A C T U A L I T É Compte-rendu de la Journée ORL de l’Ouest Abstracts of the French Western ENT Meeting ● B. Bourgeois* Mots-clés : Complications - Chirurgie cervicofaciale. Keywords: Complications - Surgery - Head and neck. a réunion d’automne des ORL de l’Ouest, organisée par les Prs C. Beauvillain de Montreuil et P. Bordure, s’est tenue le samedi 11 octobre au centre des Salorges, à Nantes. Le thème retenu pour cette journée était “Les complications per- et postopératoires de la chirurgie cervicofaciale”. Chaque demi-journée était elle-même divisée en plusieurs tables rondes abordant successivement la chirurgie cervicofaciale, la chirurgie des sinus, les aspects médico-légaux, la chirurgie ORL pédiatrique, la chirurgie otologique ; enfin, quelques cas cliniques marquants ont clôturé les exposés de cette journée. L COMPLICATIONS PER- ET POSTOPÉRATOIRES DE LA CHIRURGIE CERVICALE ET CERVICOFACIALE (table ronde modérée par C. Beauvillain de Montreuil, avec la participation de G. Leclec’h, G. Potard et L. Laccourreye) La journée s’est ouverte avec l’exposé de C. Beauvillain de Montreuil (Nantes) sur les complications de la chirurgie parotidienne et leur prévention. La paralysie faciale périphérique est souvent liée à des difficultés de dissection, que l’on rencontre essentiellement sur les parotidites chroniques, dans les reprises chirurgicales ou lorsqu’il existe un envahissement macroscopique du nerf par les tumeurs malignes. La prévention de ce type d’accident repose sur la maîtrise de la technique de dissection rétrograde du VII, lorsque son repérage par voie classique se heurte à des difficultés. Le monitoring du VII par Neurosign ou NIM est à réserver aux reprises chirurgicales ou lorsque des difficultés de dissection sont prévisibles. Les hématomes postopératoires imposent une reprise chirurgicale afin d’éviter une nécrose cutanée. Les séquelles esthétiques, à type de dépression rétromandibulaire, peuvent bénéficier d’un comblement secondaire par de la graisse. La préservation du SMAS, lorsqu’elle est possible, permet de limiter ce creux disgracieux. Des fistules salivaires sont rarement observées, et leur prise en charge repose sur la ● * Service ORL, CHU, 1, place Alexis-Ricordeau, 44000 Nantes. 14 ponction à l’aiguille associée à un pansement compressif. Les séquelles douloureuses sont fréquentes ; elles peuvent correspondre à un syndrome algodysfonctionnel de l’appareil manducateur, à des douleurs de désafférentation ou à un névrome du plexus cervical superficiel. Le traitement du syndrome de Frei relève d’injections intradermiques de toxine botulique à la dose de 2,5 UI/cm2 de peau intéressée. ● L’exposé suivant, par G. Leclec’h (Rennes), était centré sur les complications de la thyroïdectomie. La mortalité de cet acte chirurgical, par hématome compressif, varie de 0,3 à 0,5 %. La fréquence des atteintes récurrentielles est de 1 à 5 % en cas de goitre plongeant, à différencier des goitres endothoraciques, imposant souvent une dissection par voie rétrograde. La correction chirurgicale des paralysies laryngées unilatérales ne doit pas être entreprise avant un délai de 10 à 12 mois. Une attention particulière doit être apportée à la rééducation orthophonique, qui doit éviter la surcompensation supraglottique. En cas d’atteinte bilatérale, les patients sont réintubés pendant 24 à 48 heures ; passé ce délai, une décision soit de trachéotomie, soit d’agrandissement de la filière glottique par cordotomie postérieure doit être prise. La fréquence des atteintes parathyroïdiennes varie de 2,3 à 5,6 % en cas de cancer de la thyroïde. La prévention de ce type d’atteinte repose moins sur le repérage de ces glandes que sur le respect de leur vascularisation par l’artère thyroïdienne inférieure. L’hypocalcémie observée au cours des trois premiers jours est le plus souvent transitoire, définitive dans environ 20 % des cas, imposant une supplémentation par vitamine D. La durée de ce traitement est difficile à préciser. ● Le troisième exposé de la matinée, présenté par G. Potard (Brest), traitait des complications des curages ganglionnaires. Les complications hémorragiques immédiates les plus préoccupantes concernent surtout les plaies jugulaires à la base du cou ou les plaies carotidiennes, ces dernières étant surtout l’apanage des curages en terrain irradié. L’hématome postopératoire impose une reprise chirurgicale rapide afin de ne pas entrer dans le cercle vicieux de la CIVD. Les dommages nerveux, chez un opérateur expérimenté, sont rarement involontaires. Les lymphorragies par section du canal thoracique doivent être prévenues par lymphoplastie au fil non résorbable. Leur découverte en période postopératoire impose des ponctions soustractives, un pansement cervical compressif, un régime hypolipidémiant et une reprise chirurgicale si un tarissement n’est pas observé dans les 10 jours qui suivent. L’apparition d’un tirage postopératoire impose la La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 288 - décembre 2003 réalisation d’une trachéotomie, surtout en terrain irradié. Les infections et les désunions sont plus fréquentes chez le sujet irradié, avec un risque de rupture carotidienne associé. Enfin, les séquelles douloureuses de l’épaule, fréquentes, sont consécutives à une diminution de l’innervation du muscle trapèze par section du XI ou de son anastomose avec le plexus cervical ou secondaires à une capsulite rétractile. ● Le sujet du dernier exposé de cette table ronde, présenté par L. Laccourreye (Angers), était les complications de la chirurgie partielle du larynx. Les taux de complications de la chirurgie par voie endoscopique au laser varient de 0,2 % pour les séries germaniques à 18,9 % dans une série espagnole, indiquant sans doute que cette chirurgie nécessite de l’entraînement. Dans cette dernière série, cinq décès ont été observés, consécutifs à des troubles de la déglutition et à des hémorragies postopératoires, notamment en cas d’extension à la loge HTE ou à la base de langue. La chirurgie partielle verticale se complique volontiers d’hématomes ou de séromes qui sont une source d’infection secondaire. La prévention des sténoses repose sur un amarrage de l’épiglotte de bonne qualité, et la réalisation d’une plastie de bande ventriculaire permet d’améliorer la qualité vocale. La chirurgie supracricoïdienne est à l’origine de 12 % de morbidité. Un lâchage de pexie doit être évoqué devant une inhalation massive ou un flot de salive extériorisé par l’orifice de trachéotomie et une distance os hyoïde/os cricoïde supérieure à 4 cm. Le diagnostic de certitude repose sur les clichés standard cervicaux avant reprise chirurgicale. La survenue de laryngocèles peut être prise en charge par voie endoscopique, associant une marsupialisation et un avivement de la cavité à l’acide trichloracétique. Les sténoses peuvent être secondaires à un déplacement de la pexie, à une récidive tumorale, à une décanulation trop tardive. La prévalence des troubles de la déglutition varie de 1,6 à 38 % selon les séries, leur prise en charge reposant sur la réalisation d’une gastrostomie et d’une trachéotomie, voire de la totalisation secondaire de la laryngectomie si nécessaire. La chirurgie partielle supraglottique se complique essentiellement de pneumopathies d’inhalation, nécessitant une évaluation de la fonction respiratoire préopératoire. La reprise alimentaire est souvent retardée, lorsque l’exérèse intéresse une partie d’un aryténoïde, du sinus piriforme ou de la base de langue. Devant des troubles ventilatoires persistants, une trachéotomie est nécessaire dans 2 à 29 % des cas. La chirurgie partielle en terrain irradié est grevée d’un taux de complications plus élevé et impose souvent la réalisation d’une gastrostomie systématique. L’irradiation postopératoire est responsable de 3 % des décès, dus à des sténoses laryngées, à des sténoses de la bouche œsophagienne ou à une radionécrose laryngée. COMPLICATIONS PER- ET POSTOPÉRATOIRES DE LA CHIRURGIE DES SINUS (table ronde modérée par J.P. Fontanel, avec la participation de C. Ferron, O. Malard