THÉORÈME 4. — Tout sous-groupe G de (Z,+) est de la forme G

10 I. INTRODUCTION À LA THÉORIE DES GROUPES
(ii) Pour tout xH,x1H
Cela signifie que la restriction de àH×H que l’on note encore mais qu’il
faudrait en toute rigueur désigner par |H— donne une loi interne de Het que
(H,)est alors lui-même un groupe.
Les deux conditions (i) et (ii) ci-dessus peuvent être remplacées par
(iii) Pour tous x,yHon a xy1H
Il est évident que les conditions (i) et (ii) entraînent (iii). Montrons que, réci-
proquement, la seule condition (iii) entraînent à la fois (i) et (ii). Puisque H6=/0,
il existe hH. Appliquons (iii) avec x=y=h. On obtient hh1Hdonc
eGH. Appliquons maintenant (iii) avec x=eG. Puisque eGy1=y1, on
trouve (ii). Enfin, prenant x,yH, on a par (ii) qui vient d’être établi y1Het
appliquant (iii) avec y1à la place de yon obtient x(y1)1Hc’est-à-dire
xyGqui donne (i).
La notation H<Gest employée pour dire H est sous-groupe de G. Lorsqu’on
n’exclut pas la possibilité que Hsoit égal à Gon écrit HG.
Insistons sur le fait que pour montrer qu’un sous-ensemble Hde Gest un
sous-groupe de G, il faut d’abord s’assurer qu’il est non vide. Un sous-groupe
Hcontient toujours l’élément neutre eGet le sous-groupe de Gle plus simple
est {eG}. Un sous-groupe Hde Gqui est différent de Get de {eG}s’appelle un
sous-groupe propre.
2.2 Six exemples de sous-groupes
a) Sous-groupes de (C,+)
On a Z<Q<R<(C,+).
Montrer que l’ensemble Ddes nombres décimaux est un sous-groupe de (R,+).
(R,+) admet-il des sous-groupes finis propres?
b) Sous-groupes de (Z,+)
Soit mN. On a mZ<(Z,+) mZ={mr :rZ}est l’ensemble des
(entiers relatifs) multiples de m. Réciproquement, on a le
THÉORÈME 4. —
Tout sous-groupe
G
de
(Z,+)
est de la forme
G=mZ
pour un certain
mN
(dépendant de
G
).
Démonstration. Soit Gun sous-groupe de (Z,+). Nous devons établir l’exis-
tence d’une entier positif mtel que G=mZ. Traitons d’abord le cas Gest ré-
duit à l’élément neutre, i.e. G={0}. Dans ce cas on a bien évidemment G=mZ
en prenant m=0. Supposons maintenant que Gne soit pas réduit à l’élément
neutre, il existe alors gGavec g6=0. Puisque GZ,gG=⇒ −gGet
[2.0]
jpc
/ ALG
§ 2. SOUS-GROUPES 11
nous sommes donc sûrs que Gcontiendra un élément strictement positif, autre-
ment dit GN6=/0. Prenons alors mcomme le plus petit élément de GN.
Puisque mGet que Gest un sous-groupe, on a km =m+m+· ·· +mG.
Toujours grâce au fait que Gsoit un sous-groupe on a aussi mGpuis km =
(m) + (m) + ···+ (m)Gsi bien que mZG. Montrons maintenant que
GmZ. Prenons gun élément quelconque de G. C’est un entier que l’on peut
diviser par mpour obtenir une expression g=qm+rrest le reste (0 r<m).
Comme qm Gon a r=gqm G. Comme en outre 0 r<met mest le plus
petit entier positif dans G, la seule possibilité est que rsoit égal à 0. Retournant
à l’expression de g, il vient g=qm mZd’où l’on déduit GmZet, par double
inclusion, G=mZ.
