LE CHOIX L`Egypte Ma décision de partir en Egypte n`a pas été

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LE CHOIX
L'Egypte
Ma décision de partir en Egypte n'a pas été dans mon cas prise par défaut. Étant issu du campus de
Paris, tous les continents et de nombreux pays m'ouvraient les bras et j'ai agi en connaissance de
cause dans l'idée d'atteindre trois objectifs bien définis. Le premier était l'apprentissage de l'arabe, le
deuxième l'étude de la philosophie islamique et le troisième le voyage et la découverte culturelle. Je
ne comprenais pas quelle pouvait être la motivation des nombreux sciences-pistes qui partaient
passer leur 3A aux Etats-Unis, au Canada, en Europe et ce qu'ils pouvaient bien poursuivre étant
donné la proximité culturelle que ces pays entretiennent avec la France. Mon projet était très
idéaliste et rétrospectivement complètement irréalisable puisque je cherchais l'immersion à tout prix
dans un environnement dont je ne connaissais ni la culture ni la langue. Cela m'a posé des
problèmes d'intégration au départ dans la mesure où je voulais courir avant de savoir marcher.
Ayant déjà commencé l'apprentissage de l'arabe et cultivé mon intérêt pour le Moyen-Orient et la
pensée islamique, le choix de partir dans la région n'a pas été difficile à prendre. Il ne me restait qu'à
décider du pays où je voulais m'établir. J'ai fait mon choix par élimination compte tenu des objectifs
que je m'étais fixé. Les pays disposant de partenariats avec Sciences po ne sont de toutes façons pas
légion. Le choix était de facto réduit à quatre alternatives l'Egypte, le Liban la Jordanie ou la
Palestine, la lecture des rapports de séjour aux Émirats-Arabes m'ayant dissuadé d'envisager d'y
partir. Désirant éviter le risque de me retrouver dans un pays envahi par les sciences pistes, les
français et autres internationaux, j'ai sans trop de d'hésitations éliminé Beirut. La vie en Jordanie
d'après des témoignages d'anciens et des rapports de séjour m'a paru par certains points comporté
des risques similaires en plus d'être je le craignais, à la longue un peu monotone. Il me fallait donc
me décider entre le Caire et Jérusalem ce qui a été plus difficile. Après avoir longtemps hésité je me
suis dit que les Territoires Palestiniens risquaient de me confiner dans une vision conflictuelle de la
région. Il me restait donc l’Égypte qui me semblait comparativement être la destination qui me
permettrait d'atteindre mes objectifs le plus facilement. Le Caire est une ville gigantesque où les
internationaux ne sont pas foule, elle possède une Histoire riche : pharaonique, grecque, chrétienne,
et islamique et offre aussi des possibilités de voyages privilégiées entre Moyen-Orient, Maghreb et
Afrique. Je suis donc rétrospectivement ravi de mon choix.
L'Université Américaine
Etant élève en double cursus avec Paris IV Paris Sorbonne en filière philosophie, j'avais comme
impératif et aussi comme désir d'étudier la philosophie islamique. Cela limitait ici encore le nombre
d'universités disponibles. Je ne pouvais en fait qu'aller dans le département français de l'université
du Caire ou à l'Université Américaine. Décidant d'éviter la communauté française pour me
concentrer sur les langues étrangères, j'optais pour l'université américaine.
L'UNIVERSITE AMERICAINE
1)
Le projet et son évolution
En arrivant à l'université américaine mon projet académique était comme je l'ai déjà expliqué de
joindre étude la langue arabe et lecture de la philosophie islamique. J'ai été très déçu en arrivant de
me voir refuser l'inscription dans des cours philosophie de niveau master et donc de devoir me
cantonner à un niveau médiocre dans des domaines qui ne m'intéressaient pas. Les cours de
philosophie islamiques m'étaient notamment fermés et j'ai du me rabattre sur de la philosophie
politique dans un cours soporifique. Je me suis donc concentré dès le début de l'année sur le cursus
d'arabe qui étaient bien meilleur à tous les niveaux. J'ai même rapidement abandonné le cours de
philosophie que j'avais choisi en accord avec mon responsable de filière à la Sorbonne.
J'ai donc fini par m'impliquer complètement dans le Programme ALIN d'étude intensive de l'arabe.
