Syndrome des jambes sans repos chez l`enfant

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Pour citer cet article : Konofal É, Syndrome des jambes sans repos chez l’enfant et l’adolescent, Presse Med (2010), doi: 10.1016/
j.lpm.2010.02.040.
en ligne sur / on line on
www.em-consulte.com/revue/lpm
www.sciencedirect.com
Syndrome des jambes sans repos
Dossier thématique
Mise au point
Presse Med. 2009; //: ///
ß 2010 Publié par Elsevier Masson SAS.
Syndrome des jambes sans repos
chez l’enfant et l’adolescent
Éric Konofal
Service de psychopathologie de l’Enfant et de l’Adolescent, centre pédiatrique des
pathologies du sommeil, hôpital Robert-Debré, 75019 Paris, France
Correspondance :
Key points
Restless legs syndrome in children and adolescents
Restless legs syndrome (RLS) is imperfectly described in child
and adolescent.
As in adult, RLS is also an uncomfortable and irresistible urge to
move his or her legs, usually happens at bedtime but can occur at
other times, when the legs have been inactive, such as when sitting
still for a long period of time.
Unfortunately, there is no specific test for RLS in children or
adolescents. Diagnosis is made based on clinical symptoms. A
medical history and complete physical exam is conducted to rule out
any other possible health problems. An overnight sleep study may
be recommended to evaluate for other sleep disorders, especially
periodic limb movement disorder.
A relationship with Attention Deficit Disorder Hyperactivity is
common, and treatment options claim to be studied, and
moreover in both conditions.
L
e Syndrome des jambes sans repos (SJSR) est un syndrome
sensorimoteur qui associe un besoin incoercible de devoir
bouger les jambes au repos, le soir, lors d’une moindre activité
Points essentiels
Le syndrome des jambes sans repos n’est pas complètement
décrit chez l’enfant et chez l’adolescent.
Comme chez l’adulte, il associe un besoin incoercible de devoir
bouger les jambes au repos, le soir, lors d’une moindre activité
physique ou mentale, passant transitoirement lors du mouvement
des jambes, en station debout, s’aggravant lors de la position
couchée, et transitoirement amélioré par le mouvements.
Le diagnostic est clinique. Il n’existe pas de test diagnostique
spécifique chez l’enfant. Une polysomnographie peut être recommandée pour évaluer d’autres troubles du sommeil comme le
syndrome des mouvements périodiques des jambes.
Une association avec un trouble de déficit de l’attention hyperactivité est fréquente.
physique ou mentale, passant transitoirement lors du mouvement des jambes, en station debout, s’aggravant lors de la
position couchée, et transitoirement amélioré par les mouvements concernant aussi les enfants. Pourtant, dans sa forme
tome // > n8/ > /
doi: 10.1016/j.lpm.2010.02.040
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Disponible sur internet le :
Éric Konofal, Service de psychopathologie de l’Enfant et de l’Adolescent, centre
pédiatrique des pathologies du sommeil, hôpital Robert-Debré, 48, boulevard
Sérurier, 75019 Paris, France.
[email protected]
LPM-1152
Pour citer cet article : Konofal É, Syndrome des jambes sans repos chez l’enfant et l’adolescent, Presse Med (2010), doi: 10.1016/
j.lpm.2010.02.040.
É Konofal
pédiatrique, le SJSR reste encore assez peu connu [1] et souvent
ignoré par la plupart des médecins spécialistes de l’enfant et de
l’adolescent [2].
Sur le plan clinique, le SJSR chez l’enfant et l’adolescent
présente les mêmes caractéristiques cliniques que chez
l’adulte : il associe un besoin incoercible de devoir bouger
les jambes à des sensations inconfortables survenant au repos,
le soir, sensations atténuées transitoirement par la marche ou
le mouvement des jambes. Un des problèmes lié au diagnostic
du SJSR chez l’enfant est que la description qui peut être faite
peut amener le clinicien à porter à tort le diagnostic de douleurs
de croissance [1–3].
