Interview
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Supplément à La Lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 1 - vol. IX - janvier-février 2006
Interview
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Les sujets originaires d'un pays de
forte endémie tuberculeuse.
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Les sujets ayant une IDR à la
tuberculine supérieure à 5 mm à
distance du BCG (> 10 ans).
Concernant l’interprétation du
résultat de l’IDR, faut-il distin-
guer différentes situations cli-
niques (antécédent ou non de
vaccination par le BCG, âge du
patient, etc.) ?
●
●Oui, bien sûr. L’IDR doit être
interprétée non pas isolément mais
en se fondant sur un ensemble
d’éléments : âge, anamnèse épidé-
miologique, examen du carnet de
vaccinations et des IDR antérieures.
À titre d’exemple, une IDR positive
à distance d’une vaccination par le
BCG a une sensibilité et surtout une
spécificité plus élevées pour détec-
ter une tuberculose latente qu’une
IDR positive réalisée peu de temps
après une vaccination par le BCG.
Dans les recommandations de
l’Afssaps sont considérés comme
étant à fort risque de réactivation
tuberculeuse les sujets ayant une
IDR à la tuberculine supérieure à
5 mm à distance du BCG (> 10
ans). Il faut rappeler que, en pra-
tique, une IDR positive chez un
sujet âgé a une sensibilité et une
spécificité plus élevées pour détec-
ter une tuberculose latente que
chez un patient jeune, car : le
patient est en général à distance
d’une vaccination par le BCG ; il
existe une immunodépression liée à
l’âge diminuant souvent le dia-
mètre de l’IDR.
Le traitement prophylactique à
instaurer en cas d’IDR positive
comportant un risque non négli-
geable d’hépatotoxicité, le rap-
port bénéfice/risque plaide-t-il
en faveur de ce traitement chez
les sujets ayant une IDR à la
tuberculine supérieure à 5 mm à
distance du BCG (> 10 ans) ?
●
●L’avantage qu’il y a à proposer un
traitement prophylactique à une
population plus large de patients en
diminuant le diamètre de l’IDR à la
tuberculine à partir duquel le patient
est considéré comme étant à haut
risque de réactivation est de dépister
et donc de traiter plus fréquemment
une tuberculose latente avant initia-
tion d’un traitement par anti-TNFα.
Le risque est d’instaurer à tort une
chimioprophylaxie antituberculeuse,
qui comporte effectivement des
risques, notamment un risque d’hé-
patotoxicité. Dans l’état actuel des
connaissances, les recommanda-
tions françaises ont tranché en
faveur de cette démarche, considé-
rant que les bénéfices sont plus
importants que les risques. Dans des
cas particuliers, et au cas par cas,
cette démarche peut être discutée.
D’une manière générale, il faut toute-
fois utiliser un traitement prophylac-
tique associé à un faible risque d’hé-
patotoxicité. À titre d’exemple, pour
diminuer le risque de toxicité des trai-
tements utilisés, l’Affsaps recom-
mande d’éviter le traitement prophy-
lactique par la rifampicine (Rifadine®)
+ pyrazinamide (Pirilène®) en raison de
sa toxicité hépatique potentielle, sur-
tout chez les patients porteurs d'une
hépatopathie, les patients alcooliques
ou les patients recevant un autre trai-
tement hépatotoxique. Les traite-
ments prophylactiques recommandés
sont l’isoniazide (Rimifon®) seul et l’as-
sociation rifampicine (Rifadine®) + iso-
niazide (Rimifon®).
L’incidence de l’anergie est éle-
vée chez les malades souffrant
de maladie de Crohn. N’est-ce
pas un argument contre la réali-
sation d’une IDR systématique
avant de commencer un traite-
ment anti-TNFα?
●
●L’anergie tuberculinique est
effectivement fréquente chez les
patients immunodéprimés et chez
les patients souffrant de la maladie
de Crohn, en particulier compte
tenu du fait qu’ils reçoivent sou-
vent un traitement immunosup-
presseur avant la mise en place de
l’anti-TNFα. Ce n’est pas un argu-
ment contre la réalisation d’une
IDR systématique avant de débuter
un traitement anti-TNFα, car,
encore une fois, l’IDR n’est pas le
seul élément du bilan préthérapeu-
tique. L’existence de l’anergie
tuberculinique chez les patients
souffrant de la maladie de Crohn,
comme chez l’ensemble des
patients immunodéprimés, est pro-
bablement un des éléments impor-
tants qui ont motivé le choix par
l’Afssaps d’un diamètre de l’IDR
supérieur à 5 mm et non à 10 mm
comme seuil à partir duquel il faut
instaurer un traitement prophylac-
tique. En effet, les recommanda-
tions américaines précisent que,
chez les patients immunodéprimés,
notamment en raison de l’utilisa-
tion d’un traitement immunodé-
presseur, une IDR doit être considé-