
La Lettre du Rhumatologue - n° 325 - octobre 2006
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Tumeurs osseuses et des tissus mous
Actuellement, aucune chimiothérapie de rattrapage n’a prouvé
son efficacité pour améliorer le pronostic de ces patients mauvais
répondeurs.
✓Les ostéosarcomes à composante cartilagineuse sont proba-
blement moins chimio-sensibles, donc de moins bon pronostic.
✓La présence de métastases : essentiellement pulmonaires et
osseuses, elles sont présentes au moment du diagnostic dans 3 %
des cas ; la présence de skip-métastases est aussi péjorative que
celle des autres métastases ; l’existence de métastases est péjora-
tive, mais, si elles sont peu nombreuses, un traitement associant
chimiothérapie et résection des métastases par thoracotomie per-
met d’obtenir 30 % de survie à 5 ans (18, 20).
✓La taille de la tumeur : les tumeurs de plus de 100 ml sont de
moins bon pronostic (20).
✓Le taux de phosphatases alcalines, qui est un reflet du volume
tumoral, constitue aussi un facteur pronostique classique.
✓La localisation : les ostéosarcomes du tronc et du bassin ont un
pronostic beaucoup plus sombre que ceux des membres. Cela est
probablement le fait d’une diffusion métastatique plus rapide, en
raison d’un réseau vasculaire plus riche, et aussi de la difficulté
de réaliser une résection carcinologiquement satisfaisante.
✓Des marqueurs de biologie moléculaire sont en cours d’éva-
luation, avec des résultats souvent discordants ; c’est le cas de
P53, mDR, BMP, etc. (21-23).
Avant l’arrivée des chimiothérapies, 80 % des patients mouraient
de métastases, essentiellement pulmonaires, et 80 % des patients
étaient amputés. L’arrivée de la chimiothérapie postadjuvante a
un peu amélioré le pronostic, mais c’est surtout l’arrivée de la
chimiothérapie néo-adjuvante, avec le méthotrexate haute dose,
qui a bouleversé le pronostic de ces tumeurs (10, 24). Aujour-
d’hui, la survie à 5 ans est de l’ordre de 70 %, et une résection
chirurgicale conservatrice est possible dans plus de 80 % des cas.
Ce protocole thérapeutique a été introduit dans les années 1970
par Rosen et al. Depuis, aucune avancée notable n’a été enregis-
trée. Les protocoles multicentriques évaluent actuellement les
résultats de chimiothérapies sans méthotrexate chez l’adulte, car
cette drogue est très toxique et difficile à manier dans cette popu-
lation. Aucune nouvelle drogue n’a permis de modifier le pro-
nostic depuis plus de 15 ans. Des travaux expérimentaux chez
l’animal évaluent l’effet des bisphosphonates associés à la chi-
miothérapie et celui de thérapeutiques ciblées (25).
Au point de vue fonctionnel, la possibilité de conserver le membre
lors de la résection dans plus de 80 % des cas a permis une amé-
lioration du résultat chez ces patients. Il convient cependant de
préciser que la majorité de ces patients jeunes ne retrouvent pas
une fonction normale. Par exemple, les atteintes du genou (les
plus fréquentes) imposent une reconstruction par prothèse mas-
sive. Ces prothèses permettent de marcher normalement, mais
n’autorisent pas la pratique sportive. Ces résections-reconstruc-
tions exposent à un pourcentage important de complications
immédiates, notamment des complications infectieuses qui sur-
viennent dans 15 % des cas ; elles sont favorisées par la baisse de
l’immunité due à la chimiothérapie, l’importance des sacrifices
musculaires et la mise en place d’un implant massif. Par ailleurs,
la durée de vie de ces prothèses est limitée ; à 10 ans, la moitié
d’entre elles ont dû être remplacées (16). Chaque changement de
prothèse expose le patient à de nouvelles complications : infec-
tieuses, perte de substance osseuse,etc. ; il convient aussi de noter
que 10 % des patients porteurs d’une prothèse massive devront
être amputés secondairement, soit pour récidive locale, soit pour
complication infectieuse ou mécanique.
CONCLUSION
L’ostéosarcome est une tumeur qui touche l’adolescent et l’adulte
jeune ; il s’agit d’une tumeur de haut grade dans la majorité des
cas. Son traitement repose sur la combinaison chimiothérapie-
résection chirurgicale, qui permet d’obtenir une survie à 5 ans de
l’ordre de 70 %. Il est indispensable que la prise en charge soit
effectuée dans un centre spécialisé dès la biopsie. Le facteur pro-
nostique le plus fiable actuellement est la réponse histologique à
la chimiothérapie. Depuis les travaux de Rosen, aucune avancée
majeure n’a été notée dans le traitement de ces tumeurs. Des tra-
vaux de recherche sur les thérapeutiques ciblées permettront sans
doute d’améliorer leur pronostic.
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Bibliographie
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