Sur le plan comportemental, ces sensations accompagnées de
mouvements, peuvent engendrer une agitation motrice vespérale, retardant l’heure du coucher et pouvant contribuer ainsi
au développement d’un trouble de l’initiation du sommeil [4].
L’hyperactivité motrice peut donc alors masquer un SJSR à
début précoce [5,6].
Clinique et critères diagnostiques
chez l’enfant et l’adolescent
Épidémiologie du syndrome des jambes
sans repos chez le sujet jeune
Les études rétrospectives menées sur des population canadiennes et américaines, au cours des années 1990, rapportent
que près de 45 % des adultes ayant un SJSR idiopathique
(primaire) ont vu leurs premiers symptômes apparaître avant
l’âge de 20 ans, et jusqu’à 25 % de ces adultes avant l’âge de
10 ans [11].
Une étude publiée en 2004 a été la première à utiliser comme
critères diagnostiques chez l’enfant, ceux proposés par le
groupe international d’étude du syndrome des jambes sans
repos (IRLSSG) (encadrés 1 et 2) [1]. Cette étude a rapporté une
prévalence élevée du SJSR (5,9 %) sur un échantillon de
538 patients âgés au plus de 18 ans [1]. Selon cette étude,
il semble que les filles ayant atteint l’âge de la puberté soient
plus nombreuses que les garçons à avoir un SJSR. Antérieurement, il était admis un chiffre de prévalence de 1 à 2 % chez
l’enfant âgé de 6 à 12 ans, mais les critères utilisés étaient ceux
de l’adulte [1].
Menée rétrospectivement chez 18 enfants ou adolescents avec
un SJSR à l’âge de leur inclusion dans cette étude, il a été
recherché dans les antécédents médicaux personnels de ces
patients, l’histoire de troubles du sommeil [10]. Une attention
particulière a été portée sur le contexte de l’apparition de ces
troubles et sur la présentation des symptômes. Tous ces
patients, vus en consultation de neuropédiatrie initialement,
avaient bénéficié d’une polysomnographie afin d’objectiver
l’existence d’un trouble spécifique du sommeil.
Clairement, les résultats de cette étude sont intéressants, car ils
montrent que l’âge de l’enfant, au moment où il vient consulter
(10,3 ans d’âge moyen), est antérieur à celui du diagnostic de
SJSR. En effet, le diagnostic de SJSR est porté vers l’âge de
14,7 ans en moyenne, quand l’apparition des premiers
symptômes d’altération du sommeil se situe en moyenne vers
l’âge de 3,1 ans. Dans cette étude [10], il est retrouvé une
histoire familiale de SJSR chez 13 enfants sur 18 (72 %), et ceci
en accord avec les critères diagnostiques du SJSR chez l’enfant.
De plus, un résultat intéressant de cette étude concerne la
ferritine, en effet elle apparaît diminuée (valeur < 50 mg/L)
chez 16 sur 18 enfants ou adolescents (89 %) [10].
En définitive, il apparaît que des antécédents de trouble de
l’endormissement chez l’enfant jeune « carencé » en fer
peuvent être prédictifs du SJSR [10].
La première étude d’épidémiologie fondée sur l’utilisation des
critères diagnostiques de l’enfant, proposée par le groupe
international d’étude du syndrome des jambes sans repos
2
Le syndrome des jambes sans repos n’est pas limité à l’adulte,
même s’il est difficile de préciser l’âge de survenue de l’apparition des premiers symptômes [1,7]. La problématique du SJSR
repose sur la description que fait l’enfant de ses symptômes
[7].
Historiquement, on attribue à Duchamps la première description de « plainte d’impatiences dans les jambes » chez l’enfant,
même si celle-ci pouvait être attribuée à des douleurs de
croissance [8]. En effet, en l’absence de douleurs, l’expression
symptomatique du SJSR peut être silencieuse, ni rapportée aux
parents, ni même au médecin lors d’une consultation médicale
et ceci même dans les formes sévères [3,7]. Chez les sujets
particulièrement jeunes, le SJSR peut être masqué par une
opposition au coucher (colères, crises de larmes. . .) [5,9].
