neurologie Aspects cliniques Dissections des artères carotides et vertébrales : de la sémiologie au traitement Benoît Guillon* Physiopathologie des dissections artérielles L – la présence de redondances ou tortuosités artérielles (boucle et plicature), dans 50 à 60 % des cas (contre 15 % de la population générale), siégeant sur les artères carotides internes ou vertébrales ; – la découverte d’un anévrisme intracrânien asymptomatique chez 5,5 % des patients (contre 1,1 % de la population générale) ; – la présence d’une dilatation du segment initial de l’aorte ou d’anomalies cardiaques (prolapsus de la valve mitrale, dystrophies valvulaires). Si l’existence d’une anomalie du tissu conjonctif est renforcée par la fréquente mise en évidence d’une désorganisation du collagène et de l’élastine sur des biopsies cutanées et de certaines particularités cli- es dissections des artères cervico-encéphaliques représentent la principale cause d’accident vasculaire cérébral (AVC) chez l’adulte jeune. Leur incidence annuelle, basée sur les registres d’AVC, est estimée à 3 pour 100 000 habitants. En fait, l’incidence des dissections cervicales est probablement sous-estimée, en raison de la fréquence des formes paucisymptomatiques ou diagnostiquées avant la survenue de complications ischémiques cérébrales. Il est donc utile, en pratique, de bien connaître les manifestations cliniques des dissections pour pouvoir évoquer rapidement le diagnostic, le confirmer par des examens simples et non invasifs (exploration ultrasonore cervicale, scanner cervico-cérébral, imagerie par résonance magnétique) et débuter un traitement antithrombotique limitant le risque de survenue (ou de récidive) d’un infarctus cérébral dont les conséquences, chez un sujet jeune, peuvent être dramatiques tant au plan médical que familial et professionnel. Les dissections cervicales, survenant chez des sujets jeunes non exposés aux classiques facteurs de risques vasculaires, ont une physio- pathologie qui demeure mal connue. Elles sont habituellement classées en traumatiques (c’est-àdire survenant après un traumatisme cervical ou encéphalique franc) (tableau I) et spontanées (1). Les dissections traumatiques sont rares en pratique médicale. Dans les dissections spontanées, on retrouve, dans environ 50 % des cas, la notion d’une activité énergique ou d’un traumatisme “mineur”, impliquant des mouvements de rotation ou flexion-extension du cou (tableau I). On parle souvent de traumatisme trivial, sous-entendant qu’il est trop banal pour entraîner à lui seul la dissection. Dans ces dissections dites spontanées, même en présence d’un traumatisme trivial, une anomalie sous-jacente du tissu conjonctif est suspectée. Cette hypothèse est étayée par la présence de facteurs de risque associés aux dissections, traduisant eux aussi une probable anomalie du tissu conjonctif (1). Ces facteurs sont : – l’existence d’une dysplasie fibromusculaire chez 15 à 20 % des patients, habi*Clinique neurologique, hôpital G. et R. Laënnec, Nantes. tuellement sur les axes cervicaux, parfois sur les artères rénales ; Tableau I. Traumatismes rapportés à l’origine d’une dissection. Traumatismes majeurs Accident de la voie publique Strangulation, coup direct sur la carotide, ponction carotidienne, manipulation cervicale Sports avec traumatisme ou mouvements violents du cou (chute de ski, arts martiaux, plongeon, rugby…) Activités diverses possiblement associées à un traumatisme mineur Gestes médicaux : intubation, bronchoscopie, accouchement, cathétérisme jugulaire… Éternuements, efforts de toux ou de vomissement Rasage, brossage des dents Activité sexuelle Port de charge lourde sur une épaule, repeindre un plafond, immobilisation prolongée d’un combiné téléphonique lors d’une communication entre mandibule et clavicule, effectuer un créneau en voiture, boire “cul-sec” à répétition… Sports sans traumatisme ni mouvement violent : volleyball, football, roller, ski, jogging, cyclisme, yoga, ski, tennis… 335 angiologie et Aspects cliniques niques (hyperlaxité ligamentaire par exemple), la nature de cette anomalie demeure pour l’instant inconnue. Enfin, deux autres facteurs sont significativement associés au risque de dissection : la migraine (présente dans 20 à 40 % des cas) et les infections récentes, notamment des voies aériennes supérieures (pour lesquelles la coresponsabilité