MAPAR 2014
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sont représentés essentiellement par le type d’intervention et par la présence
de comorbidités (ASA) (plus que l’âge seul), la dénutrition, la présence d’une
insuffisance rénale, le caractère urgent de l’acte ou une admission non program-
mée en soins intensifs [3]. D’autre part, le niveau de risque de décès opératoire
varie beaucoup et si l’on prend en compte le risque de décès lié à l’anesthésie
par exemple, celui-ci varie d’un facteur de 100 à 1000 selon la classe ASA 1
comparée à la classe ASA 3 et 4.
Les variabilités du délai et du risque de survenue des complications doivent
nous interroger à l’aune de deux facteurs de changement qui vont être à l’origine
de profondes modifications dans nos pratiques et modes de prise en charge : le
vieillissement de la population et le développement de la chirurgie ambulatoire.
Ces transformations vont par ailleurs se faire sous lourdes contraintes médico-
économiques, nous obligeant à réviser le poids que représente la partie de
l’hospitalisation conventionnelle dans le système de santé.
Les perspectives démographiques en France montrent que l’âge moyen de
la population française va continuer de s’élever en raison, d’une part d’une plus
grande longévité, d’autre part et surtout (pour les 40 prochaines années) de l’arri-
vée aux grands âges des générations issues du « baby-boom » de l’après-guerre.
Le vieillissement de la population française va se traduire par une aug-
mentation du nombre de patients plus âgés présentant un nombre de plus
en plus élevé de comorbidités. En prenant en compte les dépenses de soins,
il apparaît que la dépense moyenne annuelle de soins d’une personne âgée
d’une cinquantaine d’années était en 2008 d’environ 2000 euros alors que cette
même dépense annuelle de soins pour une personne de trente ans plus âgée
(autour de 80 ans) était d’environ 6000 euros. Ainsi, en raison du poids de ces
comorbidités, il est probable (à technique chirurgicale équivalente) que le risque
opératoire s’accroisse et que les acteurs de santé aient à prendre en charge
un nombre de complications (ou plutôt de patients présentant dans la période
postopératoire une complication) en augmentation [4].
Devant ce phénomène, il serait tentant de « recopier » ou d’amplifier le
modèle classique de l’hospitalisation conventionnelle pour encadrer cette période
postopératoire à risque. Cette stratégie pose question.
La question est liée dans un premier temps au délai de survenue des com-
plications qui, comme on l’a vu précédemment, signifierait de devoir « garder »
le patient suffisamment longtemps à l’hôpital, ce qui ne pourrait se concevoir
que pour les patients à très haut risque de complication, à condition toutefois
de leur proposer un suivi postopératoire permettant la détection précoce et la
prise en charge rapide des complications [5]. Par ailleurs, cette attitude visant
à maîtriser le risque péri-opératoire est discutable puisque, dans certaines
études, la diminution de la durée de séjour ne semble pas augmenter le risque
de survenue de complications après la sortie du patient [6].
La conjonction de délai relativement tardif de survenue de certaines com-
plications et du nécessaire développement du mode ambulatoire nous oblige à
revisiter la notion de continuité des soins [7]. En effet, la période péri-opératoire
ne peut donc être synonyme de séjours à l’hôpital et s’étend donc bien au-delà
de l’hospitalisation, l’intervention chirurgicale ne devenant alors qu’un épisode
de soins dans un parcours de soins. Le concept de « médecine de parcours »
a été mis en avant par le « Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance-maladie »