L’enfant ou l’adolescent, sans évoquer la moindre plainte, peut
refuser d’aller se coucher en utilisant n’importe quel prétexte,
en raison de l’association qui se fait dans son esprit entre le
coucher et les symptômes ressentis [5,9]. Ce refus motivé peut
être alors interprété comme un défaut d’obéissance ou une
opposition face à l’autorité [9]. Pourtant, il peut juste s’agir
d’une stratégie palliant à la survenue des impatiences dans les
jambes. L’enfant jeune (avant six ans) utilise un vocabulaire qui
lui est propre pour décrire ses impatiences : « Coca-Cola dans les
jambes », fils « chargés d’électricité », ou araignée marchant
sous la peau [6,7].
L’adolescent peut, quant à lui, faire appel à une stratégie
d’évitement, en retardant son coucher (jeux interactifs, écoute
de musique. . .), mais ne se plaint pas pour autant de SJSR [10].
En raison d’une forte héritabilité, la recherche d’une histoire
familiale positive de SJSR doit être systématique, non seulement face à des difficultés d’endormissement ou à un retard de
coucher chez l’enfant ou l’adolescent, mais aussi devant un
réveil matinal difficile, une viscosité attentionnelle, ou une
fatigue inexpliquée. L’existence d’un SJSR chez un des membres
de la famille de l’enfant ou de l’adolescent contribue à mener
l’entretien clinique.
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Syndrome des jambes sans repos chez l’enfant et l’adolescent
Encadré 1
Encadré 2
Critères diagnostiques pour le syndrome des jambes sans repos
certain chez l’enfant (traduction française, non validée). [d’après
Allen et al., 2003. (Sleep Medicine. Restless Legs Syndrome:
Diagnostic Criteria, Special Considerations, and Epidemiology)].
Critères diagnostiques pour le syndrome des jambes sans repos
probable chez l’enfant (traduction française, non validée).
[d’après Allen et al., 2003. (Sleep Medicine. Restless Legs
Syndrome: Diagnostic Criteria, Special Considerations, and
Epidemiology)].
Les critères diagnostiques du syndrome des jambes sans repos
certain sont utilisables chez l’enfant âgé de 2 à 12 ans inclus. Pour
des enfants âgés de plus de 13 ans, les critères diagnostiques
utilisés sont ceux de l’adulte.
Cette limite d’âge de 12 ans a été fixée par le groupe international
d’étude du syndrome des jambes sans repos (IRLSSG).
1. L’enfant doit répondre aux 4 critères du syndrome des jambes
sans repos de l’adulte et
2. doit évoquer, avec ses propres mots, et en rapport avec son
âge, la notion de « devoir bouger », ou encore d’avoir « les
fourmis dans les jambes » pour décrire ses symptômes
ou
1. répondre aux 4 critères du syndrome des jambes sans repos de
l’adulte et
2. répondre au moins à deux des trois symptômes facultatifs
suivants :
Mise au point
Syndrome des jambes sans repos
1. L’enfant doit répondre aux 4 critères du syndrome des jambes
sans repos de l’adulte à l’exception du critère 4 (le besoin de
devoir bouger ou la sensation d’aggravation des symptômes
en soirée ou la nuit) et
2. histoire familiale positive de syndrome des jambes sans repos
ou
1. l’enfant décrit des manifestations d’inconfort dans les
extrémités des membres inférieurs lorsqu’il est au repos ou
allongé, lesquelles sont accompagnées d’agitation motrice.
L’inconfort répond aux critères 2, 3, et 4 du syndrome des
jambes sans repos de l’adulte (p.e. pire au repos et en période
d’inactivité, calmé transitoirement par le mouvement et pire
en soirée ou la nuit) et
2. histoire familiale positive de syndrome des jambes sans repos.
problème de sommeil anormal pour l’âge développemental ;
histoire familiale positive de syndrome des jambes sans
repos ;
syndrome de mouvements périodiques des jambes, avec
index >5, rapporté par l’enregistrement
polysomnographique.
(IRLSSG) (encadrés 1 et 2), avait rapporté une prévalence
élevée du SJSR (5,9 %), sur un large échantillon de la population
générale de 538 patients âgés au plus de 18 ans [4].