Soient met ndeux entiers positifs. A quelle(s) condition(s) mZest-il un sous-
groupe de (nZ,+)? Déterminer l’ensemble des sous-groupes de (nZ,+).
c) Sous-groupes de (C,·)
Soit nN. On a par exemple Q+<Q<R<(C,·). On a aussi Un<
U<(C,·). Rappelons que, d’une manière générale, lorsque X=N,Z,Q,R,C,
Xdésigne X/{0}.
d) Sous-groupes de GLn(C,·)
Soit nN. On a GLn(Q)<GLn(R)<(GLn(C),·).
e) Sous-groupes des bijections du plan dans lui-même
On a T<Is(P)<(S(P),)Tl’ensemble des translations du plan eucli-
dien. Pour montrer que T<Is(P), on utilise t
ut
v=t
u+
v.
f) Sous groupes du groupe des isométries du plan euclidien
RA<(Is(P),)RAl’ensemble des rotations de centre Adu plan euclidien.
On utilise rA,
θ
rA,
θ
=rA,
θ
+
θ
.
On représente souvent les chaînes de sous-groupes sous la forme d’un arbre
comme celui ci-après qui correspond aux exemples e) et f)
Dans l’étude des anneaux on utilisera la notation Aqui représente en général un ensemble
de nature différente.
[2.1]
12 I. INTRODUCTION À LA THÉORIE DES GROUPES
S(P)
Is(P)
TRA
?
@@@
@R
(2.1)
Construire l’arbre le plus fourni possible dont le sommet soit (C,+).
2.3 Intersections de sous-groupes
THÉORÈME 5. —
Soient
(G,)
un groupe et
F
une famille non vide de
sous-groupes de
G
. Si
I
est l’intersection de tous les éléments de
F
, autrement
dit
I=THFH
alors
I
est lui-même un sous-groupe de
G
.
On notera que Fpeut contenir un nombre fini ou infini de sous-groupes.
Démonstration. D’abord Iest non vide car eGest élément de tout sous-groupe F
de Fet il appartient donc à I. Soient x,yI, nous voulons montrer que xy1
H. Par définition de I, pour tout HFon a x,yHet puisque Hest un sous-
groupe xy1H. Il suit que xy1appartient à tous les éléments de Fet donc
àI. Cela montre que Iest bien un sous groupe.
Déterminer 8Z12Z. Plus généralement si met nsont deux entiers positifs,
déterminer le sous-groupe de Zdéfini par mZnZ.
2.4 Sous-groupe engendré par une partie
Soit (G,)un groupe et Aun sous-ensemble non vide de G. On appelle sous-
groupe engendré par Ale sous-groupe
hAi:=\
HS(A)
H(2.2)
S(A)est l’ensemble de tous les sous-groupes de Gqui contiennent A. Cet
ensemble n’est pas vide car il contient Glui-même. En vue du Théorème 5, la
formule (2.2) définit bien le sous-groupe hAide G.
THÉORÈME 6. —
Le sous-groupe
hAi
est le plus petit sous-groupe de
G
contenant
A
.
[2.2]
jpc
/ ALG
§ 2. SOUS-GROUPES 13
Ici l’adjectif ‘petit’ réfère à la relation d’ordre définie par l’inclusion des
ensembles: un ensemble Xest plus petit qu’un ensembleYsi XY. De manière
précise, le théorème 6 signifie que les deux assertions suivantes sont équivalentes
(E1) I=hAi.
(E2) Ivérifie les deux conditions suivantes
(a) Iest un sous-groupe de Gcontenant Aet
(b) Si Hest un autre sous-groupe de Gcontenant Aalors on a IH.
Démonstration. D’après la définition, on a immédiatement que hAivérifie les
deux conditions de (E2). Nous montrons que si Ivérifie (a) et (b) alors I=hAi.
A cause de (b), on a ITHS(A)H=hAi. D’autre part, puisque, d’après (a), I
est un sous-groupe contenant A, on a IS(A)et par conséquent THS(A)HI
soit hAi ⊂ I. Par double inclusion on en déduit I=hAi.
Ni la définition, ni cette caractérisation ne permettent de déterminer facile-
ment les éléments de hAi. Le paragraphe suivant donne une approche
construc-
tive
des sous-groupes engendrés.
