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e diabète de type 2 représente actuellement la première cause d’insuffisance rénale
terminale à travers le monde (50 % aux États-Unis) et celle ayant la plus forte pro-
gression (+ 15 % par an). Sans atteindre les valeurs absolues américaines, les don-
nées épidémiologiques en France et en Europe montrent une tendance similaire. Il
n’y a actuellement pas de traitement validé pour prévenir ou retarder la progres-
sion de la néphropathie du diabète de type 2 vers l’insuffisance rénale terminale.
La dernière session de l’American Society of Hypertension a été marquée par la présen-
tation de deux grandes études randomisées contrôlées évaluant l’effet des antagonistes des
récepteurs de l’angiotensine II (ARA2) sur la progression de la néphropathie du diabète
de type 2. Les résultats détaillés de ces deux études sont soumis à embargo jusqu’à leur
publication prochaine dans un journal médical prestigieux. Ainsi, seules quelques grandes
lignes seront discutées ici.
L’étude RENAAL (Reduction of End Points in NIDDM with the Angiotensin II Antagonist
Losartan) a inclus 1 513 patients, âgés de 31 à 70 ans, tous diabétiques de type 2 avec une
néphropathie (protéinurie et souvent hypertension artérielle), qui ont été randomisés pour
recevoir, en plus du traitement antihypertenseur conventionnel, soit du losartan (50 à
100 mg/j), soit un placebo pendant une durée moyenne de deux ans. Le critère principal
de jugement était un critère combiné : doublement de la créatinine plasmatique, survenue
d’une insuffisance rénale terminale et décès. Pour un niveau tensionnel strictement com-
parable, le losartan réduit significativement le risque combiné d’aggravation de l’insuffi-
sance rénale et de décès de 20 %, le risque d’insuffisance rénale terminale de 28 % et le
risque de doublement de la créatinine plasmatique de 25 %.
L’étude IDNT (Irbesartan in Diabetic Nephropathy Trial) a inclus 1 715 patients diabé-
tiques de type 2 avec néphropathie (protéinurie et hypertension artérielle), qui ont été ran-
domisés en trois groupes pour recevoir, en plus du traitement antihypertenseur conven-
tionnel, soit de l’irbesartan (300 mg/j), soit de l’amlodipine (10 mg/j), soit un placebo
pendant une durée moyenne de 2,6 ans. Le critère principal de jugement était le délai de
survenue d’un événement combiné : doublement de la créatinine plasmatique, insuffisan-
ce rénale terminale et décès de toute cause. Pour un contrôle tensionnel légèrement plus
bas avec l’irbesartan et l’amlodipine par rapport au placebo, l’irbesartan réduit signifi-
cativement le délai de survenue d’un événement combiné de 20 % par rapport au placebo
et de 23 % par rapport à l’amlodipine ; le délai de doublement de la créatinine plasma-
tique de 33 % par rapport au placebo et 37 % par rapport à l’amlodipine ; et enfin, le délai
d’insuffisance rénale terminale de 23 % par rapport au placebo et à l’amlodipine.
Ces études représentent une avancée importante dans la prise en charge de la néphro-
pathie du diabète de type 2. Elles démontrent pour la première fois une réduction de l’évo-
lution vers l’insuffisance rénale terminale. Dans RENAAL, le bénéfice est démontré sur un
critère de jugement “dur”, indiscutable : la mort rénale.
Dans ces deux études, l’amplitude de la réduction de la progression vers l’insuffisance
rénale terminale est comparable, ce qui sera probablement interprété comme un effet de
classe bénéfique des ARA2.
Dans RENAAL, et dans une moindre mesure, dans IDNT, la progression est ralentie pour
des valeurs tensionnelles identiques à celles des groupes placebo, ce qui démontre pour la
première fois dans ce type d’étude un effet spécifique néphroprotecteur des ARA2.
Dans IDNT, la branche amlodipine tend à avoir une évolution moins favorable que le pla-
cebo pour un niveau tensionnel plus bas. Cela confirme que l’effet rénal des différentes
classes de médicaments antihypertenseurs n’est pas identique et confirme les résultats pré-
liminaires de AASK. On peut noter en revanche que dans RENAAL, plus de 50 % des
malades de deux groupes recevaient une dihydropyridine et que l’effet bénéfique du losar-
tan était retrouvé malgré ce traitement.
Éditorial
Éditorial
Traitement par
ARA2 dans la
prise en charge
de la néphro-
pathie du
diabète de
type 2
Thierry Hannedouche*
* Service de néphrologie, CHU de
Strasbourg.
Act. Méd. Int. - Hypertension (13), n° 6, juin 2001
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