et X. Dufour) Le premier exposé de cette table ronde, présenté par J.P. Fontanel (Poitiers), avait pour thème l’évaluation préopératoire avant chirurgie endonasale. L’indication opératoire doit prendre en compte l’association d’un terrain allergique, les anomalies muco- ● ciliaires, et ne doit être portée qu’après 6 mois à un an de traitement médical chez un patient sevré du tabac. L’examen tomodensitométrique préopératoire s’attache à évaluer le volume des cavités aériennes, les variations anatomiques du méat moyen, la jonction du toit de l’ethmoïde, la situation de la carotide interne et du nerf optique, la taille du récessus frontal. Le patient doit être clairement informé du but de l’intervention, du type et de la fréquence des soins postopératoires et de la nécessité d’un traitement médical postopératoire sans limite de durée. Aucune étude n’a permis de mettre en évidence l’intérêt des antibiotiques et des corticostéroïdes préopératoires dans un but de préparation de la muqueuse à l’intervention. ● Le second exposé, présenté par C. Ferron (Nantes), portait sur les incidents peropératoires de cette chirurgie. Les complications hémorragiques doivent être prévenues par un méchage préopératoire soigneux, s’aidant au besoin de cotonnettes, notamment au niveau du méat moyen. Les plaies artérielles au niveau de la sphénopalatine, lors de l’agrandissement de la méatotomie moyenne en arrière ou de la résection du cornet moyen, nécessitent souvent une coagulation à la bipolaire. Les plaies de l’artère ethmoïdale antérieure peuvent se rétracter dans l’orbite, avec un risque d’hématome orbitaire. Les complications orbitaires se divisent en cinq stades et doivent être prévenues par une surveillance permanente de l’œil. L’effraction de la lame papyracée lors de l’unciformectomie impose seulement des précautions lors du mouchage en postopératoire. L’ouverture de la péri-orbite impose l’arrêt du geste et un méchage sous couverture antibiotique lorsque l’issue de graisse est importante. L’atteinte du droit médial entraîne une diplopie et un risque d’hématome rétrobulbaire. L’atteinte du nerf optique peut survenir lors de l’abord de l’ethmoïde postérieur ou du sphénoïde. Enfin, l’hémorragie intraorbitaire est caractérisée par la survenue d’une exophtalmie hypertonique avec mydriase. Les complications méningées surviennent principalement dans trois régions, à la jonction entre la paroi postérieure du sinus frontal et du toit, à la jonction entre la lame criblée et le cornet moyen, et à la jonction entre la dernière cellule et le toit de l’ethmoïde. Une brèche de moins de 3 mm peut être réparée par un simple lambeau de muqueuse ; au-delà de cette taille, une greffe cartilagineuse ou osseuse doit être associée. Certaines équipes proposent aussi une plastie par de la graisse abdominale, maintenue en place par du silastic. Il n’existe pas de consensus concernant l’antibioprophylaxie en cas de brèche méningée. Les complications lacrymales, lorsqu’elles sont mises en évidence lors de l’intervention, peuvent bénéficier d’une intubation bicanaliculaire. ● Dans l’exposé suivant, O. Malard (Nantes) abordait le problème des mucocèles postopératoires. Plus de 70 % des mucocèles sont, en effet, consécutives à un acte opératoire, et le taux de mucocèles compliquant la chirurgie de la polypose nasosinusienne est de 1,1 %. Par ordre de fréquence, elles touchent la région ethmoïdofrontale, le sinus maxillaire, puis le sphénoïde et l’ethmoïde postérieur. Le rôle de l’infection dans leur pathogénie n’est pas très clair. Leur bilan iconographique repose sur l’examen tomodensitométrique, éventuellement complété par l’IRM dans les formes qui touchent la base du crâne. Leur traitement repose sur la marsupialisation par voie endonasale, lorsqu’elle La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 288 - décembre 2003 15 A C T U A L est possible. Une voie externe avec calibrage est réalisée dans les mucocèles plus latérales du sinus frontal. ● Enfin, pour clore cette seconde table ronde, X. Dufour (Poitiers) exposait les autres complications postopératoires. La prévention des sténoses du canal nasofrontal repose sur son repérage par irrigation frontale et sur le respect de sa collerette muqueuse. Son traitement nécessite la mise en place de clous de Lemoyne simples ou doubles, avec instillation de corticoïdes. Il n’existe pas d’indication d’antibioprophylaxie concernant la prévention des infections de la cavité opératoire. La rhinorrhée postérieure discontinue invalidante correspond à un court-circuit muqueux et indique la nécessité d’inclure l’ostium du sinus maxillaire lors de la réalisation d’une méatotomie. La fermeture de la méatotomie est le signe d’une unciformectomie incomplète. Les synéchies postopératoires, lorsqu’elles n’entraînent pas de gêne fonctionnelle, ne doivent pas avoir de sanction chirurgicale. Enfin, le patient peut se plaindre d’une fausse impression d’obstruction nasale alors que l’ethmoïde est ouvert et que les cornets moyens et inférieurs ont été réséqués. Ce phénomène s’appelle le “syndrome du nez vide” et sa prévention repose sur le respect des cornets inférieurs. COMPLICATIONS OPÉRATOIRES EN ORL : ASPECTS MÉDICOLÉGAUX (J. Dubin, Angers) En premier lieu, J. Dubin a rappelé la place du médecin conciliateur, dont la charge est de renouer le dialogue entre le patient et l’équipe médicale. Il s’agit d’un médecin consultant qui a mis un terme à son activité professionnelle. Il a pour rôle d’informer le patient, d’expliquer les données du dossier médical face à une réclamation d’ordre médical sans caractère indemnitaire. La suite de l’exposé a porté sur la loi du 4 mars 2002. Celle-ci confère au patient le droit à une information claire, loyale, appropriée et comprise au cours d’un entretien qui doit être individuel (auquel aucun document ne peut se substituer), ainsi que le droit au refus et la possibilité de désigner une personne de confiance. Cette personne de confiance pourra assister aux consultations et le représenter s’il ne peut plus exprimer ses volontés. Concernant le mineur, son consentement doit être recherché à partir du moment où il est apte à l’exprimer. De plus, il peut s’opposer à ce que certaines informations soient divulguées à son représentant légal. Enfin, le problème de l’indemnisation a été abordé. Dans le passé, seule la responsabilité en cas de faute pouvait être indemnisée, sauf en cas d’infection nosocomiale ou de contamination par les produits dérivés du sang. Un régime d’indemnisation des accidents non fautifs ayant provoqué des dommages graves a été mis en place ; il repose sur plusieurs critères, qui sont : l’anormalité des dommages constatés, une IPP supérieure à 25 %, et d’autres critères plus subjectifs comme la profession du patient, l’atteinte à sa vie privée, etc. La Commission régionale d’indemnisation peut statuer en faveur soit d’une faute médicale, soit de l’aléa thérapeutique, sans nécessité d’une procédure judiciaire. La procédure d’indemnisation, pour les dommages postérieurs au 5 novembre 2001, se décompose en une première phase d’infor16 I T É mation préalable dans les 15 jours qui suivent la découverte du dommage, une seconde phase de saisine de la Commission régionale, qui soumet son avis sous 6 mois, et, enfin, une phase de transaction de 4 mois, qui se termine par une offre. En cas d’acceptation de l’offre, l’indemnisation a lieu dans le mois qui suit. COMPLICATIONS POSTOPÉRATOIRES EN CHIRURGIE ORL PÉDIATRIQUE (table ronde modérée par R. Marianowski, avec la participation de M. François et E. Lescanne) ● Cette première table ronde de l’après-midi a été ouverte par l’exposé de R. Marianowski (Brest) sur l’épidémiologie des complications de la chirurgie ORL chez l’enfant et les données de la littérature les concernant. Les complications qui surviennent en salle de réveil sont l’hypoxie, majorée par la douleur et le stress, le risque d’apnée, surtout chez les anciens prématurés, les vomissements avec inhalation, et les convulsions, qui signent l’oubli du traitement anticomitial, des troubles