de facteurs microtraumatiques, tels que toux, éternuements, et humoraux, est avancée). Sur le plan anatomopathologique, les dissections cervico-encéphaliques résultent du clivage des feuillets de la paroi artérielle par un hématome, comme dans les dissections aortiques. L’accumulation de sang entre la média et l’intima (dissection sous-intimale) va réduire le diamètre de l’artère (ou l’occlure) alors qu’entre la média et l’adventice (dissection sousadventicielle), elle va entraîner une dilatation anévrismale. Ainsi, l’aspect réalisé sera, selon les cas, celui d’une sténose, d’une occlusion ou d’un anévrisme. Les dissections siègent dans plus de 90 % des cas sur la portion extracrânienne des artères, l’artère carotide interne étant 3 à 4 fois plus fréquemment concernée que l’artère vertébrale. L’artère carotide primitive est exceptionnellement atteinte. Les dissections sont multiples dans 20 % des cas environ (pouvant même parfois impliquées simultanément les quatre axes cervicaux). Au niveau de la carotide interne, elles sont localisées 1 à 2 cm après le bulbe et remontent le plus souvent jusqu’à la pénétration de l’artère dans le canal carotidien. Sur l’artère vertébrale, le segment V3 est plus souvent atteint que V2, le segment V1 étant habituellement épargné. Sémiologie des dissections carotides et vertébrales Les symptômes d’une dissection sont de trois types : – des douleurs, à type de céphalées, algies faciales et cervicalgies ; – des signes locaux : signe de ClaudeBernard-Horner, paralysie d’un ou plusieurs nerfs crâniens, acouphènes pulsatiles ; – des signes d’ischémie cérébrale ou rétinienne, transitoire ou constituée. Comme nous le reverrons, les douleurs et les signes locaux doivent faire évoquer le diagnostic précocement, car ils précèdent souvent de plusieurs heures ou jours les complications ischémiques. Dissections de l’artère carotide interne extracrânienne (tableau II) Ce sont les plus fréquentes des dissections cervico-encéphaliques. Céphalées, cervicalgies, douleurs faciales Les douleurs sont présentes dans 80 à 90 % des cas et inaugurales dans 60 à 70 %, pré- Tableau II. Signes et symptômes associés aux dissections (artère carotide interne). Signes et symptômes cédant de quelques heures à quelques jours les signes locaux ou les complications ischémiques (tableau II) (2). Elles s’installent plutôt progressivement et sont généralement unilatérales, siégeant du côté de la dissection. Les céphalées (environ 70 % des cas) sont de siège frontal et/ou temporal et/ou mastoïdien ou plus rarement occipital. Les douleurs faciales (10 %) impliquent habituellement la région orbitaire et périorbitaire (mais sont parfois pseudo-dentaires). Les douleurs cervicales (20 %) sont localisées sur le trajet de l’artère carotide interne, dans la région antéro-latérale haute et peuvent s’associer à des céphalées. Les douleurs peuvent parfois prendre un aspect trompeur (crise de migraine avec ou sans aura, algie vasculaire de la face) ou être de début brutal évoquant alors une hémorragie méningée. Pour 90 % des patients, la douleur est inhabituelle, c’est-à-dire qu’elle n’avait jamais été ressentie auparavant. Cela est un critère important pour évoquer le diagnostic, notamment chez les migraineux (dont la douleur liée à la dissection est similaire à celle d’une crise habituelle de migraine dans moins d’un quart des cas). Signes locaux Parmi les signes locaux, le signe de Claude-Bernard-Horner est le plus classique et peut même être considéré comme pathognomonique d’une dissection carotidienne lorsqu’il survient dans un contexte douloureux (3). Il est présent dans 40 à 50 % des cas. Il associe du côté de la dissection un ptosis avec réduction de la fente palpébrale et un myosis (figure 1). Il Fréquence Douleurs (céphalées, algies faciales, cervicalgies) : – inaugurales – globalement 65 % 90 % Signes locaux • signe de Claude-Bernard-Horner • acouphènes pulsatiles unilatéraux • atteinte de nerfs crâniens 45 % 15 % 10 % Ischémie cérébrale focale ou rétinienne : – inaugurales – globalement Act. Méd. Int. - Angiologie (16) n° 9/10, novembre/décembre 2000 35 % 80 % 336 Figure 1. Signe de Claude-BernardHorner droit (chute de la paupière droite – ptosis – et réduction du diamètre de la pupille-myosis). neurologie Aspects cliniques résulte de la compression ou de l’étirement des fibres du sympathique