivement la sculpture de
Michel-Ange intitulée “La Nuit” et vous y verrez sculpté dans le
marbre, un… cancer inflammatoire typique cliniquement du
sein gauche de la statue ! Je ne vous surprendrai pas en vous
disant que c’est un cancérologue américain qui a fait le diagnos-
tic ! Ça doit être sympa de partir en vacances avec lui !... ■
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La Lettre du Sénologue - n° 12 - avril/mai/juin 2001