La Lettre du Sénologue - n° 36 - avril-mai-juin 2007
Congrès
Congrès
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diminution de la morbidité (lymphœdème et dysesthésies) et
une amélioration de la qualité de vie.
L’analyse histologique du ou des GS n’est pas celle des gan-
glions axillaires dans un curage classique. L’étude en coupes
sériées et les techniques immuno-histochimiques ont majoré
le taux de positivité ganglionnaire. L’impact pronostique des
cellules isolées, c’est-à-dire mises en évidence uniquement
en immunohistochimie et de taille inférieure à 0,2 mm, reste
controversé.
Dans l’état actuel des connaissances, la recommandation en
cas de positivité du GS, quelle que soit sa nature, est de réaliser
un curage classique complémentaire.
Des essais thérapeutiques sont en cours dans le cadre d’enva-
hissement lymphatique minime comparant la reprise chirur-
gicale, l’abstention chirurgicale et l’irradiation axillaire.
Les limites du traitement conservateur
Initialement réservé aux petites tumeurs (< à 3 cm), à distance
de l’aréole, le traitement conservateur (TC) voit ses indica-
tions s’étendre avec, en France, un taux de conservation com-
pris entre 70 et 75 %.
Pour K. Clough, les indications peuvent être étendues aux tu-
meurs comprises entre 3 et 5 cm si une chirurgie en berges
saines est réalisable sans déformation majeure du sein. Cela
impose le recours à des techniques de chirurgie plastique qui
permettent de remodeler le sein même après de larges exérè-
ses. L’alternative est un traitement chimiothérapique préopé-
ratoire à visée de réduction du volume tumoral.
La multifocalité est fréquente, lorsqu’elle est connue en pré-
opératoire et pour des patientes particulièrement sélection-
nées (pas plus de deux lésions, proches l’une de l’autre, exérèse
en berges saines) ; le TC est possible sans majorer le risque de
récidive locale.
Pour les lésions rétroaréolaires superficielles ou profondes, le
TC donne des résultats équivalents à ceux obtenus pour les
autres localisations, à condition de réaliser l’exérèse de la pla-
que aréolomammelonnaire.
Toute chirurgie conservatrice est suivie d’une irradiation de
la glande mammaire, celle-ci permet de réduire le risque de
récidive locale de façon significative (réduction du risque de
2,5 à 4).
Il n’existe à ce jour aucun consensus pour définir après TC la
marge d’exérèse optimale. Lorsque les berges sont envahies,
une reprise chirurgicale est indispensable. Le problème est
plus complexe lorsque les berges sont saines et que les marges
sont comprises entre 0 et 5 mm. Il n’existe pas de consensus
concernant la marge minimale optimale. En termes de réci-
dive locale, une marge ≥ 2 mm semble suffisante ; entre 0 et 2
mm, le risque de récidive est plus élevé et une reprise chirur-
gicale est à discuter.
CLASSIFICATION MOLÉCULAIRE
DES CANCERS DU SEIN
La prise en charge actuelle des cancers du sein est fondée sur des
paramètres pronostiques et prédictifs établis comme le TNM, le
statut des récepteurs hormonaux et HER2. Les études récentes sur
l’expression des gènes ont confirmé l’hétérogénéité des tumeurs du
sein. Les données issues d’études de microarrays sur puces ADN et
confirmées par des études sur le profil protidique sur tissu micro-
arrays ont permis de classer les cancers du sein en cinq groupes.
Nous en retiendrons l’identification de deux entités :
– le sous-groupe basal-like ou tumeur triple négative n’exprimant
ni les récepteurs hormonaux (RE et RP) ni HER2. Ces tumeurs
sont souvent de grade 3. Pour être de phénotype basal, la tumeur
doit présenter une expression des cytokératines 5,6 et 17 ou
EGFR. Ces tumeurs sont souvent mutées pour la protéine P53,
leur pronostic est mauvais ;
– les tumeurs surexprimant HER, d’évolution défavorable. Elles
sont souvent de grade 3, elles expriment les récepteurs hormo-
naux dans environ 50 % des cas. L’accès à une thérapie ciblée
comme le trastuzumab (Herceptin
®
) a considérablement modifié
le pronostic de ces lésions.
TRAITEMENT ADJUVANT DES TUMEURS HER2 +
Il faut rappeler que la détermination du statut HER2 doit être
rigoureux. La positivité est définie soit par un test en immuno-
histochimie positif 3+ soit positif 2+ avec un test FISH +. Dans
le cas d’un test IHC 2+, la méthode de référence reste la FISH.
Toutefois, cet examen est coûteux et nécessite d’être équipé en
microscope à fluorescence de haute qualité. La CISH est égale-
ment proposée au même titre que la FISH. Cette technique, un
peu plus longue, peut se lire au microscope optique.
La surexpression de HER2 a été rapidement identifiée comme un
facteur pronostique indépendant. Elle concerne 15 à 25 % des pa-
tientes. En dix ans, l’anticorps monoclonal de souris humanisé et
dirigé contre HER2 est passé de la phase I à une indication incon-
tournable en phase adjuvante. En situation adjuvante, il permet de
diminuer le risque de récidive de 40 à 50 %, le risque de décès de
l’ordre de 30 %. La toxicité cardiaque du trastuzumab reste modé-
rée quand il n’est pas associé aux anthracyclines. Dans le cadre de
traitements séquentiels, cette cardiotoxicité est surtout influencée
par les doses préalables d’anthracyclines et l’intervalle entre l’utili-
sation de ces deux agents. Les complications à type d’insuffisance
cardiaque restent rares (0,5 à 3 % ) et sont le plus souvent réversi-
bles à l’arrêt du traitement. Une surveillance de la fonction ventri-
culaire est préconisée tous les 3 mois. Le schéma d’administration
peut être concomitant ou séquentiel par rapport à la chimiothéra-
pie, la durée optimale de traitement reste à définir. n
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EDIMARK SAS © mai 1983 -
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Dépôt légal : à parution.
Un info-congrès de 8 pages intitulé : “Suivi après traitement du cancer du sein : enjeux et modalités. Expérience du réseau
Gynécomed Île-de-France” sera routé avec ce numéro.