péricarotidien. Ce signe peut persister longtemps après la dissection. Des acouphènes pulsatiles sont rapportés par 15 % des patients, et peuvent parfois être audibles par le clinicien. Ils sont latéralisés du côté de la dissection et traduisent la sténose carotidienne. Ils précèdent souvent l’ischémie cérébrale de plusieurs heures ou jours et disparaissent lorsque le vaisseau est occlus. La fréquence de l’atteinte des nerfs crâniens est estimée à 10 %. Bien que tous les nerfs crâniens puissent être concernés, les plus fréquemment impliqués sont les XII (paralysie d’une hémilangue avec déviation du côté paralysé à la protraction linguale), IX et X (à l’origine d’une dysarthrie, d’une dysphonie et de troubles de la déglutition) et XI (paralysie des muscles spinal et sterno-cléïdo-mastoïdien). Les signes locaux peuvent rester isolés (25 %) ou être suivis ou associés d’emblée à des signes ischémiques (75 % des cas). Ischémie cérébrale ou rétinienne Des signes d’ischémie cérébrale ou oculaire sont rapportés dans 75 à 80 % des cas, les accidents transitoires représentant 20 à 30 % des cas, les accidents constitués 40 à 60 %. Ils surviennent le plus souvent dans le territoire de l’artère sylvienne et peuvent parfois entraîner de lourdes séquelles. L’ischémie est parfois liée à la réduction du débit sanguin dans le territoire d’aval (mécanisme hémodynamique, avec des symptômes apparaissant ou se majorant en orthostatisme), secondaire à une sténose très serrée ou à une occlusion. La présence des symptômes et leur intensité dépendent alors des systèmes de suppléance artérielle. Cependant, le plus souvent, l’ischémie est secondaire à un thrombus formé au niveau de la paroi disséquée avec embolisation secondaire (mécanisme embolique), comme en témoigne la topographie des lésions ischémiques sur le scanner cérébral (4), les données anatomiques, angiographiques et ultrasonores (détection de signaux emboliques sur le doppler transcrânien) (5). Des épisodes de cécités monoculaires transitoires sont fréquents (environ 30 % des cas), mais un défi- cit visuel permanent par occlusion de l’artère ophtalmique ou de ses branches, ou par neuropathie optique ischémique est rare (3). En pratique, devant un sujet jeune indemne de facteurs de risque vasculaire, présentant un déficit moteur hémicorporel transitoire ou constitué, associé ou non à un trouble du langage, à un déficit du champ visuel (de type hémianopsique), à des troubles sensitifs, il est important de rechercher la notion d’un traumatisme ou d’une activité énergique récente, la présence de céphalées ou de douleurs cervicales et un signe de Claude-Bernard-Horner. Face à un tel tableau, le diagnostic de dissection de l’artère carotide interne est hautement probable. Il peut être rapidement confirmé par des examens non invasifs et un traitement mis en œuvre sans délai. Dissections de l’artère carotide interne intracrânienne Ces dissections sont beaucoup plus rares et à l’origine d’infarctus étendus (hémiplégie massive, troubles de la vigilance) souvent précédés de céphalées. Elles concernent habituellement la carotide supraclinoïdienne et peuvent s’étendre aux branches sylvienne ou cérébrale antérieure. Le diagnostic en est difficile du vivant du malade et le pronostic défavorable. Dissections de l’artère vertébrale extracrânienne La sémiologie de ces dissections associent des douleurs à type de céphalées occipitales ou de cervicalgies (80 % des cas) et des signes ischémiques dans le territoire vertébro-basilaire, transitoire ou constitué. Leur expression en est variable, en fonction de la topographie de l’infarctus : syndrome de Wallenberg, syndrome cérébelleux, paralysie oculomotrice, hémianopsie latérale homonyme ou cécité corticale… Comme dans les dissections carotides, les douleurs peuvent être isolées ou précéder les complications ischémiques. Elles peuvent constituer alors un piège diagnostique, faisant évoquer en premier lieu un torticolis ou une névralgie, et il a été décrit à plusieurs reprises une aggravation dramatique de la dissection après manipulation cervicale pour ces douleurs. Dissections de l’artère vertébrale intracrânienne et de l’artère basilaire Elles sont beaucoup plus rares et de pronostics plus sévères que les précédentes. Elles se révèlent dans la moitié des cas par une hémorragie méningée (par rupture du vaisseau dont la structure