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amènerait un mélange du sperme et du liquide
prostatique. Pour le diagnostic des prostatites chroniques,
la technique de référence a été décrite par Maers et
Stamey en 1968. Le résultat de l’examen des sécrétions
prostatiques permet toutefois de distinguer les
prostatodynies (SDPC non inflammatoires du NIH), des
prostatites non bactériennes (SDPC inflammatoires du
NIH). Pour ces dernières, on observe la présence de
leucocytes (> 10 par champ à fort grossissement ou >
1000/l) et de macrophages contenant des inclusions
lipidiques (corps graisseux ovales). L’utilisation des
techniques de biologie moléculaire pour la recherche
de germes uropathogènes est toute récente.
Chez les patients présentant une PCNB et/ou ayant des
anomalies au TR, le dosage du PSA est obligatoire pour
le dépistage d’un cancer de prostate associé. Le PSA
en cas de PCNB peut être élevé chez certains patients.
L’échographie prostatique et l’urétro-cystographie ont
peu de place, indiquées si seulement le patient présente
un syndrome obstructif [6, 7, 8].
TRAITEMENT
Les PCNB sont devenues une affection fréquente et
difficile à gérer à cause de la réponse variable des
patients au traitement. L’efficacité des différentes
approches thérapeutiques suggère que le syndrome de
douleur pelvienne chronique est multifactoriel, et que
les symptômes sont dus à l’infection, à l’inflammation
et/ou au spasme neuromusculaire. Le soutien
psychologique, la réduction de stress, l’éviction de
certains plats épicés et de l’excès de l'alcool, et de
caféine, pourraient être bénéfiques au traitement des
prostatites.
On associe habituellement les antibiotiques avec le
massage prostatique, ou avec les alpha-bloquants.
Actuellement, puisque les rôles joués par Chlamydia
trachomatis et les mycoplasmes semblent de plus en
plus acceptés, un traitement antibiotique semble de
rigueur.
Actuellement, les auteurs recommandent une bi ou
une trithérapie surtout pour les patients chez qui la
monothérapie a échoué.
Les antibiotiques sont utilisés pendant 2 à 4 semaines,
les agents utilisés sont les quinolones, l’azithromycine,
la triméthoprime et les tétracyclines. Les antibiotiques
de choix dans le traitement des prostatites sont les
fluoroquinolones. Dans cette indication, la
ciprofloxacine et l’ofloxacine sont les fluoroquinolones
sur lesquelles il y a plus de données cliniques. Elles
ont été proposées dans le traitement de première
intention des prostatites chroniques lors de la Conférence
du Consensus Européen [1]. Ce choix est justifié à la
fois par leur large spectre antibactérien, incluant les
différentes bactéries responsables de prostatites, aussi
bien extracellulaires qu’intracellulaires, et par leur
pharmacocinétique particulière par une forte
concentration sous forme active dans la prostate.
Le massage prostatique est réalisé une ou deux fois par
semaine, il est typiquement associé aux antibiotiques
surtout chez les patients qui ont présenté une
amélioration après le premier massage au moment du
diagnostic. Dans les PCNB, le mécanisme avec lequel
le massage prostatique améliore les symptômes est
encore inconnu. II peut agir en débloquant les acinis
glandulaires bouchées par les cellules inflammatoires
permettant ainsi le drainage du matériel infecté et
facilitant la pénétration des antibiotiques.
Les PCNB peuvent se présenter avec les mêmes
symptômes d’une hypertrophie bénigne de prostate,
c’est pourquoi les chercheurs ont pensé que les alpha-
bloquants, efficaces en cas d’hypertrophie bénigne de
prostate, peuvent servir dans le traitement des PCNB.
Leur utilisation est justifiée du fait des anomalies
fréquemment observées lors du bilan urodynamique.
Le finastéride est un inhibiteur de la 5 alpha-réductase,
ayant une action anti-inflammatoire ; il améliore le
score total de l’index des symptômes, et se montre
efficace par rapport au placebo. Son effet sur la
débimétrie maximale est en moyenne moins important
que celui des alpha-bloqueurs.
Si les antibiotiques n’ont pas montré d’efficacité ou
n’étaient pas choisis, on passe ensuite à l’utilisation
des anti-inflammatoires.
Le quercitine est administré 2 à 3 fois par jour pendant
au moins 4 semaines. Le quercitine est un bioflavonoïde
naturel trouvé dans le vin rouge, les oignons et le thé
vert. Parmi ses propriétés documentées, il est connu
comme un antioxydant, un inhibiteur de la tyrosine
kinase, un anti-inflammatoire bloquant les cytokines,
il a aussi une action antibactérienne et antifongique.
Si les antibiotiques, les anti-inflammatoires et le
quercitine ne sont pas efficaces, on utilise après le
Finastéride. Dans cette approche de traitement, 80%
des patients ont rapporté une amélioration durable des
symptômes.
La phytothérapie, basée sur l’utilisation des dérivés de
plantes, a gagné une popularité importante à travers
le monde dans le traitement de plusieurs pathologies
chroniques. La phytothérapie a beaucoup d’avantages,
à savoir un seul mécanisme d’action, moins d’effets
secondaires, un prix bas, et une acceptabilité
considérable par les patients. Son utilisation en cas de
PCNB est devenue fréquente.
La thermothérapie transurétrale a été introduite en 1989
pour le traitement de l’HBP. L’objectif de la
thermothérapie est la destruction du tissu après
exposition à une température cytotoxique allant de 45
à 70°C. La combinaison d’une émission de chaleur
micro-ondes administrée par voie transurétrale et d’une
protection de l’urètre par un circuit de refroidissement,
permet de délivrer la puissance nécessaire à la
coagulation du tissu prostatique péri-urétral sans autre
forme d’anesthésie que l’instillation d’un gel. L’effet
clinique recherché dans le cadre de la thermothérapie
M. EL BAGHOULI et coll.
Le traitement des prostatites chroniques non bactériennes