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Voici donc déjà quelques bonnes raisons de rester vigilants : CAR : ce n’est
pas parce que nous utilisons le langage des mots que nous sommes sortis
d’affaire en matière de communication !!!!
L’utilisation des mots pour communiquer n’est ni simple, ni mathématique,
ni automatique dans le sens où les mots permettraient de transmettre à
l’autre, tel un paquet, ce que nous voulons lui transmettre.
Objectif de ce paragraphe :
tordre le cou à l’idée que le mot
serait univoque, « pur » et que son
utilisation éviterait toute erreur de
compréhension.
Pour aller plus loin :
« Les sacrements, parole de Dieu au risque du corps »
Louis Marie Chauvet
Collection Recherches – Vivre, croire, célébrer – Les Editions Ouvrières 1997
Le langage et ses différents registres
* Premier cas: le discours scientifique. La communication que fait un
chercheur, lors d'un colloque international, sur les dernières recherches
faites dans son laboratoire se situe essentiellement du côté du pôle «signe».
On pourrait même avoir le sentiment que ce pôle y élimine totalement le
pôle symbole. En fait le pôle symbolique n'est pas absent même en ce cas,
ne serait-ce que parce que notre conférencier a sûrement le désir d'être
«reconnu» par ses pairs, voire d'être admiré par eux. Derrière l'homme
de science se cache toujours l'homme tout court et celui-ci se
« découvrira » (au sens de « se mettra à découvert ») à travers telle
intonation, telle hésitation, tel lapsus, tel «blanc», voire à travers le
vêtement adopté pour la circonstance ou la manière de se tenir face au
public...
* Deuxième cas: l'acte de langage performatif. Exemple : « Je vous
promets d’aller vous voir demain ». C'est le cas de figure opposé au
précédent, puisque le sujet est ici pleinement engagé comme sujet.
Pourtant, il existe aussi un pôle «signe». En effet, si je vous dis: «je vous
promets d'aller vous voir demain », il est clair que je transmets de
l'information: « vous» n'est pas votre voisin ; « demain» n'est pas
aujourd'hui, etc. Mais sous ce dehors purement formatif, on devine
aisément autre chose. «Je vous promets» (comme «je vous jure», «je vous
pardonne»...), employé à la première personne du présent, appartient à
ce que les linguistes appellent la classe des performatifs». En effet, on a
ici affaire à un «acte de langage» au sens le plus fort du mot «acte»,
parce que l'on réalise ce que l'on dit en le disant. Ce qui est réalisé
constitue une «performance». La performance consiste en ce que la
situation entre mon interlocuteur et moi-même n'est plus la même après
qu'avant: je suis désormais engagé à son égard. Les performatifs ne sont
pas de l'ordre du vrai ou du faux. Et cependant il y a bien eu
performance, création d'un rapport neuf entre les deux partenaires. La