C'était à mon avis un choix nécessaire pour qui veux un tant soit peu progresser, tant la langue est
exigeante et difficile. Cela dit et heureusement le dialecte n'est pas trop éloigné du classique ce qui
permet de s'y retrouver plus facilement après avoir assimilé les différences grammaticales de base.
Une année d'arabe intensive n'est vraiment pas de trop pour acquérir un semblant de maîtrise de la
langue.
2)
Les cours
Le Programme intensif d'arabe de l'Université Américaine est excellent et renommé ce que
j'ignorais à mon arrivée. Je me suis vite aperçu que des étudiants venaient de loin pour acquérir un
diplôme d'arabe dans cet établissement. De ce fait les cours sont stimulants et les professeurs
impliqués et à l'écoute. Les conditions de travail sont elles aussi soignées puisque nous sommes
répartis en petits groupes de maximum cinq étudiants avec un voire deux professeurs par classe. Il
est possible de demander des tuteurs particuliers, des cours de soutien, des livres, des
aménagements horaires... Du fait de la chute drastique des effectifs due aux troubles politiques
récents l'administration est très à l'écoute des étudiants internationaux.
La méthode générale d'enseignement à tendance à suivre les traces de l'apprentissage de l'anglais en
France. On se concentre peu sur la grammaire et beaucoup sur l'assimilation par la répétition en
s'imaginant qu'au bout d'un moment cela coulera de source. Ce n'est à mon sens pas optimal pour
l'arabe dont il faut vraiment comprendre la logique pour l'assimiler en profondeur. Cela dit la même
méthode est appliquée à l'Institut français
Political Philosophy 5 crédits ECTS
Cours très élémentaire, fondamental et soporifique car basé sur la contribution des élèves qui
n'avaient jamais étudié la philosophie auparavant. Chacun y allait de son intervention ce qui avait le
mérite de rendre la classe vivante mais le niveau n'en était certainement pas élevé. J'ai abandonné le
cours en accord avec Sciences po à la mi-semestre. Je pense honnêtement que les cours
undergraduate du département de philosophie sont à éviter de manière générale où alors il faut
veiller à prendre des renseignements sur le professeur et le contenu du cours en amont.
Classical Arabic usteza Nabila
Cours élémentaire durant lequel nous avons simplement suivi à la lettre la méthode d'arabe
américaine alKitaab. Bon cours mais pas incroyable.
Listening and Speaking Lisa White
Enseignante Américaine passionnante véritable spécialiste. Son approche, par rapport à celle des
autres professeurs natifs a cela d'intéressant qu'elle aussi a appris l'arabe. Elle connaît donc les
difficultés d'apprentissage des internationaux. Ses analyses sémantiques des mots sont très
intéressantes. Malheureusement elle n'est pas très méthodique dans son approche. C'est tout de
même un professeur que je recommande chaudement.
Dialectal Arabic Usteza Rasha
La méthode d'apprentissage du dialectal en Egypte et de manière assez générale au Moyen-Orient
est très étrange. Le dialecte égyptien est une langue qui a sa grammaire propre son vocabulaire
spécifique et ses registres. On pourrait tout à fait l'étudier comme une langue en soi. Mais du fait de
la puissance symbolique du classique et de son influence fondamentale sur la société et la langue,
on apprend le dialectal comme le rejeton bâtard du classique. Les professeurs ont tendance à faire
l'impasse sur l'écrit et sur les structures grammaticales. C'est une approche qui peut se justifier
parce que la grammaire de l'Egyptien n'est pas entièrement fixée à l'écrit il faut le reconnaître mais
le fait est que pour les étudiants il est assez perturbant surtout au début d'apprendre une langue
nouvelle sans support écrit. Cela a eu tendance à dé-systématiser et déstructuré le cours.
Ce professeur n'a honnêtement pas facilité les choses. C'était son premier semestre d'enseignement
et elle avait clairement du mal malgré son implication à répondre aux exigences des élèves.
Media Arabic usteza Azza
Cours très utile surtout pour un certain profil d'étudiant qui s'intéresse avant tout à la politique du
Moyen Orient. Cependant il est assez déroutant de commencer à acquérir du vocabulaire très
spécifique et à lire des articles d'un niveau de langue supérieur à ce qui est d'abord à notre portée.
