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Il peut paraître évident que l’abord chirurgical d’une cochlée
entraîne des modifications histologiques à type de fibrose
et d’ossification. La question est de connaître les répercussions cli-
niques de ces modifications tissulaires après pose d’un implant
cochléaire. Le travail de l’auteur a porté sur 11 paires de rochers
provenant de patients implantés cochléaires. L’os qui n’était pas
le siège de l’implantation servait de témoin. Les indications de pose
d’implant étaient diverses : essentiellement otospongiose et mala-
die de Ménière. Sur les 11 pièces étudiées, 4 sont apparues comme
normales. Sur les autres rochers, les auteurs ont observé une défor-
mation sacculaire, une fibrose vestibulaire, ou une atteinte utricu-
laire, voire une atteinte d’un canal semi-circulaire. Ils ont aussi
observé des anomalies sur les cochlées non implantées, ce qui est
plus en faveur d’une atteinte bilatérale de la maladie causale que
d’une conséquence de l’implant. L’auteur explique l’atteinte sac-
culaire préférentielle par sa proximité du tour basal de la cochlée.
Dans une étude de Eisenberg et al., la preuve n’est pas faite que
l’implant cochléaire affecte significativement le système vestibu-
laire. En revanche, Van Den Broeck rapporte un syndrome vesti-
bulaire chez quelques sujets implantés cochléaires ; il suggère que
ce dysfonctionnement, qui existe chez 60 % des implantés
cochléaires, est dû à une atteinte du liquide endolymphatique. Dans
l’étude de Tien, 55 % des pièces de rochers étaient modifiés sur le
plan histologique, mais seulement trois sujets avaient présenté des
vertiges au moment de l’implantation cochléaire.
Il ressort de cette étude que les constatations histologiques sur
l’appareil vestibulaire après implantation n’expliquent pas les
syndromes vestibulaires que l’on peut observer. Les dysfonctions
vestibulaires, quand elles existent, sont mises en évidence par les
vidéonystagmographies dans le bilan préimplantation, cet exa-
men permettant d’orienter le côté de l’implantation, lorsque tous
les autres examens montrent une atteinte symétrique de l’appa-
reil cochléaire.
W. El Bakkouri
ABSTRACTS
30
La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no280-281 - février-mars 2003
Modifications histopathologiques de l’appareil vestibulaire
après implantation cochléaire
Histopathologic changes in the vestibule after cochlear implantation.
Hui-Chi Tien et al. •Otolaryngol Head Neck Surg 2002 ; 127 : 260-4.
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Le pseudokyste de l’oreille externe ou “chondromalacie
idiopathique” est une lésion bénigne indolore unilatérale,
qui se développe typiquement à la face antérieure du pavillon de
l’oreille chez l’homme jeune. L’auteur présente dans cet article
son expérience du traitement des pseudokystes du pavillon chez
41 patients, dont 88 % d’hommes âgés de 40 ans en moyenne, à
l’hopital de Singapour, en 2000 et 2001. Dans la littérature, on
retrouve deux hypothèses étiopathogéniques : séquelle d’un trau-
matisme initial – mais en fait l’anamnèse des patients ne retrouve,
en général, aucune notion de traumatisme dans les antécédents
–, ou dysplasie congénitale embryologique. L’auteur avance
l’hypothèse inflammatoire. Dans cette série de 41 patients, trois
présentaient une lésion bilatérale, dont deux étaient métachrones
(apparus respectivement à 1 mois et à 4 mois d’intervalle). Tous
les patients ont bénéficié d’une exérèse réglée sous anesthésie
locale, par une incision cutanée à la face antérieure de l’hélix,
avec application de bourdonnets pour comprimer en sandwich
les faces antérieure et postérieure de la conque. Les fils des bour-
donnets sont retirés à J5. Les particularités de cette lésion en font
une pathologie de diagnostic aisé : lésion molle indolore, unila-
térale, développée préférentiellement à la partie concave du
pavillon, chez un homme jeune, récidivant très rapidement après
ponction. Les diagnostics différentiels sont les nodules de chon-
drodermatite de l’hélix, les hématomes sous-périchondraux...
L’objectif thérapeutique est l’absence de récidive après exérèse
complète, avec respect et restauration d’une architecture normale.
L’abstention thérapeutique est responsable, comme la lésion gros-
sit, d’une destructuration du cartilage, rendu moins souple. Le pré-
judice esthétique après exérèse tardive peut ne pas être rattrapable.
Les alternatives thérapeutiques sont l’injection intralésionnelle
de corticoïdes, la prise de corticoïdes par voie générale, l’aspi-
ration simple du liquide ; mais aucune de ces techniques n’a
prouvé son efficacité. En conclusion, le pseudokyste du pavillon
est une tumeur bénigne qui doit être réséquée dans tous les cas,
du fait de son agressivité locale sur le cartilage.
W. El Bakkouri
Pseudokyste du pavillon de l’oreille
Pseudocyst of the auricle. Lim CM et al. •Laryngoscope 2002 ; 112 : 2033-6.