Dans une autre étude menée sur une plus large population,
sur 10 523 familles de population générale, il a été montré
que le SJSR est plus fréquent que l’épilepsie ou le diabète
dans cette tranche d’âge (entre 8 et 17 ans), avec une
prévalence de 1,9 % chez l’enfant de 8 à 11 ans et de
2 % chez l’adolescent de 12 à 17 ans [12], et ce en accord
avec les critères cliniques adaptés à l’enfant et l’adolescent
(encadrés 1 et 2). Aucune différence entre les sexes n’a été
retrouvée. Les cas sévères étaient estimés à 0,5 % et 1 %
respectivement. Enfin, le trouble déficit de l’attention hyperactivité (TDAH), les troubles du sommeil et les douleurs de
croissance étaient significativement plus importants dans le
groupe d’enfants et d’adolescents avec SJSR que dans un
groupe témoin [12]. Ce TDAH qui associe une inattention
(manque d’attention sélectivodirigée), une impulsivité
(congitivocomportementale) et une agitation motrice
excessive (hyperactivité) est fréquent (4–6 % des enfants
scolarisés), et présente des caractéristiques symptomatologiques qui peuvent venir se fondre dans celles du SJSR, et ce
au cours de la période vespérale [10].
Le SJSR chez l’enfant peut être aussi rapporté précocement, et
ce indépendamment du TDAH.
À la fois, une histoire familiale positive documentée et
l’examen polysomnographique attestant l’existence d’un SJSR
(index > 5) sont des éléments d’aide au diagnostic précoce de
ce syndrome chez le sujet jeune [9].
Syndrome de jambes sans repos
et mouvements périodiques
des membres inférieurs
L’association entre SJSR et syndrome de mouvements périodiques est fréquente également chez l’enfant [13].
Le syndrome de mouvements périodiques, dont la définition
reste polysomnographique, fondée notamment sur l’enregistrement simultané de signaux électroencéphalographiques et
myographiques, est caractérisé par la présence de secousses
musculaires retrouvées en séries de quatre au moins, et d’une
durée de 0,5 à 5 secondes, espacées de 20 à 40 secondes [1].
Ce syndrome, recherché chez l’adulte ayant un trouble de la
continuité du sommeil, semble rare chez l’enfant. Walters et
Picchietti sont les premiers auteurs à s’être attachés à décrire le
syndrome de mouvements périodiques chez l’enfant, après
l’avoir identifié comme une cause importante de trouble de la
continuité du sommeil chez l’enfant et l’adolescent. Il apparaît
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maintenant comme un critère prédictif du SJSR chez les sujets
jeunes [13].
C’est la raison pour laquelle l’IRLSSG a intégré l’index (nombre
par heure) de mouvements périodiques supérieur à 5 dans les
critères diagnostiques du SJSR chez l’enfant, pour établir un
diagnostic incontestable [1].
Un index de mouvements périodiques au cours du sommeil
> 5 est retrouvé chez 94 % des enfants ou adolescents avec un
TDAH, ce qui illustre là aussi la commune association entre ces
deux troubles [2,9].
L’existence de parasomnies, dans le SJSR chez l’enfant et
l’adolescent, est rapportée dans 39 % des cas, et l’existence
d’une comorbidité psychiatrique et notamment la présence
d’un TDAH est retrouvée dans 72 % des cas [9].
L’association entre syndrome de mouvements périodiques au
cours du sommeil et trouble du comportement diurne avec
inattention/hyperactivité a été rapportée pour la première fois
également par Walters et Picchietti [9,13].
S’intéressant au sommeil d’enfants et adolescents avec un
TDAH, ces auteurs ont esquissé l’idée d’un continuum clinique
entre comportement d’agitation en journée, impatiences locomotrices vespérales, difficultés d’endormissement et mouvements périodiques des membres inférieurs pendant le
sommeil. Les autres auteurs s’étant intéressés à leurs travaux
ont mis ultérieurement en évidence l’existence d’une motricité
nocturne excessive chez l’enfant avec un TDAH [2,9,14,15].
