regrette pas mon choix. Il est par trop tentant de passer son année entre les soirées expat' des
différentes ambassades, celles de l'Institut et des étudiants français.
J'avais pour ma part ancrée dans la tête dès le début de l'année une hiérarchie de priorités sociales
que j'ai respecté de mon mieux dans l'objectif d'améliorer mes compétences linguistiques et de voir
du neuf : d'abord l'Egypte, ensuite les internationaux après éventuellement les Français. Mon but
premier étant encore une fois l'immersion.
DIMENSION COMPARATIVE
L'Orient est une région du monde qui entretient des relations complexes et nourries de fantasmes
avec l'Europe. Je vais essayer d'en proposer une analyse non pas globale je n'en ai pas l'ambition,
mais autour de quelques points clés.
Les Femmes dans l'espace public
Tout d'abord il est fondamental de noter que l'espace public égyptien est soumis à la domination
masculine et ce à tous les niveaux : ils y sont plus nombreux et y sont plus puissants. L'exemple le
plus flagrant de cette domination de l'espace public est bien sûr le harcèlement sexuel mais elle se
traduit aussi de manière plus discrète par la reconnaissance constante de la primauté du rôle social
de l'homme sur celui de la femme dans les rapports sociaux les plus communs.
Le harcèlement est donc pour commencer d'une réalité criante dans l'espace public. Je déclinerai ici
mon observation en trois lieux publics important de la vie au Caire : la rue, les transports publics et
le café baladi. Une femme qui se ballade seule dans les rues est très susceptible d'être confrontée à
du harcèlement allant du sifflement à des extrémités autrement plus violentes, j'ai par exemples des
témoignages de mes amies qui rapportent être très fréquemment suivie pendant parfois plusieurs
dizaines de minutes par des inconnus. Dans les transports publics comme le métro le harcèlement
sexuel est tel que des compartiments entiers sont réservés aux femmes. Celles-ci entrent
très rarement dans un wagon masculin non-accompagnées. Les femmes ne s'aventurent pas non
plus dans les cafés baladia sans violer une norme sociale bien établie et être regardées d'un drôle
d'air voir, beaucoup plus rarement, chassées.
Indépendamment de ce harcèlement marquant, la vie en Égypte est de toutes façons ultragenrée et
l'expérience que peut y avoir un homme est complètement différente de celle d'une femme de ce fait.
La domination masculine est généralisée et se remarque dans plusieurs situations de tous les jours
dont je vais donner quelques exemples.
Interaction sociale avec un inconnu. Dans un groupe mixte de personnes donné et lors d'une
première rencontre un inconnu s'adressera directement à l'homme sans s'intéresser aux femmes. Si
le groupe est entièrement féminin un homme est beaucoup moins susceptible d'y demander un
service. J'étais un jour par exemple dans un restaurant avec une amie qui bloquait sans faire
attention le passage, un homme m'a alors tapé sur l'épaule et demandé de faire bouger mon amie
alors qu'elle était juste en face de lui. C'est une situation des plus communes.
Le taxi : Un homme seul entre dans un taxi, il s'assoit à côté du chauffeur. Un femme seule entre
dans un taxi, elle doit s’asseoir sur la banquette arrière à moins d'être considérée comme une
allumeuse. Un couple ou un groupe d'amis mixte entre, un homme peut éventuellement s'asseoir
devant mais en aucun cas la femme. Cette dernière n'y prend place qu'en dernière extrémité si aucun
autre siège n'est disponible.