La lettre de l’hépato-gastroentérologue -n° 5 - vol. VI - septembre-octobre 2003
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PATHOGÉNIE DE L’HAI
L’HAI est la conséquence d’une rupture de la tolérance centrale et
périphérique du fait de facteurs génétiques et environnementaux.
Aspects génétiques
Le CMH
(figure 3)
:
la prédisposition génétique de l’HAI est
en partie expliquée par certains haplotypes HLA. La respon-
sabilité du CMH de classe II est essentielle, en particulier du
fait de son rôle dans la présentation de déterminants auto-
antigéniques aux cellules T CD4+
(figure 2)
. Les allèles
DRB1*0301 et DRB1*0401 sont associés à une susceptibilité
accrue d’HAI
(tableau)
. L’influence de l’allèle DRB1*1501
serait controversée
(3-5)
et l’allèle DRB1*1301 pourrait être
un gène de susceptibilité chez des enfants. L’identification de
ces allèles de susceptibilité a permis la construction de
modèles moléculaires reposant :
– pour le premier, sur la présence d’un acide aminé basique en
position 13 du polypeptide DRβ;
– pour le deuxième, sur les allèles DRB3*0101 et DRB1*0401
codant pour une séquence linéaire essentielle pour la présenta-
tion antigénique ;
– pour le troisième, sur un dimorphisme en position 86
(6)
. Les
allélotypes B8 et DRB1*0301 sont associés à une maladie plus
sévère et à la présence d’anticorps anti-SLA
(7, 8)
.
L’allèle C4Q0 correspondant à la délétion du gène
C4
, observé
chez 50 % des HAI de type 1, en diminuant l’activité du com-
plément, favoriserait une infection virale et ainsi déclencherait
une pathologie auto-immune
(9)
. Quatre polymorphismes du
promoteur et un au niveau du premier exon ont été décrits dans
le gène
TNF-α
. À la position -308 du promoteur, l’allèle
variant le TNF-308A (TNF2), déjà impliqué dans des maladies
auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde et lupus érythémateux),
serait associé à l’HAI de type 1
(10).
Les gènes de costimulation et de régulation :
les associations
entre HAI et les polymorphismes des gènes du CTLA-4 et du
récepteur de la 1,25-dihydroxyvitamine D3 (inhibant la prolifé-
ration lymphocytaire), ont été décrites
(11-12)
.
Les patients avec mutations homozygotes de l’AIRE, facteur
de transcription localisé dans les cellules dendritiques et
médullaires thymiques, développent un syndrome polyendocri-
nien de type 1 (APS-1) associant une candi-
dose et des pathologies auto-immunes
(13)
.
Dix pour cent des APS-1 ont une HAI avec
auto-anticorps contre les isoformes 2A6 et
1A2 du cytochrome P450
(14).
Facteurs environnementaux –
phénomènes de mimétisme moléculaire
Les facteurs environnementaux (xénobio-
tiques et virus) pourraient induire des phéno-
mènes d’auto-immunité par un mécanisme
de mimétisme moléculaire, c’est-à-dire le
partage de déterminants antigéniques entre
des micro-organismes et des antigènes du
soi. Le foie, site privilégié de détoxification,
directement en contact avec des agents
pathogènes d’origine digestive, représente un
organe cible de phénomènes auto-immuns.
Dans l’HAI de type 1, la non-spécificité de
l’auto-antigène en cause (filament fin d’actine)
Allèle Patients Contrôles Odds-radio
n = 297 (%) n = 236 (%)
1501 43 (15) 58 (25) 0,52
0301 149 (50) 54 (23) 3,39
04 127 (43) 88 (37) NS
0401 88 (30) 47 (20) 1,69
1301 40 (13) 33 (14) NS
0301/0301 42 (14) 5 (2) 7,61
04/04 14 (5) 13 (6) NS
1501/1501 0 (0) 5 (2) NS
0301/04 23 (8) 12 (5) NS
0301/0401 15 (5) 6 (3) NS
1501/0301 10 (3) 4 (2) NS
0301 ou 04 256 (86) 130 (55) 5,09
Lysine 71 267 (90) 155 (66) 4,65
Tableau. Fréquence allélique DRB1 chez les patients atteints d’hépati-
te auto-immune (d’après P.T. Donaldson. Semin Liver Dis 2002 ; 22 :
353-64).
Figure 2. Intervenants dans la réponse (auto)immune.
DOSSIER THÉMATIQUE