L’association entre carence martiale (ferritine « basse », valeur
< 50 mg/L), syndrome de mouvements périodiques des membres inférieurs est également prévalente chez le patient atteint
de trouble déficit de l’attention [16]. Ceci est déjà le début
d’une avancée dans le domaine de compréhension physiopathologique de ces troubles.
Syndrome des jambes sans repos
et hyperactivité motrice
Critères diagnostiques de trouble déficit de l’attention
hyperactivité (TDAH) du DSM-IV (APA, 1994).
Inattention
Le diagnostic exige que soient présents au moins 6 symptômes sur
9:
1. manque souvent d’accorder une attention suffisante aux
détails ou fait des fautes de négligence dans l’activité scolaire,
les activités ordinaires de travail ou non ;
2. a souvent des difficultés à soutenir son attention dans des
tâches ou des jeux ;
3. semble souvent ne pas écouter ce qu’on lui dit ;
4. souvent ne suit pas tout au long les consignes et n’arrive pas à
terminer les activités scolaires, les occupations quotidiennes
de son travail, sans qu’il s’agisse d’un comportement
oppositionnel ou d’une incapacité à comprendre les
instructions ;
5. présente souvent des difficultés d’organisation ;
6. évite souvent ou rechigne fortement devant des activités qui
exigent un effort mental soutenu (travaux scolaires ou travaux
ménagers) ;
7. perd souvent les choses indispensables à des activités (emploi
du temps scolaire, crayons, livres, instruments, jouets) ;
8. est souvent dérangé par des stimuli extérieurs ;
9. a souvent des oublis dans les activités quotidiennes.
Hyperactivité-Impulsivité
Le diagnostic exige que soient présents au moins 4 symptômes
sur :
hyperactivité :
1. agite souvent les mains ou les pieds ou se tortille sur son siège ;
2. dans des situations qui exigent de rester assis, ou en classe,
quitte son siège ;
3. dans des situations inappropriées, court et grimpe de façon
excessive (des adolescents et des adultes peuvent se borner à
éprouver une agitation) ;
4. éprouve souvent des difficultés à jouer ou à s’engager dans des
occupations de loisir.
Impulsivité :
5. souvent, avant que les questions posées soient achevées, il
laisse échapper des réponses ;
6. a souvent des difficultés à attendre dans une file ou à attendre
son tour dans des jeux ou des situations de groupe.
[8,14,15]. Ce sont l’agitation motrice nocturne et les mouvements périodiques qui, en fragmentant le sommeil, amène
l’enfant ou l’adolescent à se plaindre auprès de ses parents de
la mauvaise qualité de son sommeil [13]. Il n’est pas rare, non
4
Le TDAH, connu notamment en raison de son symptôme
particulièrement bruyant qu’est l’agitation psychomotrice (hyperactivté), est un trouble fréquent chez l’enfant (4 à 6 % en
Europe) [17]. Les critères diagnostiques internationaux du TDAH
sont aujourd’hui assez bien établis (encadré 3) [18]. Il associe
une inattention, une impulsivité et une hyperactivité motrice
inadaptées à l’environnement de l’enfant. Inattentifs, peu
organisés et étourdis, ces enfants finissent parfois par ne plus
suivre en classe, ce qui les conduit parfois à une déscolarisation
prématurée [17].
L’agitation motrice excessive au cours de la journée se poursuit
en général au cours de la soirée : rapportée par les parents, elle
est observée et enregistrée pendant le sommeil au moyen des
techniques d’enregistrement polysomnographique [15]. Cette
hyperactivité comportementale et vespérale peut aussi masquer un SJSR, car l’enfant, en perpétuel mouvement, ne ressent
ni la survenue des symptômes du SJSR, ni même leur existence
Encadré 3
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Syndrome des jambes sans repos chez l’enfant et l’adolescent
Hypothèses physiopathologiques
La physiopathologie du SJSR est encore mal connue, mais
pourrait comporter des éléments de similitude avec celle du
TDAH ce qui expliquerait cette association fréquente.