métaboliques ou une hypoxie. Il faut savoir qu’en l’absence d’audiogramme antérieur ou d’anomalie du caryotype, la découverte d’une surdité chez un enfant aux antécédents d’aérateurs transtympaniques est imputable à la mise en place de ces dispositifs. Il en est de même pour les traitements ototoxiques. Concernant l’amygdalectomie, il semble que la technique au Slüder sans intubation ne soit pas, pour l’instant, condamnable. Les hémorragies peropératoires sont souvent le fait de gros vaisseaux en position anatomique anormale, comme dans le syndrome vélo-cardio-facial. La prévalence des hémorragies postopératoires est de 4 % (0,3 % immédiates et 3,7 % à J10). Il n’existe pas de contre-indication absolue de l’adéno-amygdalectomie, les troubles de l’hémostase et les fentes vélopalatines ne contre-indiquant pas une telle chirurgie si elle est impérative. ● M. François (Paris) a exposé le risque d’intoxication par l’eau provoqué par une perfusion postopératoire mal adaptée, pouvant conduire au décès d’un enfant. L’anémie aiguë entraînant une sécrétion inappropriée d’hormone antidiurétique, une somnolence inhabituelle, des nausées, des convulsions doivent impérativement faire pratiquer un ionogramme sanguin, à la recherche d’une hyponatrémie associée à une hypo-osmolarité inférieure à 270 mOsm/L. Le traitement repose sur les diurétiques, et la prévention sur une perfusion per- et postopératoire adaptée au poids de l’enfant. – 0-10 kg : 4 ml/kg/h. – 10-20 kg : 2 ml/kg/h. – > 20 kg : 1 ml/kg/h. – pour un enfant de 30 kg : 40 + 20 + 10 = 70 ml/h. Perfusion peropératoire Perfusion postopératoire < 30 kg B66 > 30 kg Ringer Lactate < 30 kg P4G5 > 30 kg P1G5 La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 288 - décembre 2003 E. Lescanne (Tours) a ensuite abordé le thème des complications survenant à la suite de la mise en place des implants cochléaires chez l’enfant. Une paralysie faciale, par échauffement du nerf facial, peut survenir à J1 dans 0,7 % des cas, répondant en général favorablement à un traitement par corticostéroïdes pendant 10 jours. Les phlyctènes et l’abcès rétroauriculaires conduisent généralement à l’explantation. La vaccination antipneumococcique est recommandée. ● COMPLICATIONS POSTOPÉRATOIRES EN CHIRURGIE OTOLOGIQUE (table ronde modérée par A. Robier, avec la participation de B. Godey et P. Bordure) Le premier exposé de cette seconde table ronde de l’aprèsmidi, présenté par B. Godey (Rennes), concernait les complications de la chirurgie de l’otite chronique. Une nécrose tympanique secondaire à l’application de liquide de Bonain peut être observée à la suite de la mise en place d’aérateurs transtympaniques. Des sténoses du conduit auditif externe sont parfois observées sur le trajet de la voie d’abord ; leur prévention repose sur un méchage prolongé. Le défaut d’épidermisation de la greffe tympanique peut nécessiter une détersion au nitrate d’argent, associée à l’instillation de gouttes antibiocorticoïdes. La survenue d’une labyrinthisation dans les suites d’une ossiculoplastie requiert une corticothérapie intraveineuse associée à une rééducation vestibulaire. La chirurgie du cholestéatome peut se compliquer de fistules du canal latéral, survenant au cours de la dissection ou lors du fraisage de l’additus. La survenue d’une paralysie faciale totale et immédiate impose une reprise chirurgicale, alors qu’une paralysie faciale secondaire et incomplète relève d’un traitement médical. Les plaies du sinus latéral et du golfe de la jugulaire sont colmatées par de la gaze hémostatique associée à de la cire. Une exposition de la duremère supérieure à 1 cm2 nécessite une reconstruction par cartilage ou taquet osseux. En cas de fuite de LCR, un patch d’aponévrose temporale doit être mis en place. ● Le second exposé, présenté par P. Bordure (Nantes), portait sur les complications de la chirurgie du rocher. Cette chirurgie, du fait de l’ouverture méningée dans l’angle pontocérébelleux, peut se compliquer de méningites postopératoires, qu’il convient de prévenir