La Lettre du Rhumatologue • N° 352 - mai 2009 | 11
rEVUE dE PrESSE
Le développement de l’ustekinumab en thérapeutique paraît très rapide, avec la publica-
tion de 4 grands essais multicentriques en 2007 et 2008, dans le domaine du psoriasis et
de la maladie de Crohn (1-4), et plus récemment encore, avec un premier essai dans le
rhumatisme psoriasique périphérique (5).
Pour le psoriasis
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(1), après une première étude de phase II favorable, 2 études de
phase III, PHŒNIX 1 et PHŒNIX 2 (2, 3), ont inclus respectivement 766 et 1 230 patients
atteints d’un psoriasis modéré à sévère, et ayant reçu en sous-cutané soit 45 mg, soit 90 mg
d’uste kinumab, aux semaines 0 et 4, puis toutes les 12 semaines, soit un placebo. Le critère
principal de jugement était la proportion de patients répondeurs PASI 75 (diminution d’au
moins 75 % du score d’activité du psoriasis nommé PASI) à la semaine 12. Dans PHŒNIX 2,
avec les 2 premières injections d’ustekinumab, la proportion de répondeurs était de 66,7 %
avec 45 mg, et de 75,7 % avec 90 mg, tandis qu’elle n’était que de 3,7 % sous placebo,
les différences avec le groupe placebo étant très significatives. Des proportions quasi iden-
tiques ont été notées dans PHŒNIX 1. Dans PHŒNIX 2, il a été observé que, pour les
patients répondeurs partiels (amélioration du PASI de 50 à 75 %), une augmentation de la
fréquence d’injection (toutes les 8 semaines au lieu de toutes les 12 semaines) s’accompa-
gnait d’un gain net de vrais répondeurs à la semaine 28, mais uniquement dans le groupe
90 mg. Cela suggère qu’il peut être nécessaire d’aller jusqu’à ce régime d’administration
de 90 mg toutes les 8 semaines. La tolérance a été bonne, avec une proportion d’effets
indésirables et d’effets indésirables sévères identique dans les 2 groupes ustekinumab et
dans le groupe placebo.
Pour la maladie de Crohn,
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un essai randomisé portant sur 104 patients ayant des
formes modérées à sévères a comparé au placebo, en cross-over, 2 voies d’administration
de l’ustekinumab (s.c. et i.v.), à 2 fréquences d’injection différentes sur 3 semaines (4). Aux
semaines 4 et 6, la proportion de répondeurs était supérieure dans les groupes ustekinumab,
comparativement au groupe placebo (53 % et 30 % ; p = 0,02) ; la différence n’était plus
significative à la semaine 8. La réponse a semblé encore meilleure chez les patients en
échec préalable à l’infliximab.
L’essai dans le rhumatisme psoriasique
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a inclus 146 patients ayant au moins 3 arti-
culations douloureuses et gonflées, et au moins 1 plaque de psoriasis de 2 cm (5). Soixante-
seize patients (groupe 1) ont reçu 4 injections sous-cutanées d’ustekinumab à 1 semaine
d’intervalle, suivies d’une injection de placebo aux semaines 12 et 16 ( cross-over), et
l’autre groupe (groupe 2) a suivi un schéma inverse, débutant par le placebo. La dose
était de 90 mg pour les 17 premiers patients du groupe 1, puis de 63 mg pour tous
les autres (réduction due à des modifications dans la préparation du produit). La durée
moyenne du rhumatisme psoriasique était d’un peu plus de 5 ans ; 60 % des patients
avaient connu l’échec préalable d’au moins 1 traitement de fond, 16 % d’un immuno-
suppresseur autre, et 27 % d’un agent biologique (dont un anti-TNFα pour plus de la
moitié d’entre eux) ; 20 % des patients recevaient un traitement concomitant par du
méthotrexate. La proportion de répondeurs ACR 20 à la semaine 12 a été de 42 % dans
le groupe 1 versus 14 % dans le groupe 2 (p = 0,0002). Des différences significatives
étaient également observées avec les réponses ACR 50 et ACR 70. Le cross-over était en
faveur d’une efficacité du même ordre de grandeur pour la réponse ACR 20, peut-être
légèrement inférieure pour la réponse ACR 70. Tous les critères secondaires d’évaluation
rhumatologique (HAQ, réponse EULAR, appréciation globale, etc.), ainsi que le psoriasis
lui-même, ont été significativement améliorés à la semaine 12 dans le groupe actif,
comparativement au placebo. La tolérance a été bonne là encore, avec une proportion
de patients ayant connu au moins 1 effet indésirable de 61 % dans le groupe 1 versus
63 % dans le groupe 2 – pas d’événement grave dans le groupe 1 contre 4 % dans le
groupe 2 à la semaine 12 –, les infections ayant touché respectivement 36 % et 30 %
des patients, sans infection sérieuse dans chacun des groupes.
P. Claudepierre, Créteil
Commentaire
Ces études confirment le potentiel très intéressant
de cette molécule anti-IL-12/IL-23 dans cette sphère
d’affections. Les développements en cours vont
pouvoir préciser le dosage optimal de la molécule,
ainsi que sa fréquence optimale d’injection, et bien
entendu sa tolérance à plus long terme.
Références bibliographiques
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clonal antibody for the treatment of psoriasis. N Engl J Med
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2. Leonardi CL, Kimball AB, Papp KA et al. PHOENIX 1
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human interleukin-12/23 monoclonal antibody, in patients
with psoriasis: 76-week results from a randomised, double-
blind, placebo-controlled trial (PHOENIX 1). Lancet 2008;
371:1665-74.
3. Papp KA, Langley RG, Lebwohl M et al.; PHOENIX 2
study investigators. Efficacy and safety of ustekinumab, a
human interleukin-12/23 monoclonal antibody, in patients
with psoriasis: 52-week results from a randomised, double-
blind, placebo-controlled trial (PHOENIX 2). Lancet 2008;
371:1675-84.
4. Sandborn WJ, Feagan BG, Fedorak RN et al.; Ustekinumab
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5. Gottlieb A, Menter A, Mendelsohn A et al. Ustekinumab, a
human interleukin-12/23 monoclonal antibody for psoriatic
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cross over trial. Lancet 2009;373:633-40.