es essais cliniques constituent une étape essentielle du déve-
loppement d’un médicament, compte tenu de leur durée, de
leur coût, et des conséquences en termes d’obtention des
autorisations de commercialisation.
La réalisation d’un essai clinique repose sur la collecte d’un volume
important de données, impliquant de nombreux acteurs : praticiens,
hôpitaux, industriels, agences gouvernementales... Ces informations
sont classiquement consignées dans un cahier d’observation (CRF)
par les investigateurs, contrôlées et validées par des assistants de
recherches cliniques (ARC), intégrées dans une base de données,
analysées puis soumises aux agences gouvernementales et aux
revues scientifiques. L’importance du travail d’écriture, les mul-
tiples déplacements des ARC vers les différents centres investiga-
teurs, les difficultés de recrutement des patients allongent d’autant
la durée de l’étude et retardent la mise sur le marché du produit.
La mise en ligne des essais cliniques pourrait permettre d’accélérer
leur réalisation.
La réalisation pratique d’un essai en ligne
L’idée générale est de se passer du support papier. Quel médecin
investigateur n’a jamais été effrayé en recevant les volumineux dos-
siers d’investigation tripliqués ? Qui n’a jamais été agacé par les
questions d’un assistant de recherche clinique chargé du monitoring
de l’étude, demandant une précision plusieurs semaines, parfois plu-
sieurs mois après une consultation ? L’essai clinique en ligne, c’est
d’abord un CRF électronique, qui permet d’une part de se sevrer des
volumineux dossiers d’investigation “papier”, d’autre part, et peut-
être surtout, de modifier considérablement le travail de monitoring.
En effet, une partie du
monitoring de l’essai se
fera de façon automa-
tique : validation des
critères d’inclusion et
d’exclusion nécessaires
avant de disposer de la
suite du questionnaire,
impossibilité de pour-
suivre sans avoir rempli
certaines cases... Pour
les éléments plus complexes, le monitoring pourra se faire en ligne,
les CRF étant suivis à distance, en direct ou léger différé, ce qui per-
mettra à un ARC de questionner rapidement l’investigateur sur un
point litigieux. Par ailleurs, le CRF électronique simplifiera consi-
dérablement les procédures d’alerte concernant la déclaration d’un
effet secondaire.
Enfin, afin d’archiver un exemplaire papier qui, dans l’état actuel
des textes officiels, doit être conservé par l’investigateur, on pourra
éventuellement l’imprimer en fin de visite.
Participer à un essai cli-
nique en ligne nécessite-
t-il de disposer d’un ordi-
nateur connecté au Net
dans sa salle de consulta-
tion ? Pas obligatoire-
ment... Des sociétés,
comme Biostat, déjà
connue pour la réalisa-
tion de dossiers médi-
caux électroniques, pro-
posent d’intégrer le CRF électronique sur des agendas électroniques,
type PalmPilot, la connexion se faisant automatiquement après la
consultation en posant simplement le PalmPilot sur son support !
Des projets plus futuristes existent également. On pourrait ainsi
concevoir un “monitoring patient” en ligne, grâce à des capteurs
placés sur le patient pouvant enregistrer certaines données (fréquence
cardiaque, respiratoire, PO
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...), les transmettre à intervalle déterminé,
et alerter directement le centre d’investigation en cas de problème.
Nous avons connu les études in vitro, les études in vivo... voici venir
le temps des essais “in silico”.
L’aide au recrutement des patients
Divers éléments peuvent contribuer à faciliter le recrutement des
patients.
Plusieurs sites, tel www.essaiscliniques.com, diffusent une information
sur les essais cliniques destinée au grand public. On y aborde le principe
d’un essai, son caractère indispensable et son apport dans le progrès
scientifique et médical, les conditions de sa réalisation et l’encadrement
légal. Certains de ces sites proposent également une liste d’essais cli-
niques, classés par pathologie et contenant des informations sur les pro-
duits testés, où les visiteurs désireux de participer à un essai clinique les
concernant potentiellement peuvent s’inscrire grâce à un formulaire
électronique. Les informations sont alors transmises aux promoteurs des
essais. Déjà actifs dans
les pays d’Amérique du
Nord, ces types de sites
pourraient rapidement se
mettre en place en
France, puisqu’un avis
positif du Conseil de
l’ordre a été donné. Ce
mode de recrutement
pourrait être particulière-
ment adapté pour trouver
des volontaires pour les
essais de phase I.
CETTE RUBRIQUE A ÉTÉ CRÉÉE AVEC LE SOUTIEN DE PHARMACIA
Les essais cliniques en ligne
!T. Schaeverbeke*
La Lettre du Rhumatologue - n° 276 - novembre 2001
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L
*Service de rhumatologie du Pr Dehais,
Groupe hospitalier Pellegrin, 6, place Amélie-Raba-Léon,
33076 Bordeaux Cedex.