VOCABULAIRE
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La Lettre du Sénologue - n° 2 - octobre 1998
Ces études sont descriptives car elles ne comprennent pas de
groupe de comparaison, mais elles permettent de formuler des
hypothèses et ouvrent la voie à des recherches étiologiques.
❐L’effet tératogène du thalidomide, utilisé comme médica-
ment anxiolytique et sédatif en début de grossesse, a été mis en
évidence au début des années 60, à partir de la publication
d’une série de cas de phocomélies (Lenz, 1962). L’allure “épi-
démique” de ces anomalies congénitales auparavant raris-
simes et le fait d’avoir retrouvé comme point commun chez les
mères de ces enfants la prise de thalidomide en début de gros-
sesse ont permis de déterminer le risque majeur lié à ce médi-
cament.
Études étiologiques
L’étude cas-témoin implique d’emblée la comparaison de
deux groupes de sujets : un des groupes est composé de per-
sonnes atteintes de la maladie dont on recherche les causes
potentielles, ce sont les cas ; l’autre groupe n’ayant pas la
maladie représente le groupe témoin. La présence ou l’absence
de la maladie constitue donc le point de départ ; on recherche
ensuite une ou plusieurs expositions antérieures susceptibles
d’être liées ou non à cette présence. On peut ainsi calculer un
rapport de cotes qui permet d’estimer l’importance de la rela-
tion entre la maladie qui s’est déclarée et une exposition anté-
rieure.
Malheureusement, ce type d’étude a pour inconvénient majeur
d’être rétrospectif, et d’exposer à toutes sortes de biais dont
certains paraissent parfaitement évidents et incontournables :
biais de mémorisation (les sujets malades se souviendront
peut-être plus facilement d’une exposition antérieure à un
médicament, surtout s’ils lui accordent une part de responsabi-
lité dans leur maladie actuelle), biais de sélection (ce biais est
observé lorsque les témoins sont choisis dans une population
hospitalisée ou bien lorsque les sujets sont recrutés par volon-
tariat, les cas pouvant présenter alors des expositions plus fré-
quentes)…
❐Le risque thromboembolique lié à l’utilisation de pilules
contraceptives a été récemment étudié dans plusieurs études
cas-témoins. Ces études ont conduit à limiter, dans certains
pays, la prescription d’estroprogestatifs de 3egénération, en
raison d’un risque plus élevé (risque de 1,5) d’accidents
thromboemboliques chez les femmes utilisant des pilules
contenant du gestodène ou du désogestrel par rapport à celles
utilisant des pilules contenant du lévonorgestrel (Spitzer,
1996). L’existence probable d’un biais d’indication dans ces
études rétrospectives (prescription des pilules de 3egénération
aux femmes les plus à risque, par exemple les obèses ou les
tabagiques...) a permis de rappeler la nécessité de respecter
les précautions d’emploi et les contre-indications relatives à
l’utilisation chez certaines femmes d’une contraception orale.
Dans les études de cohortes, on étudie un ou plusieurs fac-
teurs susceptibles de provoquer dans le temps l’apparition
d’une maladie dans plusieurs groupes de sujets (cohortes), en
général une cohorte exposée à un facteur et une cohorte non
exposée (utilisatrices/non utilisatrices d’hormonothérapie sub-
stitutive). Cette approche permet d’estimer l’incidence de la
maladie dans les deux groupes et d’évaluer le risque lié à
l’exposition (utilisation d’un traitement substitutif) et le risque
d’apparition d’une ou plusieurs maladies.
❒L’étude de cohorte du Health Insurance Program de New
York a ainsi été l’une des premières à démontrer le bénéfice en
termes de survie d’un dépistage mammographique de masse, en
comparant les résultats à long terme de deux cohortes de
femmes, l’une soumise à un dépistage systématique, l’autre non
(Shapiro, 1982).
Dans de nombreux cas, on se contente d’observer les phéno-
mènes tels qu’ils se produisent naturellement. Cependant, on
peut mener ce type d’étude de façon quasi expérimentale ; cela
correspond au domaine des essais cliniques comparatifs
d’efficacité. Dans cette situation, l’exposition (traitement
médicamenteux ou autre) est déterminée par un tirage au sort
(randomisation), au sein d’un groupe de patients atteints d’une
même pathologie bien déterminée : une partie recevra le traite-
ment, l’autre non.
❒Ce type d’étude a permis de démontrer l’efficacité d’un trai-
tement chimiothérapique adjuvant dans la survie des patientes
atteintes de cancer du sein (Bonnadonna, 1977).
On pourra également calculer un risque relatif (de guérison, de
décès, de survenue de complications) identique à celui décrit
plus haut. Toutefois, en raison de la méthodologie rigoureuse
utilisée, le niveau de confiance que l’on attribuera à ce risque
sera bien supérieur à celui que l’on pourrait attribuer à un
odds-ratio ou même à un risque calculé à partir de cohortes
d’observation.
MÉTA-ANALYSES
La méta-analyse est une méthode statistique visant à com-
biner les résultats de plusieurs études menées sur le même
thème : cette technique peut aussi bien s’appliquer à la synthèse
de plusieurs études épidémiologiques (cohortes ou cas-
témoins) ou d’essais cliniques. Le point de départ de cette
méthode correspond à une revue classique de la littérature,
mais qui s’attache plus spécifiquement à être exhaustive en tra-
quant même les résultats non publiés (souvent négatifs ou
défavorables !), et à déterminer strictement les critères pour
retenir ou non les études. On peut obtenir une estimation du
risque (risque relatif ou odds-ratio) prenant en compte le résul-
tat de toutes les études, mais dont la précision est plus impor-
tante, puisque l’on aura une population de sujets beaucoup
plus importante. Il convient néanmoins de rester prudent et cri-
tique vis-à-vis des méta-analyses, car la mise en commun de
résultats de plusieurs études médiocres, même si la synthèse
porte sur des milliers de sujets, ne pourra donner qu’un résultat
médiocre.
❐Très récemment, la méta-analyse de Peto a envisagé les
effets d’un traitement par tamoxifène en réunissant les don-