conversion (IEC) et des anti-angio II ; de plus, les inhibiteurs cal-
ciques ne pouvaient être ajoutés dans IDNT. Durant le suivi,
l’adaptation soigneuse du traitement antihypertenseur a permis
d’obtenir des chiffres tensionnels très voisins dans les différents
groupes de chaque étude, avec, dans les groupes placebo, une uti-
lisation un peu accrue des antihypertenseurs ne faisant pas l’ob-
jet de l’évaluation. Cependant, dans IDNT, la pression artérielle
moyenne a été légèrement, mais significativement, plus élevée
(de 3,3 mmHg) dans le groupe placebo par rapport à chacun des
deux groupes recevant un traitement actif (p = 0,001 pour les deux
comparaisons), entre lesquels il n’y avait pas de différence. Dans
RENAAL, les chiffres tensionnels n’ont été significativement dif-
férents entre les deux groupes qu’à un an (plus élevés dans le
groupe placebo, de 4 mmHg pour la systolique et de 2 mmHg
pour la diastolique). Cependant, dans les deux études, la prise en
compte de ces minimes différences tensionnelles ne modifiait pas
les résultats observés sur l’évolution de la néphropathie. Par
ailleurs, il n’y a pas eu de différence entre les groupes pour l’évo-
lution du contrôle glycémique durant le suivi.
RÉSULTATS DES ÉTUDES
Les données obtenues dans IDNT et dans RENAAL sont remar-
quablement similaires, comme l’indique le tableau II, qui pré-
sente les réductions du risque relatif pour les critères de juge-
ment. L’efficacité de l’irbésartan et du losartan pour ralentir
l’évolution de la néphropathie chez le diabétique de type 2 appa-
raît indiscutable d’après ces résultats. Il convient d’ajouter que,
pour 100 patients-années, le critère composite principal a été
observé chez 12,5 sujets sous irbésartan, 16,2 sujets sous amlo-
dipine et 15,5 sujets sous placebo dans IDNT, alors que, dans
RENAAL, les chiffres sont de 15,9 sujets sous losartan et
18,1 sujets sous placebo. L’effet des anti-angio II sur la fonction
rénale a également été mis en évidence dans les deux études par
une réduction de la protéinurie et par un ralentissement de la
baisse du taux de filtration glomérulaire. Si les événements car-
diovasculaires ont semblé peu influencés par les anti-angio II, il
faut cependant signaler que l’insuffisance cardiaque nécessitant
une hospitalisation a été réduite de 23 % sous irbésartan par rap-
port au placebo (p non publié !) et de 32 % sous losartan versus
placebo (p = 0,005). Il est aussi à noter que le risque d’infarctus
du myocarde non fatal a été réduit de 41 % sous amlodipine par
rapport au placebo (p ?). Enfin, il faut souligner la rareté des effets
indésirables graves observés attribuables aux anti-angio II : dans
IDNT, une seule élévation précoce de la créatininémie a amené
à interrompre le traitement en suspectant une sténose de l’artère
rénale, et une hyperkaliémie a entraîné l’arrêt de l’étude chez
1,9 % des sujets du groupe irbésartan contre 0,5 % pour le groupe
amlodipine et 0,4 % pour le groupe placebo (p = 0,01 pour les
deux comparaisons) ; en revanche, les patients du groupe irbé-
sartan ont présenté significativement moins d’effets indésirables
que ceux des deux autres groupes (p = 0,002). Dans RENAAL,
des effets indésirables ont également moins souvent entraîné la
sortie d’étude sous losartan (17,2 % contre 21,7 % sous placebo),
et l’élévation de la créatininémie ou de la kaliémie a été à l’ori-
gine de la sortie d’étude pour respectivement 1,5 % et 1,1 % des
sujets sous losartan et 1,2 % et 0,5 % des sujets sous placebo.
COMMENTAIRES
Ces deux études construites selon une méthodologie irréprochable
et menées avec une grande rigueur démontrent l’intérêt de l’ir-
bésartan et du losartan à fortes doses pour freiner l’évolution de
la néphropathie diabétique dans le diabète de type 2, en dehors
de tout effet tensionnel, et indiquent l’excellente tolérance de ces
traitements. Dans IDNT, la comparaison avec l’amlodipine, inhi-
biteur calcique de la famille des dihydropyridines, est à l’avan-
tage de l’irbésartan, mais la large utilisation de dihydropyridines
comme traitement associé dans RENAAL (78 % des patients dans
le groupe losartan et 81 % dans le groupe placebo) montre que
les dihydropyridines n’annulent pas les effets bénéfiques du losar-
tan. En revanche, les deux essais ne permettent pas d’expliquer
le mécanisme de la néphroprotection induite par les anti-angio II,
ni de savoir si ces molécules doivent supplanter les IEC ou s’ajou-
ter à eux chez les diabétiques de type 2 hypertendus atteints de
néphropathie. La seule étude ayant évalué comparativement, à
court terme, un IEC (lisinopril) et un anti-angio II (candésartan)
suggère un effet synergique des deux types de molécule, sans
apporter de démonstration convaincante (8).
CONCLUSION
Les anti-angio II doivent incontestablement occuper une place
majeure dans l’arsenal thérapeutique chez les diabétiques de
type 2 hypertendus, et sans doute pas seulement à un stade de
néphropathie avancée. En effet, à côté de ces deux études s’adres-
sant à des patients atteints de néphropathie évoluée, un essai de
prévention de la protéinurie chez des diabétiques de type 2 ayant
une microalbuminurie a été mené en utilisant l’irbésartan et a
donné des résultats très probants (9). L’enthousiasme né de ces
La Lettre du Cardiologue - n° 362 - février 2003
4
ÉDITORIAL
Tableau II. Résultats de l’étude IDNT et de l’étude RENAAL.
IDNT RENAAL
Durée du suivi (ans) 2,6 3,4
Critère composite principal* I vs P : – 20 % (p = 0,02) L vs P : – 16 % (p = 0,02)
I vs A : – 23 % (p = 0,006)
✔doublement de créatininémie* I vs P : – 33 % (p = 0,003) L vs P : – 25 % (p = 0,006)
I vs A : – 37 % (p < 0,001)
✔insuffisance rénale terminale* I vs P : – 23 % (p = 0,07) L vs P : – 28 % (p = 0,002)
I vs A : – 23 % (p = 0,07)
✔décès toutes causes* I vs P : – 8 % (p = 0,57) L vs P : + 2 % (p = 0,88)
I vs A : + 4 % (p = 0,80)
Événements cardiovasculaires I vs P : – 9 % (p = 0,40) L vs P : – 10 % (p = 0,26)
majeurs* I vs A : + 3 % (p = 0,79)
* Réduction du risque relatif en comparant l’irbésartan (I) avec un placebo (P) et I avec l’amlodipine (A)
pour IDNT et le losartan (L) avec P pour RENAAL. .../...