Mais Azza est un excellent professeur qui rend le groupe vivant et utilise sa classe d'une manière
vraiment optimale sans jamais perdre de temps. La meilleure classe que j'ai la chance de suivre à
AUC.
Deuxième semestre
Même intitulés de cours mais professeurs différents. J'ai aussi sauté un niveau en prenants des cours
particuliers pendant les vacances. Cela m'a permis d'appuyer sur l'accélérateur au second semestre.
Media Arabic Azza
Toujours excellent la méthode est identique seul le niveau des élèves change
Dialectal Arabic 3abd al Fatah
Meilleur que le cours précédent mais un professeur pas forcément très impliqué bien qu'ouvert à la
discussion. Un cours qui se divise entre présentations pas très fouillées et discussions. Mais le cœur
de l'exercice est de toute façon la pratique de la langue elle même et donc l'oral.
Classical Arabic Mahmoud Naser
Arrivé au moment de la progression où la grammaire est plus ou moins maîtrisée ainsi que le
vocabulaire de base, l'amélioration du niveau est beaucoup plus difficilement remarquable ce qui est
très frustrant. Notre petit groupe a passé le semestre à lire à voix haute à tour de rôle des articles et
autres textes divers puis à les résumer par écrit. Cela avait un caractère très redondant et dont je
peinais personnellement à voir l'utilité à court terme. Il y avait indéniablement de la perte de temps
dans la mesure où les devoirs étaient quotidiennement corrigés l'un après l'autre sur le temps de
classe par exemple mais le sentiment de frustration qui accompagne le ralentissement naturel de la
progression ressentie est je pense assez inévitable.
Listening and Speaking Lisa White
Même chose, encore plus intéressant maintenant que notre niveau est supérieur. On a vraiment
l'impression d'entrer dans la logique de la langue.
Somme toute un excellent cursus avec des professeurs et une administration impliquée. J'ai par
exemple pu demander un cours particulier de grammaire qui n'est pas le point fort de l'enseignement
de l'arabe en Egypte d'après les échos que j'en ai eu même à l'Institut Français.
3)
La vie étudiante et ses défauts
–
La localisation du campus
Il convient ici de commencer le rapport en soulignant le principal défaut de l'université qui tient de
fait en sa localisation. Les cours jusqu'à présent accessibles aux étudiants de Sciences po se situent
dans un énorme et luxueux campus à la frontière du Caire dans un quartier tout juste sorti de terre
en plein milieu du désert à environ une heure du centre ville. Cela revient donc à faire dans la
journée deux heures de transport. Cela n'est pas infaisable ni anormal pour n'importe quel habitant
du Caire mais cela fatigue et limite le temps disponible. C'est d'autant plus vrai qu'il ne faut pas
penser prendre le bus entre 5 et 8 heures sans risquer de doubler le temps de transport.
–
Le problème qu'il implique
Il devient donc qu'on le veuille ou non très difficile d'équilibrer la vie sur et en dehors du campus.
C'est un énorme désavantage qu'il ne faut pas sous-estimé. En effet du fait des frais de scolarité
exorbitants, l'Université Américaine recrute dans le milieu social très spécifique des classes ultrasupérieures. Elle n'en reste pas moins intéressante à découvrir notamment parce que l'échange avec
les étudiants est facilité par l'amoindrissement de la barrière de la langue. On se rend vite compte
aussi que la surface policée et occidentalisée des étudiants du campus se flétrit rapidement quand on
s'y penche un peu. Je reviendrai plus en détails sur ce point et je voudrais simplement dire ici que
ce milieu aussi intéressant, tentant et facile d'accès qu'il soit, ne représente au mieux que l'une des
multiples facettes de la société Égyptienne et qu'il serait dommage de s'y arrêter.
–
Quelques pistes de solutions et autres opportunités
L'université américaine a à mon avis fait une erreur stratégique en localisant son département
d'arabe intensif au Nouveau Caire alors qu'il dispose d'un autre campus en plein centre ville. Il est
évident que l'écrasante majorité des étudiants internationaux habitent en dehors de l'université et
n'ont pas pour ambition première de passer leur vie dans l'enceinte de celle-ci. La distance
géographique du campus au centre ville décourage légitimement de nombreux étudiants de s'y
inscrire. A noter cependant que si l'ensemble d'un groupe de niveau désire transvaser ses cours sur le
campus de Tahrir, il est possible d'en faire la demande au près de l'administration. Me contacter
pour plus de détails.
