Qu’entend-on par bon usage du médica-
ment ? Pour le Pr Patrice Jaillon, de
l’Agence du médicament, «c’est l’utilisa-
tion et la prescription dans les meilleures
conditions d’un médicament, en termes d’analyse de
rapport bénéfice/risque. »
Le bon usage du médicament est l’affaire de
tous : du public, des professionnels de santé,
des firmes pharmaceutiques et, bien sûr, des
systèmes d’assurances sociales et du ministère
de la Santé. La loi invite au respect des disposi-
tions d’Autorisation de mise sur le marché
(AMM). Autre référentiel : les RMO (Références
médicales opposables) qui sont des accords pas-
sés entre les syndicats de médecins libéraux et
les Caisses de Sécurité sociale.
Évolution du consommateur
La consommation de médicaments en France,
par rapport aux pays voisins, est importante.
Elle est liée à des phénomènes culturels relatifs
aux habitudes médicales et au comportement
des malades.
Mais les attitudes des consommateurs à l’égard
de la santé ont évolué. L’aspiration des patients
est de se prendre en charge et, en prenant de
la distance avec le corps médical, ils veulent
jouer un rôle dans le traitement de leur maladie.
La santé devient un tout lié à l’environnement
qui, par sa qualité, donne du sens à la vie. Pour
la majorité des Français, la santé n’a pas de
prix. De manière générale en effet, l’argent et
la santé ne font pas bon ménage. Chaque fois que
les personnes ont une préoccupation sanitaire,
elles sortent de la logique économique alors
qu’elles sont toutes très soucieuses de contribuer
à la maîtrise des dépenses de santé. Soixante-trois
pour cent des Français déclarent avoir recours à
l’automédication. Mais les médicaments coûtent
cher et la crainte de se tromper existe.
Du bon usage du médicament
Dans toute consommation, et pour le médica-
ment encore plus, le risque zéro n’existe pas :
c’est une balance entre le bénéfice et le risque,
heureusement de plus en plus pris en compte.
La pharmacovigilance, c’est-à-dire la surveil-
lance des effets indésirables, permet notam-
ment, en aidant à mieux connaître les risques,
de cerner davantage le bon usage du médi-
cament et de déterminer les bonnes condi-
tions de cet usage. L’industrie pharmaceutique
doit jouer un rôle important d’information et
de formation auprès des soignants et des
consommateurs.
Le bon usage du médicament commence dans
la lutte contre les infections par une meilleure
hygiène. C’est aussi la prescription mesurée d’an-
tibiotiques et la vigilance aux interactions qui est
de l’entière responsabilité du médecin. Les évé-
nements iatrogènes, par exemple, représentent
10 à 15 % des journées d’hospitalisation. C’est
encore, pour le patient, éviter le gaspillage dû à
l’interruption arbitraire d’un traitement ou bien,
et là c’est du ressort de l’industrie, un condition-
nement plus approprié aux besoins.
«Le médicament, précise Michel Gay représen-
tant une association de consommateurs, a permis
d’améliorer la vie, de passer d’une espérance de vie
de 40 ans à 75 ou 80 ans. Il réduit les séjours à
l’hôpital, empêche d’avoir une pathologie plus grave,
de souffrir. Le médicament est une très belle chose. En
revanche, son bon usage est une nécessité absolue. » ■
Propos tenus lors du colloque organisé à la Domus Medica
par le SNIP (Syndicat national de l’industrie pharmaceutique)
Le bon usage du médicament revêt trois aspects : santé
publique, responsabilité individuelle et collective et aspect
économique. Depuis de nombreuses années, les profes-
sionnels concernés réfléchissent sur ce sujet et, depuis sept
ans, une campagne est menée auprès des enfants dans les
écoles. Car ce bon usage du médicament dépend d’une
évolution des comportements de la population.
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Médicament
Balance bénéfice/risque