16-Reperes-02-2010:Mise en page 1 23/01/10 9:39 Page 198 Repères Il apparaît finalement que la réflexion de Welzer, qui apporte un éclairage précieux à la compréhension de la mondialisation, ne se suffit pas à elle-même. Elle ne vaudra pleinement que lorsqu’elle sera croisée à d’autres approches sur les dérèglements de l’écosystème, la sociologie de la mondialisation, les bénéfices de celle-ci sur les niveaux de vie, l’évolution des dispositifs de production, les pratiques environnementales des cultures non occidentales, la mutation des systèmes de sécurité, etc. Elle montre l’intérêt vital d’une approche transversale, centrée sur les comportements, et la nécessité d’un renforcement des sciences humaines dans les dispositifs d’analyse et de prévention des risques globaux. Enfin l’idée de « bonne société », pragmatique et non utopique, réintroduit opportunément, dans la réflexion sur le global et avec un certain sens de l’urgence, pratiques collectives et expérimentations sociales. contexte mondial. Le point de départ en est une étude du British Council qui établit des projections pour 2050 sur le statut respectif des langues mondiales ; à cette date, cinq langues seraient dominantes : le chinois, le hindi, l’anglais, l’espagnol et l’arabe. La promotion de l’arabe à cette place pose toutefois des questions auxquelles l’auteur cherche une réponse. À quelles conditions une langue devient-elle dominante ? Prenant l’exemple de l’anglais dans la phase actuelle, l’auteur remarque que, audelà du bénéfice de positions économiques et politiques dominantes, cette langue s’est engagée dans un processus de désethnisation qui la rend moins marquée et qui fait qu’elle n’est perçue comme la propriété ni d’un groupe ethnique, ni d’une religion, ni d’une idéologie quelconque : ce faisant, elle se distingue de la politique de la francophonie, où la langue française reste très identifiée à la France. Ce caractère ouvert de la langue anglaise lui confère une flexibilité et une adaptabilité à des contextes culturels divers, ce qui fait d’elle une langue apprise actuellement par près de deux milliards de personnes. Par comparaison, quelles sont les chances de rayonnement de la langue arabe ? L’auteur passe d’abord en revue des données quantitatives dans les domaines politique, économique, numérique et religieux susceptibles de lui conférer un certain poids. Les vingtcinq États arabes qui ont adopté cette langue comme langue officielle lui ont conféré ce statut en fonction d’une idéologie religieuse, de son rapport à l’islam. La puissance économique de l’arabe place cette langue au 8e rang mondial. L’économie reposant principalement sur la vente de pétrole ne suscite pas auprès des acheteurs un besoin d’apprendre cette langue. De plus, cette richesse mal répartie fait du Bruno Aubert Mohamed Benrabah DEVENIR LANGUE DOMINANTE MONDIALE. Un défi pour l’arabe Genève/Paris, Librairie Droz, 2009, 304 p., 32 € Dans des publications antérieures, Mohamed Benrabah1 s’est intéressé à la question de la langue arabe en Algérie, notamment à la distance entre la langue arabe dite classique et la langue parlée par la population, comme c’est le cas dans tous les pays arabes. Dans cet ouvrage, il engage une réflexion sur l’avenir de la langue arabe dans le 1. M. Benrabah, Langue et pouvoir en Algérie. Histoire d’un traumatisme linguistique, Paris, Séguier, 1999. 198