Act. Méd. Int. - Psychiatrie (19) n° 8, octobre 2002 213
Revue de presse
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diagnostic semi-structuré a été mis en
œuvre pour obtenir des informations
sur l’éventuel passé psychiatrique et
pour différencier le PMDD de l’exacer-
bation d’autres troubles. Pour cette
étude pilote, les auteurs ont sélectionné
et suivi sur deux ans 17 femmes, âgées
de 15 à 44 ans, parmi lesquelles
8présentant un PMDD et 9 ne souf-
frant pas de ce syndrome. Une autre
interview semi-structurée a été utilisée
ensuite pour diagnostiquer l’existence
possible de troubles psychiatriques lors
de la période de suivi. Les 8 femmes
souffrant de PMDD ont développé une
dépression grave au cours des deux ans
consécutifs, même celles qui n’avaient
jamais présenté de dépression grave
précédemment. L’occurence de déve-
lopper une dépression grave est 14 fois
plus importante pour les femmes souf-
frant de PMDD que pour les autres.
Malgré la valeur statistique importante
des résultats, l’échantillon suivi sur
deux ans est faible et devrait être étoffé.
Néanmoins, le PMDD semble bien
constituer un facteur de risque pour la
dépression grave.
Mots clés. Syndrome prémenstruel –
PMDD – Dépression – Facteur de risque.
Le traitement du PMDD
Vancouver (Canada), Seattle et Providence
(États-Unis)
e plus grand nombre de protocoles
ayant testé les effets d’un anti-
dépresseur sur le syndrome prémens-
truel et le PMDD ont été réalisés avec
la fluoxétine. Le traitement classique
repose sur l’hypothèse qu’une déplé-
tion de la sérotonine est responsable de
l’irritabilité, de la dysphorie et du
pauvre contrôle des impulsions
observés lors du PMDD. La fluoxétine
et les autres inhibiteurs de la recapture
de la sérotonine (IRS) réduisent de
façon claire les symptômes prémens-
truels émotionnels et physiques et
améliorent le fonctionnement psycho-
social prémenstruel. La fluoxétine a été
la première de cette famille à être
approuvée par la FDA en tant que trai-
tement des symptômes physiques et
émotionnels du PMDD. À la dose de
20 mg, elle paraît efficace en usage
quotidien continu, mais aussi adminis-
trée pendant la phase lutéale (de l’ovu-
lation aux règles). Elle est généralement
bien tolérée, mais des effets secon-
daires peuvent survenir, comme des
maux de tête ou des troubles sexuels.
Du fait de la demi-vie longue de la
fluoxétine et de la courte période de
temps où les symptômes du PMDD
sont ressentis, il serait important de
mettre en œuvre des essais cliniques
supplémentaires, pour évaluer les effets
de l’administration du médicament
pendant seulement une semaine ou
quelques jours (Carr R, Ensom M.
Fluoxetine in the treatment of premens-
trual dysphoric disorder. Ann Pharma-
cother 2002 ; 36 : 713-7) (Pearlstein T,
Yonkers K. Review of fluoxetine and its
clinical applications in premenstrual
dysphoric disorder. Expert Opin
Pharmacother 2002 ; 3 : 979-91). Parmi
les benzodiazépines, c’est l’alprazolam
qui a été le plus étudié, et la plupart des
essais se sont révélés positifs : aux doses
de 0,25 à 4 mg pendant les 6 jours
précédant les règles, on observe une
amélioration de l’irritabilité, de l’anxiété
et de l’humeur dépressive (Limosin et
Ades, voir “Aspects psychiatriques et
psychologiques du PMDD”). Certains
protocoles ont démontré une améliora-
tion des symptômes avec la venla-
faxine, mais pas avec les antidépresseurs
tricycliques. Les traitements avec des
contraceptifs ou une supplémentation
en progestérone ou en estrogènes sont
apparus inefficaces (Ackermann R,
Williams J. Rational treatment choices
for non-major depressions in primary
care : an evidence-based review. J Gen
Intern med 2002 ; 17 : 293-301).
Mots clés. Syndrome prémenstruel –
PMDD – Traitement – Fluoxétine –
Benzodiazépines.
Validité des critères
diagnostiques du PMDD
Chicago (États-Unis)
a validité des critères proposés par
le DSM-IV pour le PMDD a parfois
été contestée dans la littérature. Des
chercheurs de Chicago ont vérifié si les
symptômes relatifs à l’humeur de
femmes ayant consulté pour demander
un traitement pour ce syndrome étaient
bien présents parmi les critères
proposés. En interrogant 26 de ces
femmes, ils ont pu constater que 19 des
symptômes décrits dans le DSM étaient
parmi les 22 le plus fréquemment
évoqués par les femmes. Lorsque
d’autres troubles psychiatriques,
comme la dépression grave, étaient pris
en compte, l’humeur dépressive était
moins fréquente que l’irritabilité ou
l’irascibilité prémenstruelle. Le
contenu des critères du DSM-IV
semble donc convenable mais pourrait
inclure des données supplémentaires,
permettant de mieux cerner l’expé-
rience des patientes qui consultent
spécifiquement pour obtenir un traite-
ment (Hartlage S, Arduino K. Towards
the content validity of premenstrual
disphoric disorder : do anger and irri-
tability more than depressed mood
represent treatment-seekers’ expe-
riences ? Psychol Rep 2002 ; 90 : 189-
202).
Mots clé. PMDD – Syndrome prémens-
truel – Irritabilité – Critères diagnos-
tiques – DSM.
Pour en savoir plus
◗Martinez J, Kent J, Coplan J et al.
Respiratory variability in panic disorder.
Depress Anxiety 2001 ; 14 : 232-7.
Tout comme les personnes sujettes aux
attaques de panique, les femmes souf-
frant de PMDD présentent une plus
grande variabilité respiratoire que les
contrôles.
◗Epperson C, Haga K, Mason G et al.
Cortical gamma-aminobutyric acid levels
across the menstrual cycle in healthy
women and those with premenstrual
dysphoric disorder. A proton magnetic
resonance spectroscopy study. Arch Gen
Psychiatry 2002 ; 59 : 851-8.
Cette étude en spectroscopie magnétique
démontre que le système GABAergique
est modulé par la phase du cycle mens-
truel. Les taux de GABA corticaux dimi-
nuent au cours du cycle chez les femmes
bien portantes cependant qu’ils augmen-
tent entre la phase folliculaire et la fin de
la phase lutéale chez celles souffrant de
PMDD.
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