par exemple, en cas de pneumonie
à pneumocoque, la prévalence de
l’alcoolisme varie de 10 à 28 %.
Ces pneumopathies sont favorisées
par les fausses déglutitions en cas
d’ivresse et par l’hypothermie. Le
patient cirrhotique est, quant à lui,
un véritable immunodéprimé sen-
sible aux infections.
Enfin, la tuberculose pulmonaire
survient fréquemment chez les
hommes désocialisés et alcoo-
liques. Cependant, il n’est pas cer-
tain que l’alcool favorise directe-
ment la tuberculose ; ce pourrait
pourrait être le fait d’autres facteurs
tels que la malnutrition.
Alcool et grossesse
En cas de consommation impor-
tante, égale ou supérieure à 100 g
d’alcool par jour, et prolongée pen-
dant toute une grossesse, il existe
pour l’enfant un risque élevé, d’en-
viron 30 %, d’anomalies réunies
sous le terme de syndrome d’al-
coolisme fœtal. Celui-ci se mani-
feste par une dysmorphie cranio-
faciale, des anomalies du système
nerveux central et des malforma-
tions d’organes, en particulier car-
diaques.
Les risques au volant
Après la vitesse, l’alcool au volant
constitue la deuxième cause de l’in-
sécurité routière en France. Sur l’en-
semble du réseau national, près
d’un accident mortel sur trois est lié
à l’alcool au volant. La conduite
avec une alcoolémie positive
est une infraction – ou un délit –
certes moins répandue que le
dépassement des limitations de
vitesse. Pourtant, son influence est
considérable sur les accidents. En
effet, l’alcool est présent dans
10 % des accidents corporels, et
un accident mortel sur trois lui est
imputable. Outre les conducteurs,
les passagers représentent environ
83 % des tués de la route dans les
accidents avec alcool. 38,5 % des
accidents mortels des nuits de
week-end dans lesquels le conduc-
teur a entre 18 et 24 ans sont des
accidents dans lesquels un de ces
jeunes conducteurs avait un taux
d’alcoolémie positif. Mais l’alcool au
volant concerne tout le monde.
Selon les données du ministère de
la Justice, l’individu moyen qui est
condamné pour conduite en état
alcoolique est un homme âgé de
38 ans. Les adultes sont donc eux
aussi particulièrement concernés
par ce risque majeur. Les effets de
l’alcool sur les capacités du conduc-
teur sont bien connus. L’alcool agit
directement sur le cerveau, même
à faible dose, car c’est très rapide-
ment que le produit induit un
risque. Il influe très vite sur le com-
portement du conducteur, sans que
celui-ci en prenne conscience. On
parle alors “d’effet désinhibant de
l’alcool”. Dans le même temps, l’al-
cool altère toutes les capacités
nécessaires à la conduite (concen-
tration, lucidité, réflexes...). Ainsi,
chez un conducteur sobre, la durée
moyenne de réaction est évaluée à
une seconde. S’il présente une
alcoolémie même légèrement posi-
tive, elle atteint au moins une
seconde et demie, soit un parcours
supplémentaire de 12 mètres à
90 km/h !
L’inégalité face à l’alcool
Outre les disparités hommes-
femmes, la consommation d’alcool
est, d’après plusieurs enquêtes,
socialement différenciée, surtout
chez les hommes. Plus faible chez
les cadres supérieurs et les profes-
sions intermédiaires, elle est élevée
chez les employés et les artisans.
De plus, de nombreuses disparités
géographiques en termes de mor-
talité associée sont particulièrement
fortes, avec des régions plus parti-
culièrement touchées que d’autres
(Bretagne, Nord-Pas-de-Calais, Pi-
cardie et Lorraine). Il existe donc
une grande variabilité d’un individu
à l’autre dans la gravité et dans le
type des perturbations somatiques.
L’équipement enzymatique sous
contrôle génétique et les types
d’alimentation pourraient expliquer
ces polymorphismes.
On le voit, l’abstinence est plus que
conseillée pour une personne souf-
frant de conséquences de l’alcoo-
lisme. Mais le retour brutal à une
alcoolémie nulle peut s’accompa-
gner de symptômes désagréables
tels qu’une sensation de malaise
général, des nausées, des vomisse-
ments, une anorexie, une moiteur
des extrémités, de la fièvre d’inten-
sité variable, une insomnie, une
tachycardie et des troubles du
rythme cardiaque, une hyperten-
sion artérielle systolique et diasto-
lique, des tremblements, une
confusion d’intensité variable allant
jusqu’à la désorientation spatio-
temporelle, voire des crises convul-
sives...
ALP
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005
Actualité Santé 11
Focus ...
Les accidents chez
les jeunes
Les accidents de
jeunes gens sous
l’emprise de l’alcool
ont provoqué le
décès de
348 personnes, soit
environ un par jour.
La plupart des
victimes de ces
accidents de “jeunes”
avec alcool (75 %
des tués et 72,9 %
des blessés graves)
avaient eux-mêmes
entre 18 et 24 ans.
Le coût de l’alcoolisme
Comment évaluer le coût de l’al-
coolisme ? Il faudrait prendre en
compte le coût direct, mais aussi
le coût économique et le coût
social. Selon les statistiques de
1999 publiées par l’Association
nationale de prévention de l’al-
coolisme, le traitement de l’al-
coolisme et des pathologies qui
lui sont associées entraîne un
coût direct de 10 milliards d’eu-
ros, soit environ 10 % du total des
dépenses de consommation
médicale ; le coût du dispositif
spécialisé (CCAA et centres de
cure et de postcure) s’élève à
76 millions d’euros ; le coût de
l’hospitalisation pour alcoolisme
est estimé à 1 milliard d’euros en
1992 et, après réévaluation, à
1,2 milliard d’euros pour l’année
1995.
Les alcooliques actifs peuvent
représenter jusqu’à 15 % des
effectifs d’une entreprise ! On
imagine les désordres humains
et économiques que cela repré-
sente...
Source :
– C.Hill, Alcool et risque de cancer,
Actualité et dossier en santé
publique 30.
La documentation française, mars 2000
Baromètre Santé 2000.
– Expertise collective, Inserm 2001,
données 1998.
– Catherine Hill, Institut Gustave Roussy.
– Statistiques 1999, Association
Nationale de Prévention de l’Alcoolisme.
Presse Med. 1999;28(30):1 653-60.
– Enquête CREDES, 1997.