est plus fine). Dans les autres cas, elles entraînent un infarctus du tronc cérébral, du cervelet ou du lobe occipital, habituellement associé à des céphalées intenses. Dissections asymptomatiques Il n’est pas rare de découvrir dans l’exploration d’une dissection d’une artère carotide ou vertébrale symptomatique, ou sur un contrôle à distance, un hématome pariétal récent sur un autre, voire les trois autres axes cervicaux, sans traduction clinique. La fréquence des formes asymptomatiques serait de 5 à 15 %. Évolution temporelle des symptômes Il s’agit d’un point très important, résumé dans le tableau III. Les manifestations ischémiques sont inaugurales dans seulement 10 à 15 % des cas, la présentation initiale étant habituellement une douleur (50 à 70 % des cas), un accident ischémique transitoire (10 à 20 %), un signe de Claude-Bernard-Horner douloureux ou Tableau III. Évolution temporelle des symptômes de dissection. Traumatisme mineur Douleurs et/ou signes locaux quelques minutes à quelques jours 337 quelques minutes à 30 jours (en moyenne 5-8 jours) Signes ischémiques angiologie et Aspects cliniques non (10 à 20 %). C’est dire si ces signes doivent être considérés comme des signaux d’alarme par le médecin. En effet, trois-quarts des patients avec des signes locaux inauguraux ou des douleurs vont présenter dans les 5 à 10 jours (de quelques minutes à 30 jours) un accident ischémique constitué ou transitoire et plus de la moitié des accidents ischémiques transitoires révélateurs vont évoluer vers un déficit constitué (6). Finalement, 80 % des infarctus cérébraux ont été précédés pendant plusieurs jours par des signes d’alarme. D’où l’intérêt d’évoquer le diagnostic devant des signes locaux ou des douleurs de l’extrémité céphalique pour pouvoir confirmer le diagnostic par des investigations complémentaires (facilement accessibles et non invasives) et débuter un traitement offrant le maximum de chance aux patients d’éviter la survenue d’un infarctus cérébral. Examens complémentaires Le développement récent d’outils non invasifs d’investigations artérielles (principalement l’exploration ultrasonore et l’imagerie par résonance magnétique) sont probablement à l’origine de l’augmentation de la fréquence du diagnostic de cette affection. L’artériographie est désormais rarement nécessaire. Exploration ultrasonore C’est l’examen de première intention, anormal dans la quasi-totalité des cas, mais rarement spécifique. Le diagnostic de dissection est hautement probable, dans un contexte clinique évocateur, devant la constatation de signes de sténose ou d’occlusion avec leurs signes hémodynamiques d’amont et d’aval. Cependant, le diagnostic de certitude, qui repose sur la visualisation de l’hématome et l’élargissement du calibre externe de l’artère, est plus difficile au niveau de la carotide interne car l’hématome est souvent haut situé (sus-bulbaire). Le doppler transcrânien, lorsqu’il est réalisable, renseigne sur le retentissement hémodynamique intracérébral et peut avoir des conséquences sur la prise en charge du patient. Imagerie par résonance magnétique (IRM) Si sa disponibilité est beaucoup plus faible que celle de l’examen ultrasonore, l’IRM (avec angio-IRM) est l’examen de choix pour authentifier une dissection, en visualisant l’hématome de dissection sous la forme d’un hypersignal en croissant, excentré et circonscrivant la lumière artérielle résiduelle et en montrant une augmentation du calibre externe de l’artère (figure 2). L’angio-IRM renseigne aussi sur le flux résiduel au niveau extra- et intracrânien (figure 3). La rentabilité de l’IRM est plus faible au niveau vertébral qu’au niveau carotidien et le recours à l’artériographie conventionnelle parfois nécessaire. Scanner et angio-scanner Le scanner, outre son intérêt devant l’apparition d’un déficit neurologique brutal, peut objectiver l’hématome si des coupes cervicales basses sont demandées au radiologue (figure 4). L’angio-scanner est utile pour le diagnostic, mais il nécessite l’injection de fortes doses d’iode (figure 5). Artériographie conventionnelle Cet examen garde quelques indications lorsqu’un doute diagnostique persiste malgré les investigations précédentes, notamment dans le territoire vertébro-basilaire. Il est aussi plus fiable pour rechercher des signes de dysplasie sous-jacente. Évolution Figure 2. IRM, séquence