T R I B U N E Mitoxantrone et cancer de prostate métastatique hormonorésistant – Le point en 2003 ● S. Culine* n 2003, la mitoxantrone (Novantrone®) demeure la seule molécule cytotoxique i.v. ayant obtenu l’AMM dans le cancer de la prostate métastatique en phase d’hormonorésistance (figure). Elle est en effet la seule molécule pour laquelle ait été démontré un impact positif sur le contrôle des symptômes et la qualité de vie des patients dans deux études de phase III (1, 2). E Première ligne d’hormonothérapie en échec (augmentation du PSA) Contrôle de la testostéronémie Arrêt de l’anti-androgène Poursuite de l’augmentation du PSA Symptomatique Asymptomatique ESSAI THÉRAPEUTIQUE Hormonothérapie de 2e ligne Envisager : Mitoxantrone + hydrocortisone Radiothérapie métabolique Traitements locaux (radiothérapie externe, chirurgie si risque de fracture ou de compression) Figure 1. Attitude pratique en phase d’hormonorésistance : la place de la mitoxantrone. En prescrivant la mitoxantrone, le clinicien peut attendre, pour le patient ayant une répercussion symptomatique de la maladie : – une réponse palliative objective, c’est-à-dire une réduction des symptômes douloureux, sans augmentation des médications antalgiques, dans environ 30 % des cas, pendant une durée médiane de 10 mois ; – une amélioration de la qualité de vie au niveau de plusieurs symptômes et domaines fonctionnels ; – une toxicité très modérée, adaptée à l’état général des patients ; – une absence de répercussion sur la survie médiane. Il est évident que ces résultats modestes ne peuvent satisfaire pleinement le clinicien, qui demeure en attente de progrès complémentaires. Les études de phase II menées avec d’autres molécules cytotoxiques, comme le docétaxel ou la vinorelbine, apparaissent, dans ce contexte, intéressantes. Les résultats des essais de phase III permettront d’évaluer leur impact réel sur la qualité de vie et la quantité de vie des patients, en fonction du stade de leur maladie. Il restera alors à les intégrer dans une stratégie optimale d’utilisation dans la mesure où il est vraisemblable que les patients seront amenés à recevoir plusieurs lignes de chimiothérapie successives. ■ R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Kantoff PW, Halabi SH, Conaway M et al. Hydrocortisone with or without mitoxantrone in men with hormone-refractory prostate cancer : results of the Cancer and Leukemia Group B 9182 study. J Clin Oncol 1999 ; 17 : 2506-13. 2. Tannock IF, Osoba D, Stockler MR et al. Chemotherapy with mitoxantrone plus prednisone or prednisone alone for symptomatic hormone-resistant prostate cancer : a Canadian randomized trial with palliative endpoints. J Clin Oncol 1996 ; 14 : 1756-64. * Département d’oncologie médicale, CRLC Val d’Aurelle, Montpellier. 162 La Lettre du Cancérologue - Volume XII - no 4 - juillet-août 2003