L’hypothèse d’une implication des voies dopaminergiques
(mésocorticale, mésolimbique, mésostriatale. . .) et noradrénergiques (préfrontale) dans la physiopathologie du TDAH est
aujourd’hui démontrée, et justifie les traitements par psychostimulants prescrits dans les formes sévères [17].
Si les traitements restent pharmacologiquement assez actifs
sur les symptômes moteurs diurnes (agitation motrice,
impulsivité. . .) en améliorant l’attention (soutenue, sélective
et dirigée), ils sont en revanche peu efficaces sur les
symptômes vespéraux.
Il est par ailleurs vérifié cliniquement que, chez l’enfant ayant
un TDAH/SJSR, le méthylphénidate (ConcertaW, RitalineW) (psychostimulant indiqué en France dans le traitement du TDAH) est
moins efficace en journée que chez l’enfant n’ayant pas de SJSR
cliniquement décelable. Ceci sous-tend l’idée de l’existence
d’un lien de comorbidité entre TDAH et SJSR [6,9].
Chez l’enfant avec un syndrome des jambes sans repos avec
une histoire familiale positive (et sans notion de TDAH), l’hypothèse d’un dysfonctionnement impliquant certaines structures et voies dopaminergiques (d’origine primaire) est celle
qui est admise chez l’adulte [9,19–21]. C’est la raison pour
laquelle, l’attitude thérapeutique choisie est la même que celle
privilégiée chez l’adulte.
La carence martiale (sans anémie) est la première cause
physiopathologique du SJSR d’origine secondaire, y compris
chez l’enfant [6,10,20]. Elle serait à l’origine du dysfonctionnement dopaminergique, le fer étant impliqué dans le métabolisme de la dopamine centrale et dans la structure des
récepteurs dopaminergiques.
Quelques travaux publiés ont évoqué l’existence d’une ferritine
sérique « basse » (< 30 mg/L), plus accusée chez les enfants
avec un TDAH/SJSR [20]. L’idée qu’un dysfonctionnement
dopaminergique serait subséquent à une carence martiale
infantile chronique et sévère est une hypothèse qui est discutée
en ce moment [10].
Chez l’enfant, cette hypothèse pourrait avoir des applications
pratiques en termes de prévention, voire de traitement, dans le
SJSR.
Traitements symptomatiques
Les agonistes dopaminergiques, sont actuellement étudiés
dans le traitement du SJSR chez l’adolescent. Chez l’enfant,
il n’existe pas d’étude en cours en Europe.
Les spécialistes du SJSR de l’enfant discutent actuellement d’un
algorithme décisionnel, qui devrait être publié dans les mois à
venir. Il devrait nous amener à mieux considérer non seulement
l’existence du SJSR chez l’enfant, mais aussi nous permettre de
guider les options de traitements. Pour l’heure, il n’existe pas
de consensus chez l’enfant, ni de traitement autorisé.
Les attitudes thérapeutiques chez l’adulte ont évolué depuis ces
dernières années, et les agonistes dopaminergiques sont
considérés par tous comme les traitements de première
intention.
Parmi les agonistes dopaminergiques, citons le ropinirole
(AdartrelW) et le pramipexole (SifrolW) qui bénéficiant d’une
autorisation de mise sur le marché (AMM) dans le traitement
symptomatique du SJSR sévère chez l’adulte sont parfois utilisés hors-AMM, mais à titre exceptionnel ou dans des études
cliniques.
Mais en recherche clinique, le traitement du SJSR par agents
dopaminergiques a déjà été étudié chez l’enfant. Depuis 2000,
le pergolide (CelanceW) (agoniste dopaminergique ergoté), et
la L-Dopa ont fait office d’ouverture dans ce domaine [21]. Le
pramipexole (agoniste des récepteurs dopaminergiques D3 et
D2) s’est montré efficace avec un très bon profil de tolérance
chez l’adolescent, comme le ropinirole, administré à un enfant
[22]. Ces cas ont fait l’objet de publications et devraient
encourager une investigation clinique internationale.