2.5 Description des éléments d’un sous-groupe engendré
THÉORÈME 7. —
Soient
(G,)
un groupe,
A
un sous-ensemble non vide
de
G
et
xG
. Pour que
x∈ hAi
alors il faut et il suffit qu’il existe
nN
et des éléments
x1,x2,...,xn
avec
xiA
ou
x1
iA
pour
i=1,2,...n
tels que
x=x1x2∗ ·· ·xn
.
Le théorème précédent affirme donc l’égalité
hAi={x1x2∗ ·· ·xn:nN,xiou x1
iA,i=1,...,n},(2.3)
ou encore
hAi={g±1
1g±1
2∗ · ·· ∗ g±1
n:nNet giA,i=1,...,n}.(2.4)
Démonstration. Appelons Ile membre de droite dans (2.3) (ou (2.4)), nous de-
vons montrer que I=hAi. Pour cela, d’après le Théorème 6, il suffit de vérifier
l’assertion (E2) c’est-à-dire (a) Iest un sous-groupe de Gcontenant Aet (b) tout
sous-groupe de Gcontenant Acontient aussi I.
Étape 1. I est un sous-groupe de Gcontenant A.
En considérant les cas où n=1 et x1Adans (2.3) on voit que AI. En
particulier Iest non vide. Montrons que c’est un sous-groupe de G. Pour cela
prenons xet ydans Iet vérifions que xy1I. Ecrivons
x=x1x2∗ ·· ·xmxiAou x1
iA
y=y1y2∗ · ·· ∗ ypyiAou y1
iA(Attention, en général m6=p).
[2.4]
14 I. INTRODUCTION À LA THÉORIE DES GROUPES
En utilisant la formule 1.1 (p. 7) sur l’inverse d’un produit on obtient
xy1=x1x2∗ ··· ∗ xmy1
p∗ · ·· ∗ y1
1
Chacun des m+pfacteurs fdu produit vérifie fAou f1Ade sorte que
xy1a bien la forme requise (avec n=m+p) des éléments de I. Il suit que
xy1Iet Iest donc bien un sous-groupe de Gcontenant A.
Étape 2.Si Hest un sous-groupe de Gcontenant Aalors IH.
Prenons xIque l’on écrit comme précédemment x=x1x2 ··· ∗ xn. Etu-
dions le facteur xi. Il y a deux possibilités:
Soit xiAet alors xiHpuisque AH
Soit x1
iAet alors x1
iHpuis, puisque Hest un sous-groupe, xi=
(x1
i)1H.
Dans les deux cas on a xiHde sorte que, toujours puisque Hest un sous-
groupe, xHcomme produit d’éléments de H. Cela achève la démonstration de
la deuxième étape et du théorème.
Lorsque une partie (non vide) Avérifie hAi=G, on dit que A
engendre
Gou
que Gest
engendré
par Aou encore que Aest une partie génératrice de G. Pour
bien des questions, on considère qu’on a déjà acquis une bonne connaissance du
groupe Gsi on a pu exhiber une partie génératrice la plus petite possible car on
peut alors décrire par la formule assez simple (2.3) tous les éléments du groupe.
Le cas le plus simple est celui Aest réduit à un seul élément. Nous l’étudions
dans la partie suivante.
2.6 Groupes cycliques, ordre d’un élément
On dit qu’un groupe (G,)est cyclique s’il est engendré par un ensemble
réduit à un seul élément i.e. G=h{a}i. On note aussi pour alléger l’écriture
G=hai. D’après la formule (2.3), tout élément de Gs’écrit alors
x=a±1a±1∗ ·· ·a±1=amavec mZ
de sorte que G={am:mZ}.
Il se peut que les éléments dans l’ensemble de droite ne soient pas tous deux à
deux distincts. Si on am1=am2avec, disons, m1>m2alors am1m2=eet dans
ce cas la description de Gpeut encore être simplifiée. Appelons dle plus petit
entier strictement positif tel que ad=e. Notre supposition implique l’existence
de cet entier davec dm1m2. On dit que aest d’ordre (fini) det on écrit
o(a) = d. On a G={ai:i=0,1,...,d1}.
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