par une antibioprophylaxie et une vaccination antipneumococcique. En postopératoire, le traitement des fistules de LCR repose sur des ponctions lombaires soustractives, voire une reprise de la voie d’abord chirurgicale pour colmatage, associant graisse abdominale et aponévrose temporale. Devant des méningites à répétition, il faut rechercher une otorrhée cérébrospinale par des prélèvements de ß2-transferrine et une MR-cisternographie. Une paralysie faciale est fréquente au décours de l’exérèse des gros neurinomes. Il est possible de suturer le nerf en peropératoire ou de réaliser une anastomose VII/XII. La prise en charge des séquelles fait plutôt appel aux myoplasties de muscle temporal et aux blépharoplasties correctrices. La prévention repose sur le monitoring peropératoire. La surdité de perception est une séquelle obligatoire des voies translabyrinthiques ou transcochléaires. Un monitoring per● opératoire par PEA ou électrocochléographie, est possible lors des voies d’abord, permettant de conserver l’audition. Dans le cas particulier des neurofibromatoses de type 2, le traitement chirurgical de neurinomes bilatéraux peut induire une surdité totale bilatérale. Dans ce cas, des implants du tronc cérébral sont indiqués. ● Ensuite, A. Robier (Tours) a pris la parole pour exposer les complications de la chirurgie de la fenêtre ovale. L’utilisation du laser est appréciable en cas de platine flottante. La chirurgie sous anesthésie locale réduit considérablement les phénomènes hémorragiques. Les luxations d’enclume surviennent essentiellement lors de la désarticulation entre l’enclume et l’étrier ou lors du serrage du piston. Une paralysie faciale immédiate minime peut être observée : elle est secondaire soit à une diffusion des produits anesthésiques locaux, soit à un échauffement du nerf par le laser. La prévention des infections repose sur une désinfection du conduit auditif externe avec des produits iodés et sur l’ablation du méchage, au plus tard à J7. Aucune antibioprophylaxie périopératoire n’est nécessaire. Les dysgueusies provoquées par l’étirement peropératoire de la corde sont rarement persistantes. L’apparition d’une labyrinthisation doit être surveillée par l’acoumétrie postopératoire. En cas de surdité fluctuante postopératoire, surtout avec les pistons de Shea ou de Shucknecht, une fistule périlymphatique doit être recherchée. La réapparition d’une surdité de transmission, alors que le Rinne avait dans un premier temps été fermé, doit faire craindre soit une sténose de la niche de la fenêtre ronde, soit un blocage de la longue apophyse de l’enclume par une esquille osseuse, soit un déplacement du piston ou une lyse de la branche descendante de l’enclume. Sous anesthésie locale, l’amélioration de l’audition peut être constatée par le patient dès la mise en place du piston. CAS CLINIQUES CHEZ L’ADULTE Pour clôturer cette journée, trois cas cliniques marquants ont été présentés sous la forme de communications de 5 minutes. ● Le premier cas, présenté par N. Emam (Le Mans), concernait un patient laryngectomisé qui avait développé une médiastinite à la suite de la mise en place secondaire d’une prothèse phonatoire. Le mécanisme incriminé était l’insufflation d’air entre l’œsophage et la trachée, du fait d’une mauvaise mise en place de la prothèse. ● À l’occasion du second cas clinique, dans lequel une jeune patiente fut victime d’une détresse respiratoire majeure nécessitant une assistance respiratoire en réanimation pendant plusieurs jours à la suite d’une pharyngoplastie, L. Steenbecke (Nantes) nous a rappelé la présentation clinique du syndrome de Mendelson. ● Enfin, M. Perdigon (Cholet) a exposé l’histoire clinique d’un patient qui, dans les suites d’une amygdalectomie, avait vu réapparaître des douleurs pharyngées accompagnées d’adénopathies, puis d’un adénophlegmon collecté, quelques semaines plus tard, malgré une antibiothérapie adaptée, nécessitant un drainage chirurgical. ■ La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 288 - décembre 2003 17