REVUE DE PRESSE
La Lettre du Neurologue • Vol. XV - n° 4 - avril 2011 | 131
Commentaire
Cette étude montre que les meilleurs résultats
de survie sans progression sont obtenus avec
une préparation avant TCH d’intensité moyenne.
Les préparations de forte intensité entraînent
probablement des dommages axonaux impor-
tants, secondaires à l’irradiation corps entier.
Compte tenu des faibles effectifs de patients et
de l’indi cation étroite de la TCH dans cette étude,
les résultats doivent être validés à plus grande
échelle.
Référence bibliographique
Reston JT, Uhl S, Treadwell JR et al. Autologous
hematopoietic cell transplantation for multiple sclerosis:
a systematic review. Mult Scler 2011;17(2):204-13.
Transplantation de cellules hématopoïétiques
dans les formes progressives de SEP
Cette méta-analyse avait pour objectifs d’évaluer l’effi cacité et la sécurité de la transplantation
de cellules hématopoïétiques (TCH) chez des patients porteurs de formes progressives de SEP
réfractaires aux traitements conventionnels. Les études retenues dans les bases de données
PubMed et Embase™ devaient être publiées dans des revues de langue anglaise et inclure un
minimum de 5 patients ayant bénéfi cié de TCH. Les patients devaient avoir une SEP progres-
sive, c’est-à-dire une progression supérieure ou égale à 1 point d’EDSS sur les 6 derniers mois
avant l’inclusion. Ils devaient être réfractaires aux traitements conventionnels et bénéfi cier
d’un suivi minimal de 2 ans. Parmi 290 études, 33 ont été retenues, et 14 remplissaient les
critères d’inclusion. L’objectif principal était de mesurer la survie sans progression, c’est-à-
dire la probabilité d’être en vie sans progression du handicap après TCH. La progression du
handicap était défi nie comme l’augmentation sur 6 mois de 1 point d’EDSS si l’EDSS initial était
inférieur à 5, et de 0,5 point si l’EDSS initial était supérieur à 5,5. Cent soixante et un patients
avec SEP réfractaire au traitement classique et avec un suivi de 24 mois ont été inclus ; 77 %
étaient secondairement progressifs. Avant TCH, la préparation des patients était d’intensité
intermédiaire pour 5 études (étoposide, melphalan, carmustine et cytosine arabinoside ou
carmustine et cyclophosphamide). Pour les 3 autres études, la préparation à la TCH était de
haute intensité (cyclophosphamide et irradiation corps entier avec ou sans immunoglobuline
anti-thymus). Le mode de préparation à la TCH était signifi cativement associé à la survie
sans progression (p = 0,0145), et ce de façon plus marquée pour la préparation d’intensité
intermédiaire. Les patients ayant bénéfi cié d’une préparation de haute intensité étaient plus
âgés de 3 à 4 ans, avec un score EDSS initial plus élevé, et il y avait plus d’hommes. Parmi
les effets indésirables, la fi èvre, le syndrome de prise de greffe, l’entérite et l’aggravation
neurologique transitoire étaient les plus fréquents. Sept décès liés à la TCH ont été rapportés
parmi les 13 séries de cas. La principale cause était la pneumonie. Six décès non directement
liés à la TCH ont été déplorés, dont 5 par progression de la maladie.
A. Fromont, Dijon
Effet du natalizumab sur les potentiels évoqués
L’objectif de cette étude était de mesurer l’impact du natalizumab sur les données d’électro-
physiologie des potentiels évoqués (PE) : visuels (PEV), sensitifs (PES) et moteurs (PEM).
Quarante-quatre patients porteurs d’une SEP certaine selon les critères de McDonald ont
été inclus de façon consécutive. Ils bénéfi ciaient d’un examen physique et neurologique,
PEV et/ou PES et/ou PEM, 1 an avant la mise sous natalizumab, au début du traitement et
à 6-12 mois. L’altération des PE était corrélée au score EDSS. Un score ordinal des PE était
défi ni, de 0 à 4, en fonction du nombre d’anomalies de latence et/ou d’amplitude, et de
leur caractère unilatéral ou non. Avant traitement, seuls 9 % des patients voyaient leur score
PEV s’améliorer. Sous traitement, 33 % des patients avaient un score PEV qui s’améliorait,
41 % restaient stables et 26 % avaient un score qui s’aggravait. De même pour les PES, 5 %
des patients voyaient leur score s’améliorer avant traitement, versus 32 % sous traitement.
Aucun effet signifi catif n’a été constaté concernant les PEM. Les changements de scores
des PEV étaient plus évidents en termes d’amplitude qu’en termes de latences. Ceux des
PES concernaient de façon égale latences et amplitudes. Une corrélation signifi cative a été
montrée uniquement entre PEV, PEM et EDSS.
A. Fromont, Dijon
Commentaire
L’amélioration des PEV sous natalizumab est
probablement due à son effet immuno modulateur
sur les lymphocytes T plus qu’à une action directe
sur la conduction nerveuse ou la remyélinisation,
puisque amplitudes et latences sont améliorées.
L’absence de modifi cation des PEM reste inexpli-
quée ; elle est possiblement liée à des problèmes
techniques d’étude de la capacité fonctionnelle
de la voie pyramidale. Cette étude révèle une
corrélation signifi cative entre changement des
PEV, PEM et EDSS, bien que l’EDSS soit plus
sensible à l’atteinte pyramidale qu’aux systèmes
visuel et sensoriel.
Si les résultats de cette étude sont confirmés
de façon prospective et sur un groupe plus impor-
tant de patients, les PEV et PEM pourront être un
outil afi n d’évaluer l’effet des traitements sur la
SEP et de suivre l’évolution de la maladie.
Référence bibliographique
Meuth SG, Bittner S, Seiler C et al. Natalizumab restores
evoked potential abnormalities in patients with relapsing-
remitting multiple sclerosis. Mult Scler 2011;17(2):198-203.