Si l'on choisit de suivre le cursus intensif d'arabe de l'université américaine il faut être conscient de
cette difficulté majeure. Mais l'université offre aussi de nombreuses opportunités. Il est possible de
ne pas suivre que des cours d'arabe voire pas du tout et donc de regrouper ses cours sur un, deux ou
trois jours et donc de se dégager une longue période disponible chaque semaine. D'autre part,
l'université met immanquablement en rapport avec des Égyptiens et coupe du microcosme français
ce qui permet en passant d'améliorer énormément son anglais. C'est pour cette raison que je ne
regrette pas mon choix. Il est par trop tentant de passer son année entre les soirées expat' des
différentes ambassades, celles de l'Institut et des étudiants français.
J'avais pour ma part ancrée dans la tête dès le début de l'année une hiérarchie de priorités sociales
que j'ai respecté de mon mieux dans l'objectif d'améliorer mes compétences linguistiques et de voir
du neuf : d'abord l'Egypte, ensuite les internationaux après éventuellement les Français. Mon but
premier étant encore une fois l'immersion.
DIMENSION COMPARATIVE
L'Orient est une région du monde qui entretient des relations complexes et nourries de fantasmes
avec l'Europe. Je vais essayer d'en proposer une analyse non pas globale je n'en ai pas l'ambition,
mais autour de quelques points clés.
Les Femmes dans l'espace public
Tout d'abord il est fondamental de noter que l'espace public égyptien est soumis à la domination
masculine et ce à tous les niveaux : ils y sont plus nombreux et y sont plus puissants. L'exemple le
plus flagrant de cette domination de l'espace public est bien sûr le harcèlement sexuel mais elle se
traduit aussi de manière plus discrète par la reconnaissance constante de la primauté du rôle social
de l'homme sur celui de la femme dans les rapports sociaux les plus communs.
Le harcèlement est donc pour commencer d'une réalité criante dans l'espace public. Je déclinerai ici
mon observation en trois lieux publics important de la vie au Caire : la rue, les transports publics et
le café baladi. Une femme qui se ballade seule dans les rues est très susceptible d'être confrontée à
du harcèlement allant du sifflement à des extrémités autrement plus violentes, j'ai par exemples des
témoignages de mes amies qui rapportent être très fréquemment suivie pendant parfois plusieurs
dizaines de minutes par des inconnus. Dans les transports publics comme le métro le harcèlement
sexuel est tel que des compartiments entiers sont réservés aux femmes. Celles-ci entrent
très rarement dans un wagon masculin non-accompagnées. Les femmes ne s'aventurent pas non
plus dans les cafés baladia sans violer une norme sociale bien établie et être regardées d'un drôle
d'air voir, beaucoup plus rarement, chassées.
Indépendamment de ce harcèlement marquant, la vie en Égypte est de toutes façons ultragenrée et
l'expérience que peut y avoir un homme est complètement différente de celle d'une femme de ce fait.
La domination masculine est généralisée et se remarque dans plusieurs situations de tous les jours
dont je vais donner quelques exemples.
Interaction sociale avec un inconnu. Dans un groupe mixte de personnes donné et lors d'une
première rencontre un inconnu s'adressera directement à l'homme sans s'intéresser aux femmes. Si
le groupe est entièrement féminin un homme est beaucoup moins susceptible d'y demander un
service. J'étais un jour par exemple dans un restaurant avec une amie qui bloquait sans faire
attention le passage, un homme m'a alors tapé sur l'épaule et demandé de faire bouger mon amie
alors qu'elle était juste en face de lui. C'est une situation des plus communes.
Le taxi : Un homme seul entre dans un taxi, il s'assoit à côté du chauffeur. Un femme seule entre
dans un taxi, elle doit s’asseoir sur la banquette arrière à moins d'être considérée comme une
allumeuse. Un couple ou un groupe d'amis mixte entre, un homme peut éventuellement s'asseoir
devant mais en aucun cas la femme. Cette dernière n'y prend place qu'en dernière extrémité si aucun
autre siège n'est disponible.
