19
Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 1, vol. IV - janvier/février/mars 2004
Infection aiguë et pelvipérinéologie
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Roberts RO, Lieber MM, Botstwick
DG, Jacobsen SJ. A review of clinical
and pathological prostatitis syn-
dromes. Urology 1997 ; 49 (6) : 809-
21.
2. Gurunadha Rao Tunuguntla HS,
Evans CP. Management of prostatitis.
Prostate Cancer Prostatic Dis 2002 ; 5
(3) : 172-9.
3. Drach GW, Fair WR, Meares EM,
Stamey TA. Classification of benign
diseases associated with prostatic
pain : prostatitis or prostatodynia ?
J Urol 1978 ; 120 : 266.
4. National Institutes of Health Sum-
mary Statement. Presented at the
National Institutes of Health/Natio-
nal Institute of Diabetes and Diges-
tive and Kidney Disease Workshop on
Chronic Prostatitis. Bethesda : Natio-
nal Institutes of Health, December
1995.
5. Nickel JC. Classification and dia-
gnosis of prostatitis : a gold standard ?
Andrologia 2003 ; 35 (3) : 160-7.
6. Meares EM, Stamey TA. Bacterio-
logic localization patterns in bacte-
rial prostatitis and urthritis. Invest
Urol 1968 ; 5 : 492-518.
7. Nickel CJ. Prostatitis : evolving
management strategies. Urol Clin of
North Am 1999 ; 26 (4) ; 737-51.
8. Mottet N. Traitement des prostatites
aiguës. Prog Urol 1999 ; 9 : 1130-1.
9. Grise P, Humbert G. Prise en
charge des prostatites. La Lettre de
l’Infectiologue 1996 ; 11 (4) : 59-65.
10. Hermieu JF, Bouvet E, Ravery V
et al. Manifestations urologiques de
l’infection par le virus de l’immuno-
déficience humaine. Encycl Med Chir,
Néphrologie-Urologie, 18-223-A-10,
2002, 10 p.
É
COLOGIE BACTÉRIENNE AU COURS DES
PROSTATITES AIGUËS
Les bactéries les plus couramment observées
lors des prostatites bactériennes aiguës sont
les entérobactéries avec, en premier lieu, Esche-
richia coli (80 %), suivie par Klebsiella pneumo-
niae, Protéus mirabilis, Serratia, Pseudomonas
aeruginosa (pour 10 %), Enterococcus, Staphy-
lococcus aureus et Salmonella. D’autres germes
sont observés de manière beaucoup plus
exceptionnelle : mycobactéries, mycoses (Blas-
tomyces, Coccidioides, Cryptococcus, et candi-
doses), parasitoses (1, 9, 12, 14, 15).
C
LINIQUE
Le diagnostic clinique des prostatites bacté-
riennes aiguës est aisé.
Les signes généraux sont souvent marqués :
fièvre élevée, frissons, malaise, asthénie
profonde.
Il s’y associe des signes locaux : brûlures mic-
tionnelles, pollakiurie, impériosités miction-
nelles, dysurie, voire rétention aiguë d’urines,
hématurie initiale, douleurs périnéales, sus-
pubiennes ou pelviennes, épreintes et ténesme
rectal, gêne urétrale ou scrotale, urines troubles
ou malodorantes (12). La fréquence des divers
symptômes a été établie dans différentes
études. Krieger (11), dans une population
d’hommes jeunes, étudiants d’une université
américaine, présentant une infection urinaire,
rapporte 76 % de dysuries, 53 % de pollakiu-
ries, 42 % d’hématuries, 37 % de fièvres et 34 %
de sensations de malaise.
Parfois, le diagnostic est plus difficile, la symp-
tomatologie se résumant à des signes géné-
raux, simulant un syndrome grippal ou se limi-
tant à des signes locaux.
L’examen clinique recherchera un globe vésical.
Au toucher rectal, la prostate est augmentée de
volume, molle, chaude et douloureuse.
E
XAMENS COMPLÉMENTAIRES
•L’examen cytobactériologique des urines du
premier et du deuxième jets doit être systéma-
tique. Le plus souvent, la prostatite bactérienne
aiguë s’accompagne de germes dans les urines.
Les prélèvements de Meares et Stamey ne sont
pas indiqués, voire sont contre-indiqués, lors de
la prostatite aiguë. En effet, le massage prosta-
tique est douloureux. Il peut également être à
l’origine d’une bactériémie lorsqu’il est réalisé
au cours de la phase aiguë d’une prostatite
(Meares).
•La numération formule sanguine retrouvera
une hyperleucocytose à polynucléaires.
•Vitesse de sédimentation et protéine C réac-
tive (CRP) seront augmentées en raison de l’in-
flammation prostatique.
•Les hémocultures seront prescrites en cas de
fièvre élevée ou de frissons.
•Un prélèvement urétral pourra être réalisé en
cas d’écoulement urétral ou si l’on suspecte une
maladie sexuellement transmissible.
•Un dosage de la créatininémie est utile si l’on
envisage de prescrire une double antibiothéra-
pie comportant un aminoside.
•Les explorations d’imagerie n’ont pas d’intérêt
pour le diagnostic de prostatite bactérienne
aiguë.
•L’échographie prostatique n’apporte aucun
renseignement spécifique en faveur de ce dia-
gnostic. Des calcifications prostatiques non
spécifiques pourront être éventuellement
visualisées. L’échographie permet, en
revanche, de visualiser un éventuel abcès pros-
tatique. L’échographie vésicale postmiction-
nelle permettra de s’assurer de l’absence de
globe vésical ou de gros résidu.
•Les explorations étiologiques seront envisa-
gées dans un deuxième temps, après avoir
débuté l’antibiothérapie et obtenu une amélio-
ration clinique. Lorsqu’un obstacle à l’évacua-
tion des urines est suspecté cliniquement ou
sur les données de la débitmétrie, une urétro-
graphie mictionnelle sera prescrite pour préci-
ser la localisation et l’importance de l’obs-
tacle.
T
RAITEMENT
Le traitement de la prostatite bactérienne aiguë
repose sur une antibiothérapie obéissant au
cahier des charges suivant :
– adaptation à l’épidémiologie microbienne
(Escherichia coli prédominant pour les infec-
tions communautaires) ;
– adaptation à la résistance aux antibiotiques
(plus de 50 % d’Escherichia coli résistant à l’am-
picilline, 20 à 30 % d’Escherichia coli résistant
au triméthoprime-sulfaméthoxazole) ;
– bonne diffusion tissulaire : la diffusion tissu-
laire prostatique des antibiotiques est faible ;