Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (IX), n° 5, septembre/octobre 2005
✓Rôle des hormones de contre-régu-
lation :
●
Le glucagon : c’est le rapport insu-
line/glucagon (I/G) qui détermine
l’orientation métabolique du méta-
bolisme hépatique vers un état ana-
bolique (I/G élevé) ou catabolique
(I/G bas). Dans l’acidocétose, le
rapport I/G est bas.
●
Le cortisol : son action inclut une
stimulation de la lipolyse, de la
protéolyse avec une augmentation
des acides aminés circulants pré-
curseurs de la gluconéogenèse,
l’induction des enzymes hépatiques
de la gluconéogenèse et l’inhibition
de l’utilisation périphérique du
glucose.
L’acidocétose s’installe rarement en
quelques heures (enfant, pompe),
mais le plus souvent en 2 à 3 jours.
Clinique
Cétose
Le tableau clinique comporte un
symptôme cardinal : l’amaigrisse-
ment. S’y associent quelquefois des
troubles visuels. Les signes digestifs
évocateurs de cétose sont également
présents (nausées, vomissements,
crampes abdominales, anorexie,
etc.). Le diagnostic de cétose diabé-
tique est établi sur la présence d’une
hyperglycémie associée à une céto-
némie ou à une cétonurie positive.
Le pH sanguin reste normal.
Acidocétose
En cas d’acidocétose, les manifesta-
tions cliniques de la cétose sont plus
marquées. On constate une dyspnée
de Küssmaul caractérisée par une
respiration ample, profonde,
bruyante, et assez rapide (30 à
45/mn). L’état de conscience est
quelquefois normal (20 %), le plus
souvent stuporeux, avec parfois
confusion, mais rarement coma
hypotonique calme, sans signe de
localisation (10 % des cas). La
déshydratation est le plus souvent
extracellulaire (pli cutané, hypotonie
des globes oculaires, hypotension
artérielle). Une déshydratation mixte
est assez fréquente avec une note
intracellulaire (sécheresse des
muqueuses). Le syndrome abdomi-
nal est le plus souvent secondaire à
l’acidocétose mais, dans de rares cas,
il peut masquer une lésion digestive
primitive (parfois à l’origine de la
décompensation acidocétosique).
Les critères biologiques sont les sui-
vants :
✓
glycémie entre 3 et 7 g/l ;
✓
bicarbonates veineux inférieurs à
15 mEq/l ;
✓
pH artériel inférieur à 7,30 ;
✓
cétonémie et/ou cétonurie (> ++) ;
✓
hypocapnie (par hyperventilation) ;
✓
kaliémie variable ;
✓
parfois pseudo-hyponatrémie. Pour
calculer la natrémie corrigée avec
expression de la glycémie en g/l : Na
corrigée = Na mesurée + 1,6 x (gly-
cémie-1). Si la glycémie est expri-
mée en mmol/l : Na corrigée = Na
mesurée + 0,3 x (glycémie-5) ;
✓
hyperlipémie majeure ;
✓
déficit en calcium, phosphore et
magnésium (importance pratique
limitée) ;
✓
trou anionique augmenté propor-
tionnellement à l’acétonémie (il est
dû aux anions imposés ß-hydroxy-
butyrate et acéto-acétate) ;
✓
hyperleucocytose (en l’absence
d’infection) ;
✓
insuffisance rénale fonctionnelle ;
✓
augmentation des enzymes pan-
créatiques, hépatiques et cardiaques
en l’absence d’atteinte spécifique de
ces organes.
La recherche d’un facteur déclen-
chant est primordiale (radio du tho-
rax, ECG, hémoculture, NFS,
ECBU, etc.).
Conduite à tenir
Insulinothérapie
Une insulinothérapie à action rapide
est administrée par voie intravei-
neuse continue à la dose de
0,1 U/kg/h, tant que la glycémie est
supérieure à 2 g/l. Passé ce cap, les
besoins en insuline diminuent en
moyenne de moitié et la dose est
généralement réduite à 0,05 U/kg/h
jusqu’à la correction de la déshydra-
tation et de la cétose. Le relais est
ensuite pris par un schéma multi-
injections sous-cutanées d’insuline
par jour pendant 24 à 72 heures.
Réhydratation
Le volume à perfuser doit tenir
compte de la perte du poids (si elle est
connue) à laquelle il faut ajouter les
besoins journaliers de base (1,5 à
2l/j). Le volume total (4 à 7 l) est à
passer pour moitié sur les 8 premières
heures et pour moitié sur les 16 heures
suivantes. Ce volume est réajusté en
cours de réanimation en fonction de la
tolérance clinique. En cas d’hyperos-
molarité associée, ou chez les sujets
âgés, il est prudent d’étaler l’apport
volumique sur une plus longue
période allant de 48 à 72 heures.
Correction électrolytique
L’apport de sodium par perfusion de
sérum physiologique est en général
suffisant. Celui en potassium doit
être initié précocement, dès le début
de l’insulinothérapie si la kaliémie
est inférieure à 4 mmol/l. La quan-
tité à administrer est adaptée à
l’évolution de la kaliémie, mesurée
toutes les 2 à 4 heures.
Les bicarbonates
L’apport de bicarbonate intravei-
neux n’est indiqué que si le pH est
inférieur à 7,0.
Traitement de la cause
déclenchante
Il est un préalable à l’efficacité des
autres traitements.
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en endocrinologie, diabétologie
et maladies métaboliques
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