réalisation d’une trachéotomie, surtout en terrain irradié. Les
infections et les désunions sont plus fréquentes chez le sujet irra-
dié, avec un risque de rupture carotidienne associé. Enfin, les
séquelles douloureuses de l’épaule, fréquentes, sont consécutives
à une diminution de l’innervation du muscle trapèze par section
du XI ou de son anastomose avec le plexus cervical ou secon-
daires à une capsulite rétractile.
●Le sujet du dernier exposé de cette table ronde, présenté par
L. Laccourreye (Angers), était les complications de la chirurgie
partielle du larynx. Les taux de complications de la chirurgie par
voie endoscopique au laser varient de 0,2 % pour les séries ger-
maniques à 18,9 % dans une série espagnole, indiquant sans doute
que cette chirurgie nécessite de l’entraînement. Dans cette der-
nière série, cinq décès ont été observés, consécutifs à des troubles
de la déglutition et à des hémorragies postopératoires, notam-
ment en cas d’extension à la loge HTE ou à la base de langue. La
chirurgie partielle verticale se complique volontiers d’hématomes
ou de séromes qui sont une source d’infection secondaire. La pré-
vention des sténoses repose sur un amarrage de l’épiglotte de
bonne qualité, et la réalisation d’une plastie de bande ventricu-
laire permet d’améliorer la qualité vocale. La chirurgie supracri-
coïdienne est à l’origine de 12 % de morbidité. Un lâchage de
pexie doit être évoqué devant une inhalation massive ou un flot
de salive extériorisé par l’orifice de trachéotomie et une distance
os hyoïde/os cricoïde supérieure à 4 cm. Le diagnostic de certi-
tude repose sur les clichés standard cervicaux avant reprise chi-
rurgicale. La survenue de laryngocèles peut être prise en charge
par voie endoscopique, associant une marsupialisation et un avi-
vement de la cavité à l’acide trichloracétique. Les sténoses peu-
vent être secondaires à un déplacement de la pexie, à une réci-
dive tumorale, à une décanulation trop tardive. La prévalence des
troubles de la déglutition varie de 1,6 à 38 % selon les séries, leur
prise en charge reposant sur la réalisation d’une gastrostomie et
d’une trachéotomie, voire de la totalisation secondaire de la laryn-
gectomie si nécessaire. La chirurgie partielle supraglottique se
complique essentiellement de pneumopathies d’inhalation, néces-
sitant une évaluation de la fonction respiratoire préopératoire. La
reprise alimentaire est souvent retardée, lorsque l’exérèse inté-
resse une partie d’un aryténoïde, du sinus piriforme ou de la base
de langue. Devant des troubles ventilatoires persistants, une tra-
chéotomie est nécessaire dans 2 à 29 % des cas. La chirurgie par-
tielle en terrain irradié est grevée d’un taux de complications plus
élevé et impose souvent la réalisation d’une gastrostomie systé-
matique. L’irradiation postopératoire est responsable de 3 % des
décès, dus à des sténoses laryngées, à des sténoses de la bouche
œsophagienne ou à une radionécrose laryngée.
COMPLICATIONS PER- ET POSTOPÉRATOIRES
DE LA CHIRURGIE DES SINUS
(table ronde modérée par J.P. Fontanel,
avec la participation de C. Ferron, O. Malard et X. Dufour)
●Le premier exposé de cette table ronde, présenté par J.P. Fon-
tanel (Poitiers), avait pour thème l’évaluation préopératoire avant
chirurgie endonasale. L’indication opératoire doit prendre en
compte l’association d’un terrain allergique, les anomalies muco-
ciliaires, et ne doit être portée qu’après 6 mois à un an de traite-
ment médical chez un patient sevré du tabac. L’examen tomo-
densitométrique préopératoire s’attache à évaluer le volume des
cavités aériennes, les variations anatomiques du méat moyen, la
jonction du toit de l’ethmoïde, la situation de la carotide interne
et du nerf optique, la taille du récessus frontal. Le patient doit
être clairement informé du but de l’intervention, du type et de la
fréquence des soins postopératoires et de la nécessité d’un trai-
tement médical postopératoire sans limite de durée. Aucune étude
n’a permis de mettre en évidence l’intérêt des antibiotiques et des
corticostéroïdes préopératoires dans un but de préparation de la
muqueuse à l’intervention.
●Le second exposé, présenté par C. Ferron (Nantes), portait sur
les incidents peropératoires de cette chirurgie. Les complications
hémorragiques doivent être prévenues par un méchage préopé-
ratoire soigneux, s’aidant au besoin de cotonnettes, notamment
au niveau du méat moyen. Les plaies artérielles au niveau de la
sphénopalatine, lors de l’agrandissement de la méatotomie
moyenne en arrière ou de la résection du cornet moyen, nécessi-
tent souvent une coagulation à la bipolaire. Les plaies de l’artère
ethmoïdale antérieure peuvent se rétracter dans l’orbite, avec un
risque d’hématome orbitaire. Les complications orbitaires se divi-
sent en cinq stades et doivent être prévenues par une surveillance
permanente de l’œil. L’effraction de la lame papyracée lors de
l’unciformectomie impose seulement des précautions lors du
mouchage en postopératoire. L’ouverture de la péri-orbite impose
l’arrêt du geste et un méchage sous couverture antibiotique
lorsque l’issue de graisse est importante. L’atteinte du droit
médial entraîne une diplopie et un risque d’hématome rétrobul-
baire. L’atteinte du nerf optique peut survenir lors de l’abord de
l’ethmoïde postérieur ou du sphénoïde. Enfin, l’hémorragie
intraorbitaire est caractérisée par la survenue d’une exophtalmie
hypertonique avec mydriase. Les complications méningées sur-
viennent principalement dans trois régions, à la jonction entre la
paroi postérieure du sinus frontal et du toit, à la jonction entre la
lame criblée et le cornet moyen, et à la jonction entre la dernière
cellule et le toit de l’ethmoïde. Une brèche de moins de 3 mm
peut être réparée par un simple lambeau de muqueuse ; au-delà
de cette taille, une greffe cartilagineuse ou osseuse doit être asso-
ciée. Certaines équipes proposent aussi une plastie par de la
graisse abdominale, maintenue en place par du silastic. Il n’existe
pas de consensus concernant l’antibioprophylaxie en cas de
brèche méningée. Les complications lacrymales, lorsqu’elles sont
mises en évidence lors de l’intervention, peuvent bénéficier d’une
intubation bicanaliculaire.
●Dans l’exposé suivant, O. Malard (Nantes) abordait le pro-
blème des mucocèles postopératoires. Plus de 70 % des muco-
cèles sont, en effet, consécutives à un acte opératoire, et le taux
de mucocèles compliquant la chirurgie de la polypose nasosinu-
sienne est de 1,1 %. Par ordre de fréquence, elles touchent la
région ethmoïdofrontale, le sinus maxillaire, puis le sphénoïde et
l’ethmoïde postérieur. Le rôle de l’infection dans leur pathogé-
nie n’est pas très clair. Leur bilan iconographique repose sur l’exa-
men tomodensitométrique, éventuellement complété par l’IRM
dans les formes qui touchent la base du crâne. Leur traitement
repose sur la marsupialisation par voie endonasale, lorsqu’elle
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no288 - décembre 2003