Sans omettre bien sûr, pour accompagner toutes ces apothéoses
gustatives (et parce que le mot France est inclus dedans), le VIN,
nectar de la treille. Alors là, ce sont Les Nouvelles de Falaise et
Condé et Les Nouvelles d’Elbœuf qui résument doctement la que-
relle ancestrale, avec la formule : “Alcool : Dr Jekyll et
Mr Hyde”. Car on retrouve les fervents défenseurs dans Libéra-
tion Champagne, Le Progrès, La Provence, L’Est Éclair, qui,
suivant le degré d’influence de Bacchus, vont de : “Certains
polyphénols du vin seraient efficaces contre le cancer” à “Et si le
vin tuait le cancer”, et les détracteurs (de l’AAR : anciens alcoo-
liques repentis) dans Le Courrier de l’Ouest, Le Pays de
Franche-Comté, Vie et Santé, allant de : “Cancer du sein :
l’alcool en cause” à “Cancer du sein : non à l’alcool, oui aux épi-
nards et aux carottes !” (Bourvil n’en parlait-il pas déjà ?). En
effet, le gros problème, comme le souligne Ciné-Télé Revue,
c’est qu’un verre de vin par jour suffit à augmenter de 30 % le
risque de cancer du sein… mais réduit de 30 % les risques car-
diovasculaires ! Mastectomie ou Alzheimer ?
Enfin, faites attention, si vous écrivez votre livre de recettes, à
ne pas l’intituler The Breast Cancer Prevention Diet, le Dr
Bob Arnot l’a tenté aux États-Unis et a provoqué une émeute
journalistique et médiatique de la part du corps scientifique, y
compris l’American Cancer Society, l’accusant d’escroquerie
dans un rapport. Réponse (obscure) de l’intéressé : “Ce rapport
est un vaudou consumériste” (rapporté dans Présent).
Puisque nous sommes dans l’alimentation, on ne peut pas ne
pas évoquer le nom du grand gourou des hormones
“naturelles” : le Dr Lee, référence incontournable des thérapeu-
tiques “new age”, prêchant, dans un désert pavé de billets verts,
le retour aux sources cosmogoniques sur fond de mélopée tan-
trique. En effet, dans Énergie Santé, on vous apprend que l’on
peut prévenir et traiter les cancers du sein par la progestérone
(!)… en vous donnant, à la fin (pour des explications plus pré-
cises ?), l’adresse pour vous abonner à La Lettre du Dr Lee ! Il
ne s’agit pas des progestérones synthétiques mais de Yam
(non, non, pas celui qui se joue aux dés), extrait de l’igname
sauvage du Mexique aux vertus progestéroniques stupéfiantes
mais, paraît-il, totalement immonde à avaler (dixit Médecine
Douce). Quant aux phyto-estrogènes, véritable Canada Dry du
traitement substitutif, à défaut d’une étude valable réalisée sur
leurs effets réels, comme il est souligné dans Bioénergie, ils
permettent au moins aux industriels parapharmaceutiques de
surfer sur les vagues de la Bourse.
Vu dans L’Alsace, Le Midi libre, Paris-Mantes-Poissy :
“Risque au sein”, où il est rapporté qu’une équipe de Boston a
identifié la cicatrice radiaire comme facteur de doublement du
risque de cancer du sein.
Dans Le Télégramme de Morlaix et L’Est Éclair, on apprend
qu’il existe “Un nouveau test de dépistage”. Des chercheurs de
Pittsburgh auraient noté que les femmes ayant des taux élevés de
testostérone et d’estradiol sanguins avaient trois fois plus de
risque de développer un cancer du sein. Ces résultats permet-
traient, selon le Dr Cauley, “d’orienter les femmes à risques vers
des traitements préventifs (?) à base de chimiothérapie (?)”.