en pondération T1. Hématome pariétal en hypersignal excentré de l’artère carotide interne gauche (flèches), circonscrivant la lumière résiduelle (en vide de flux = hyposignal). Figure 3. Angio-IRM. Hématome suspendu de l’artère carotide interne gauche (flèches) et flux résiduel d’amont et d’aval. AV = artère vertébrale. ACP = artère carotide primitive. ACE = artère carotide externe. Act. Méd. Int. - Angiologie (16) n° 9/10, novembre/décembre 2000 338 Le pronostic est directement lié à la sévérité de l’infarctus cérébral s’il survient. La mortalité est de l’ordre de 15 % à 10 ans, mais 70 % des patients auront une évolution favorable, sans séquelles significatives (7). De même, le risque de récidive neurologie Aspects cliniques proposées pour traiter un anévrisme ou une sténose résiduelle. Cependant, les indications semblent réservées aux formes demeurant symptomatiques malgré un traitement médical bien conduit (9). Dans les dissections intracrâniennes, l’usage des anticoagulants n’est pas recommandé en raison du risque d’hémorragie méningée et du caractère volontiers massif des infarctus. Le traitement est donc symptomatique. Figure 4. Scanner avec coupes cervicales. Augmentation du diamètre et aspect spontanément hyperdense de la carotide interne gauche comparativement au côté droit (flèches). est faible (1 % par an, probablement plus élevé s’il existe une anomalie objective du tissu conjonctif). L’évolution de l’hématome et son retentissement sur le calibre artériel peuvent être appréciés par l’échographie-doppler et les autres examens morphologiques. Le taux de recanalisation complète est de 60 % dans les cas avec occlusion initiale et atteint 90 % s’il n’existait initialement qu’une sténose (8). Elle est progressive au cours des deux premiers mois et l’état artériel semble ne plus évoluer au-delà de 6 mois. Dans 30 % des cas va se développer un anévrisme postdissection, dont le risque au long cours n’est pas la rupture mais la formation d’un thrombus dans le sac anévrismal avec embolisation secondaire. Cependant, ce risque est théorique et il n’a jamais été rapporté dans les dissections spontanées de l’artère carotide interne (9). Traitement Lorsque le diagnostic de dissections extracrâniennes est posé, le risque évolutif majeur à la phase aiguë, qui conditionne la prise en charge, est celui de la survenue d’un accident ischémique constitué (après un accident transitoire ou des signes locaux ou des douleurs) ou d’une récidive précoce. En pratique, il est Figure 5. Angio-scanner avec coupes cervicales. Après injection, réduction de la lumière de la carotide interne gauche, comparativement à la droite (flèches). L’hématome qui circonscrit et excentre la lumière apparaît isodense. recommandé de placer le patient sous anticoagulant à dose efficace (héparine intraveineuse ou héparine de bas poids moléculaire avec relais par antivitamine K) pendant 3 à 6 mois (10). Si le vaisseau retrouve un aspect normal ou reste occlus sur le contrôle d’imagerie (exploration par ultrasons, IRM avec angio-IRM), il n’est habituellement pas utile de prévoir un relais par antiagrégant. En revanche, s’il persiste une sténose, une irrégularité pariétale ou s’il apparaît un anévrisme, un tel relais est nécessaire. Si le traitement par anticoagulant en phase aiguë paraît logique, son bénéfice n’a cependant jamais été validé dans des études. Néanmoins, si les contre-indications sont respectées (notamment l’existence d’un infarctus massif et/ou de troubles de la vigilance), l’utilisation de l’héparine semble peu délétère. La prise en charge de l’AVC ne présente pas de spécificité, lorsque l’origine en est une dissection. Le doppler transcrânien est utile pour évaluer le débit en aval d’une sténose ou d’une occlusion, avec si besoin maintien en décubitus strict (pour éviter une majoration de l’ischémie d’origine hémodynamique). La chirurgie et plus récemment l’angioplastie avec pose d’un stent ont été 339 Références bibliographiques 1. Guillon B, Biousse V et al. Dissections des artères cervicales : données récentes, hypothèses physiopathologiques. Rev Med Int 1999 ; 20 : 412-20. 2. Biousse V, d’Anglejan-Chatillon J et al. Head pain in non-traumatic carotid artery dissection : a series of 65 patients. Cephalalgia 1994 ; 14 : 33-6. 3. Biousse V, Touboul JP et al. 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