Ces perspectives de recherche clinique sur le traitement du SJSR
chez l’enfant et l’adolescent par les agonistes dopaminergiques
semblent prometteuses.
Le fer, dont l’implication dans le SJSR fait l’objet d’une intense
recherche actuellement sur le plan scientifique, a été étudié
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5
plus, d’obtenir lors de l’entretien clinique l’expression de
« sommeil agité » ou de « pieds dépassant les draps ou sortis
de la couette ».
Chez l’enfant ou l’adolescent « hyperactif », il peut être difficile
de savoir si le syndrome de mouvements périodiques est
secondaire au TDAH ou bien au SJSR. En revanche, il commence
a être documenté que l’association fréquente entre mouvements périodiques, SJSR et TDAH pourrait s’inscrire dans un
continuum symptomatologique [9,14]. Près d’un enfant ou
adolescent « hyperactif » sur trois présenterait des symptômes
de SJSR, voire remplirait l’ensemble des critères diagnostiques
du SJSR et environ un enfant ou adolescent sur cinq ayant un
SJSR répondrait aux critères diagnostiques du TDAH [9].
Les études menées sur le SJSR chez l’enfant soulignent quelques points. Le syndrome des jambes sans repos est rare chez
l’adolescent (2–3 %), et encore plus rare chez l’enfant (< 2 %),
et en particulier dans sa forme idiopathique. Or, chez l’enfant
avec un TDAH, il est relativement fréquent (> 30 %). Le SJSR
devient un motif de consultation du sommeil, surtout lorsqu’il
est associé à un syndrome de mouvements périodiques [14].
Il apparaît donc difficile de savoir si le SJSR (associé ou non au
syndrome de mouvements périodiques) est un marqueur de
sévérité du TDAH ou une conséquence de ce trouble comportemental [14].
Le diagnostic de SJSR chez l’enfant ou l’adolescent doit donc
dans tous les cas nous amener à rechercher un TDAH [6,19].
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comme traitement du SJSR chez l’enfant avec un TDAH [23].
Cette première étude pilote menée en double aveugle, par
« randomisation » et contre placebo, chez 23 enfants âgés de
5 à 8 ans, a montré l’efficacité d’une supplémentation en fer
[sulfate ferreux (TardyferonW) 80 mg/j] administrée pendant
12 semaines, sur la symptomatologie du TDAH évaluée au
moyen notamment de questionnaires sévérité du TDAH (ADHD
RS) (p < 0,008) et sur le SJSR (critères diagnostiques internationaux) [24].
La supplémentation martiale, dans le traitement du SJSR chez
l’enfant pourrait être plus systématiquement proposée. L’absence de diagnostic et a fortiori de traitement dans le SJSR de
l’enfant est un enjeu pour les années à venir.
Il existe également d’autres options thérapeutiques (benzodiazépines, anticonvulsivants, alpha-adrénergiques, et opioïdes
mineurs), lesquelles n’ont jamais été validées, et qui n’ont pas
bénéficié de plan d’investigations pédiatriques. Elles restent
quasi exclusivement limitées à certaines formes sévères du
syndrome [19].
Conclusion
Les symptômes du SJSR chez l’enfant et l’adolescent sont assez
proches de ceux retrouvés chez les patients adultes. Parfois, ils
sont confondus avec des douleurs de croissance ou un TDAH. La
recherche de causes, et en particulier d’une carence en fer,
permet au clinicien non spécialiste de conduire les premières
démarches diagnostiques et thérapeutiques. Le SJSR d’origine
familiale reste la forme la plus évidente à identifier chez
l’enfant. Les traitements actuels, y compris ceux corrigeant
les SJSR secondaires, sont en cours d’étude.
Il n’existe aucune médication qui, à l’heure actuelle, bénéficie
d’une autorisation de mise sur le marché. Ces traitements en
cours d’études (agonistes dopaminergiques, sels de fer)
devraient non seulement aider le clinicien dans sa pratique
clinique et thérapeutique, mais surtout nous amener à mieux
considérer cette entité nosographique chez les patients
jeunes.
Conflits d’intérêts : aucun.
Références
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syndrome and attention-deficit hyperactivity
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