Dermatites chroniques post-radiothérapie

31SKIN | Vol 19 | N°4 | 2016
Si l’évolution des techniques a aujourd’hui permis de contrôler la
majorité des effets secondaires graves liés aux irradiations, les lésions cutanées
représentent encore un problème majeur pour les patientes dont la survie s’est
considérablement améliorée.
DERMATOLOGIE ESTHÉTIQUE & LASER
Dermatites chroniques
post-radiothérapie:
un problème peu souvent pris en charge
S1558F
Muriel Creusot
Si l’on considère les seuls chiffres du cancer du sein,
on estime à 1,7 million le nombre de nouveaux cas
par an au niveau mondial, avec une survie à 10 ans
dépassant les 80% (1). Dans nos pays développés,
on estime à 3,2 millions de femmes ayant survécu à leur cancer
mammaire plus de 5 ans (2).
Pour autant, une patiente sur 3 présente des lésions de
dermatite radique chronique 10 ans après la fin de son traitement
(Figure 1) (3). Ces lésions consistent essentiellement en
télangiectasies, dyspigmentations, disparition permanente des
structures cutanées telles que glandes sudoripares, système
pileux et autres structures annexes, atrophie et sécheresse
cutanées et fibrose dermique. Plus rarement, on retrouve ulcères
et lésions carcinomateuses.
Dans l’étude danoise (4), 27% des patientes estimaient le
résultat cosmétique comme inférieur à ’bon’, la fibrose dermique,
les rétractions mammaires et les télangiectasies (entre 3 et 13%)
(4) étant particulièrement associées à ces résultats.
Pourtant, les femmes se sentent souvent embarrassées
avec ces lésions, ne savent pas où et qui consulter (médecin
généraliste, oncologue, gynécologue,…) et se trouvent souvent
insuffisamment prises en charge. Outre de la réassurance
(absence de récidive de cancer), elles se retrouvent dans la
plupart des cas avec de simples crèmes topiques, dont l’efficacité
sur ces lésions est très limitée.
Aujourd’hui, la pratique du laser permet, entre des mains
formées à ces techniques, de réduire considérablement ces
effets secondaires et de redonner à ces patientes féminité,
estime de soi et image corporelle améliorées. Dans la série
américaine de Rossi, Nehal et Lee (5), le taux de satisfaction des
patientes après 3 séances se situait en moyenne à 8 sur une
échelle à 10 points, aucune femme n’ayant un score inférieur
à 6 (Figure 2).
Problème souvent laissé de côté chez les femmes ayant
survécu à leur cancer mammaire, les lésions de dermatite radique
constituent pour les femmes un handicap sous-estimé sur le plan
de leur image corporelle. Les techniques de laser permettent
de remédier dans de nombreux cas à ces lésions de façon
significative. ■
Références
1. American Cancer Society, Cancer Facts & Figures 2016, and The National Cancer
Institute Surveillance - Epidemiology and end results database.
2. World Cancer Research Fund International
3. Whelan et al. New Engl J Med 2010.
4. Johansen J et al. Danish Breast Cancer Cooperative Group, Acta Oncol 2002;41:369-80.
5. Rossi, Nehal et Lee. Sloan Kettering Cancer. J Clin Aesthet Dermatol 2014;7(12):34-7.
Figures 1-2:
La pratique du laser pour des lésions de dermatite radique chronique.
AVANT APRÈS
AVANT APRÈS
© Mazer Jean-Michel
© Rossi, Nehal & Lee; New York, USA