Dans le métro : Une jeune femme n'entre de manière générale pas dans un compartiment masculin à
moins d'être accompagnée. On voit alors un rituel très étrange se produire où l'homme met
littéralement sa compagne dans un coin du wagon en plaçant ses bras sur les parois qui l'entourent
pour bien signifier qu'il est avec elle. Si une place assise se libère et que la femme y prend place,
son voisin masculin se lève très souvent pour laisser le champ à son compagnon.
Cet aspect ultragenré de la société égyptienne est à mon avis ce qu'il y a de plus dépaysant en
Egypte pour les hommes et a fortiori pour les femmes. Partir de France et de Sciences po où les
mises en garde contre le sexisme et le harcèlement sont constantes pour arriver dans un pays ou ce
sont des faits sociaux quasiment normaux et acceptés est perturbant. Même la manière de se
comporter avec une fille est transformée étant donné que la majorité d'entre elles reste très
conservatrice et leur vie très encadrée par la famille.
Le Rapport à l'étranger blanc.
Les journaux égyptiens ont même une expression pour désigner ce rapport ambigu, celle de
complexe du « khawaga ». On varie souvent entre léger sentiment d'infériorité, intérêt très
exubérant et de temps en temps, chez un certain type de personnes, propension à considérer
l'étranger comme un portefeuille ambulant. Il est donc assez difficile de se positionner socialement
dans ce contexte. Il n'est pas rare de se voir poser des questions très indiscrètes par les chauffeurs de
taxis ou autres après cinq minutes de discussion lors de la première rencontre. On est plus
susceptible de trouver en France la situation inverse où l'étranger qui ne parle pas le Français ne
jouit pas d'un prestige particulier ni ne suscite un intérêt démesuré.
Cela dit la population est en général très conviviale et vivante et il n'est pas rare de se voir inviter à
prendre un thé, fumer une shisha ou à discuter dès que lors qu'on baragouine trois mots d'arabe.
Notre nouveau camarade proteste alors souvent à grands cris quand on propose de payer et
s'empresse de régler. Il ne faut donc pas voir que l'envers de la pièce et reconnaître que les
opportunités de rencontre une fois passés les premiers moments de nécessaire prudence, sont
nombreuses.
Le régime politique
En partant de France, on a souvent une image quelque peu catastrophique de l'Egypte et de la
situation politique de la région. On relativise très vite le danger et la gravité du trouble dès les
premières semaines de la vie au Caire. Les Égyptiens se rendent par exemple fréquemment au Sinaï
notamment sur sa côte et dans d'autres zones à éviter absolument selon le ministère des Affaires
Étrangères. Si une catastrophe environ tous les mois remet les idées en place, la vie quotidienne
impose sa loi et la plupart du temps, rien ne vient rappeler la menace terroriste et le régime
autoritaire dans la vie quotidienne.
Je dis la plupart du temps car quelques événements de ma vie au Caire m'ont quand même fait
ressentir une présence oppressante, de l'armée notamment. Ainsi mon colocataire égyptien a-t-il été
enlevé par la police après une visite aléatoire de l'appartement avant l'anniversaire de la Révolution
du 25 janvier (nous habitons près de la place Tahrir) sous le seul prétexte qu'il avait des vieilles
photos des manifestations sur son téléphone. Il a rapidement été relâché. D'autres étudiants
activistes que je ne connaissais pas personnellement mais qui gravitaient autour de mon cercle ont
été enlevés et emprisonnés pour des durées plus ou moins longues. De la même manière les
contrôles de sécurité sont constants dès que l'on sort du Caire.
LES APPORTS
Malgré toutes les difficultés que j'ai évoqué je ne veux en aucun dressé un tableau négatif de mon
année ou dissuader les étudiants de s'y aventurer. Je garde au contraire un excellent souvenir de mon
année au Caire qui s'est déroulée sans problèmes majeurs. J'ai adoré apprendre la langue et me
mêler à la culture dans la mesure du possible à tel point que je pense à étendre d'un an mon séjour.
Si ma description est par moment un peu noire, même si je l'espère nuancée, c'est que j'y décris des
événements marquants et donc extraordinaires. La vie au Caire est en général facile pour les
occidentaux et agréable pour tous. Je me suis vraiment passionné pour le pays et sa culture et si je
ne sais pas encore comment, je suis sur que cette aventure aura une influence sur mes activités
futures.
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