Les quelque 300 millions de femmes qui ont pris la pilule dans
le monde peuvent se rassurer ; dans La Croix, Le Figaro, La
Presse de la Manche,L’Yonne républicaine, les gros titres
sont : “Les risques minimes de la pilule”, “Pilules : plus de
risque après 10 ans”. Il y est précisé qu’une étude anglaise a
démontré que le risque de cancer du sein et de maladies car-
diovasculaires sous pilule disparaît après un arrêt de 10 ans.
Étude financée par le Vatican ?
Retenez bien ce sigle, retrouvé dans Biofutur : STK15. Non, ce
n’est pas le dernier coupé Mercedes, mais une nouvelle pro-
téine à ranger dans les facteurs de dégénérescence cancéreuse
par fissuration irrégulière du centrosome, en cas de surexpres-
sion, soit séparation inégale du matériel chromosomique avec
tous les dégâts cellulaires qui peuvent s’ensuivre.
Dans Le Populaire du Centre et Le Courrier Picard, on note :
“Un chromosome contre le cancer”, où il est expliqué, fort
clairement, que les cellules tumorales peuvent se reproduire à
l’infini grâce à la télomérase (enzyme qu’elles sécrètent) mais
que si l’on introduit dans ces cellules le chromosome 3, 8, 12
ou 20, la sécrétion de télomérase est réduite de plus de 98 %,
d’où mort cellulaire (étude réalisée par le Pr Cuthbert,
d’Uxbridge en Grande-Bretagne).
Vu dans L’Evènement et La Marseillaise : après p53, Myc,
Erb-b2, Erb-b1, PDGF, EGF, STK15, nous sommes heureux
de vous annoncer l’arrivée d’un nouveau gène : Bcl 10 dans
l’équipe du Dr Dyer (Londres). Mis en cause, jusqu’à présent,
dans les lymphomes, il est en fait présent dans certains autres
cancers, dont le sein. À ce rythme-là, le compte rendu anato-
mopathologique d’un TONOMO ne va pas tarder à ressembler
à l’Encyclopediae Britannica, avec un budget équivalent à
celui de la NASA !
Petites nouvelles pour clore :
Dans Médecines Nouvelles et La Vie Naturelle, c’est le Dr
Lévy qui préconise, pour les petites tumeurs du sein, une asso-
ciation de “squalène, vitamine C, AEP calcique, orotate de
magnésium, sélénium, bêta-carotènes, etc.” et, “si nécessaire”,
chimio- et/ou radiothérapie à doses modérées, avec tamoxifène
(si, si !) mais “seulement pour quelques mois à un an pour évi-
ter les risques de tumeur génitale” ! S’il s’agit d’une grosse
tumeur avec CA 15-3 élevé, à peu près la même chose, à
laquelle se rajoute du cartilage de requin, 1 g/kg/j en 3 prises,
20 mn avant les repas, et, surtout, “user de la mammographie
avec modération”… Mais le joyau de cet article est cette
conclusion confondante de vérité et de bonne foi : “Tributaires
des industries pharmaceutiques et des fabricants d’appareils
sophistiqués tournés vers une stratégie anticancéreuse somp-
tuaire, trop de médecins se sont fait pendant des décennies les
apôtres d’une politique médicale inepte et criminelle, politique
dans laquelle les affaires du sang contaminé et des fortunes
détournées de l’ARC ne sont que les petites parties émergées de
l’iceberg de la désinformation médicale.” No comment…
Alors, les cancérologues… Heureux ?
Dernier scoop (JT de 20 h, TF1, le 4/3/99) : attention, ne lais-
sez pas traîner vos cheveux et vos poils pubiens n’importe où,
ils n’intéressent pas que les capilliculteurs ou la Crime, mais
aussi les chercheurs australiens, qui pourront prédire votre ave-
nir cancéreux mammaire ! Et si, au pays des kangourous, les
vieilles boules de cristal s’étaient transformées en difracteurs
de rayons X ? ■
RUMEURS...
36
La Lettre du Sénologue - n° 4 - avril 1999