n s l g : s t t s : , . Sommaire Vol. XIV - N° 5 - mai 2010 ÉDITORIAL 149 La leucoencéphalopathie multifocale progressive : les faits et les questions Progressive multifocal leukoencephalopathy: realities and concerns P. Vermersch MISES AU POINT 152 Olfaction et pathologies neurodégénératives Olfaction and neurodegenerative diseases S. Lombion, L. Rumbach, J.L. Millot La sclérose latérale primitive et ses périphéries Primary lateral sclerosis and its peripheries N. Le Forestier FICHE TECHNIQUE I-III Conduite à tenir devant une dystonie de l’enfant ÉDITORIAL La leucoencéphalo­ pathie multifocale progressive : les faits et les questions Progressive multifocal leukoencephalopathy: realities and concerns P. Vermersch* D. Doummar REVUE DE PRESSE 167 Résumés de la littérature internationale I. Benatru, L. Calandreau, C. Dallière-Carra, S. Epelbaum, F. Esclassan, A. Fromont, A. Idbaïh, S. Valerio CAS CLINIQUE 178 Une diplopie louche chez l’enfant : manifestation “atypique” d’une malformation de Chiari de type I Diplopia and squint in a child’s case: atypical manifestation of the Chiari type I malformation V.M. Racaru, J.M. Pinard VIE PROFESSIONNELLE 181 Les réunions de concertation pluridisciplinaires en neurologie C. Lebrun EN PLUS... 185 ❖ Nouvelles de l’industrie pharmaceutique Abonnez-vous en ligne ! L es neurologues ont craint la survenue d’une leucoencéphalo­pathie multifocale progressive (LEMP) dans des contextes d’immunosuppression, notamment durant les traitements de pathologies hématologiques ou émaillant le cours évolutif du sida. L’avènement des traitements antirétroviraux et une plus grande maîtrise des chimiothérapies ont fait baisser l’incidence de la LEMP dans ces contextes. Mais, la prise en charge plus précoce et plus incisive des pathologies dysimmunitaires fait revenir la LEMP sur le devant de la scène, chez des patients atteints de sclérose en plaques (SEP) et traités par natalizumab. Quelques alertes avaient été notifiées avec des immunosuppresseurs (IS) ou des anticorps monoclonaux comme le rituximab, utilisés seuls ou en combinaison avec des dérivés cortisonés dans des maladies systémiques inflammatoires ou auto-immunes (1). Les neuro­logues prenant en charge des patients avec une forme très active de SEP avaient déjà été confrontés au risque www.edimark.fr Bulletin d’abonnement disponible page 187 * Pôle de neurologie, université Lille-Nord de France, CHU de Lille. La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - n° 5 - mai 2010 | 149 ÉDITORIAL iatrogène avec la mitoxantrone, responsable de cas de leucémies. Toutefois, ce traitement était et est encore principalement utilisé dans des formes particulièrement agressives qui conduisent le plus souvent, sans traitement de ce type, à des handicaps majeurs. Avec l’utilisation du natalizumab, le neurologue est, pour la première fois dans la SEP, vraiment confronté à l’évaluation au cas par cas du rapport bénéficerisque, car les possibilités de prescription sont relativement larges avec un bénéfice pour le patient indéniable, notamment en matière de qualité de vie. Deux difficultés majeures apparaissent dans l’évaluation de ce rapport bénéfice-risque : l’absence de consensus pour définir un bon candidat au natalizumab et l’impossibilité de préciser le risque réel de LEMP, surtout après 2 ans d’utilisation. La réflexion est à la fois médicale et éthique : une plus grande chance de contrôler une maladie potentiellement handicapante, mais le risque d’une complication potentiellement fatale. À la date du 10 mars 2010, 42 cas de LEMP étaient recensés sous natalizumab sur une population de plus de 65 000 patients exposés. Une minorité de patients bénéficiant du traitement depuis plus de 2 ans, il est difficile de préciser le risque au-delà de cette période et, même s’il est constaté une augmentation de ce risque avec le temps d’exposition, celui-ci ne semble pas pour l’instant dépasser le taux approximatif de 1 sur 1 000 patients, soit le chiffre estimé à l’issu des études ayant conduit à l’Autorisation de mise sur la marché. Presque à lui seul, ce risque a fait imposer un plan de gestion. Lors de chaque visite, le neurologue oriente son interrogatoire au moins autant vers la recherche de signes de LEMP que vers des signes d’évolution de la SEP. La sémiologie de la LEMP est souvent différente, mais la distinction n’est pas toujours aisée, notamment en cas de troubles cognitifs préexistants. Une évolution inhabituelle sera plus rapidement perçue si le suivi est toujours assuré par le même neurologue, et globalement par la même équipe paramédicale. Dès la suspicion diagnostique, il faut surseoir à la prochaine perfusion, comparer en urgence les données IRM et, au moindre doute, réaliser une ponction lombaire à la recherche du virus par PCR. Si le doute persiste, il est préférable de surseoir de nouveau à la perfusion pour refaire, le cas échéant, à la fois l’IRM et la recherche du virus. Malheureusement, à ce jour, aucun réel facteur de risque n’a été authentifié. Seul un peu plus de 1 patient sur 2 a été exposé antérieurement à un traitement IS. Des variants du virus ou les données sérologiques contre le virus ne sont que des pistes de recherche. Lorsque le diagnostic est posé, des échanges plasmatiques doivent être réalisés afin d’éliminer le natalizumab (2). Même si aucune thérapeutique n’a vraiment fait la preuve de son efficacité, la méfloquine, qui s’est montrée active contre le virus dans différents modèles, ou le cidofovir doivent être proposés. Un antidépresseur comme la mitarzapine, antagoniste de certains récepteurs sérotoninergiques et adrénergiques, peut y être associé, supposé efficace chez quelques patients souffrant du sida (3) ou dans des modèles cellulaires. Néanmoins, les évolutions favorables observées sont surtout le fait de la reconstitution immunitaire liée à l’arrêt et à l’élimination du produit. Ces cas ont eu au moins 2 conséquences favorables : un suivi très rigoureux des patients et le développement des recherches sur ce virus. ◾ Références bibliographiques 1. Carson KR, Evens AM, Richey EA et al. Progressive multifocal leukoencephalopathy after rituximab therapy in HIV-negative patients: a report of 57 cases from the Research on Adverse Drug Events and Reports project. Blood 2009;113:4834-40. 2. Wenning W, Haghikia A, Laubenberger J et al. Treatment of progressive multifocal leukoencephalopathy associated with natalizumab. N Engl J Med 2009;361:1075-80. 150 | La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - n° 5 - mai 2010 3. Cettomai D, McArthur JC. Mirtazapine use in human immunodeficiency virus-infected patients with progressive multifocal leukoencephalopathy. Arch Neurol 2009;66:255-8.