pédiatrique, le SJSR reste encore assez peu connu [1] et souvent
ignoré par la plupart des médecins spécialistes de l’enfant et de
l’adolescent [2].
Sur le plan clinique, le SJSR chez l’enfant et l’adolescent
présente les mêmes caractéristiques cliniques que chez
l’adulte : il associe un besoin incoercible de devoir bouger
les jambes à des sensations inconfortables survenant au repos,
le soir, sensations atténuées transitoirement par la marche ou
le mouvement des jambes. Un des problèmes lié au diagnostic
du SJSR chez l’enfant est que la description qui peut être faite
peut amener le clinicien à porter à tort le diagnostic de douleurs
de croissance [1–3].
Sur le plan comportemental, ces sensations accompagnées de
mouvements, peuvent engendrer une agitation motrice ves-
pérale, retardant l’heure du coucher et pouvant contribuer ainsi
au développement d’un trouble de l’initiation du sommeil [4].
L’hyperactivité motrice peut donc alors masquer un SJSR à
début précoce [5,6].
Clinique et critères diagnostiques
chez l’enfant et l’adolescent
Le syndrome des jambes sans repos n’est pas limité à l’adulte,
même s’il est difficile de préciser l’âge de survenue de l’appari-
tion des premiers symptômes [1,7]. La problématique du SJSR
repose sur la description que fait l’enfant de ses symptômes
[7].
Historiquement, on attribue à Duchamps la première descrip-
tion de «plainte d’impatiences dans les jambes »chez l’enfant,
même si celle-ci pouvait être attribuée à des douleurs de
croissance [8]. En effet, en l’absence de douleurs, l’expression
symptomatique du SJSR peut être silencieuse, ni rapportée aux
parents, ni même au médecin lors d’une consultation médicale
et ceci même dans les formes sévères [3,7]. Chez les sujets
particulièrement jeunes, le SJSR peut être masqué par une
opposition au coucher (colères, crises de larmes...)[5,9].
L’enfant ou l’adolescent, sans évoquer la moindre plainte, peut
refuser d’aller se coucher en utilisant n’importe quel prétexte,
en raison de l’association qui se fait dans son esprit entre le
coucher et les symptômes ressentis [5,9]. Ce refus motivé peut
être alors interprété comme un défaut d’obéissance ou une
opposition face à l’autorité [9]. Pourtant, il peut juste s’agir
d’une stratégie palliant à la survenue des impatiences dans les
jambes. L’enfant jeune (avant six ans) utilise un vocabulaire qui
lui est propre pour décrire ses impatiences : «Coca-Cola dans les
jambes », fils «chargés d’électricité », ou araignée marchant
sous la peau [6,7].
L’adolescent peut, quant à lui, faire appel à une stratégie
d’évitement, en retardant son coucher (jeux interactifs, écoute
de musique...), mais ne se plaint pas pour autant de SJSR [10].
En raison d’une forte héritabilité, la recherche d’une histoire
familiale positive de SJSR doit être systématique, non seule-
ment face à des difficultés d’endormissement ou à un retard de
coucher chez l’enfant ou l’adolescent, mais aussi devant un
réveil matinal difficile, une viscosité attentionnelle, ou une
fatigue inexpliquée. L’existence d’un SJSR chez un des membres
de la famille de l’enfant ou de l’adolescent contribue à mener
l’entretien clinique.
Épidémiologie du syndrome des jambes
sans repos chez le sujet jeune
Les études rétrospectives menées sur des population cana-
diennes et américaines, au cours des années 1990, rapportent
que près de 45 % des adultes ayant un SJSR idiopathique
(primaire) ont vu leurs premiers symptômes apparaître avant
l’âge de 20 ans, et jusqu’à 25 % de ces adultes avant l’âge de
10 ans [11].
Une étude publiée en 2004 a été la première à utiliser comme
critères diagnostiques chez l’enfant, ceux proposés par le
groupe international d’étude du syndrome des jambes sans
repos (IRLSSG) (encadrés 1 et 2)[1]. Cette étude a rapporté une
prévalence élevée du SJSR (5,9 %) sur un échantillon de
538 patients âgés au plus de 18 ans [1]. Selon cette étude,
il semble que les filles ayant atteint l’âge de la puberté soient
plus nombreuses que les garçons à avoir un SJSR. Antérieure-
ment, il était admis un chiffre de prévalence de 1 à 2 % chez
l’enfant âgé de 6 à 12 ans, mais les critères utilisés étaient ceux
de l’adulte [1].
Menée rétrospectivement chez 18 enfants ou adolescents avec
un SJSR à l’âge de leur inclusion dans cette étude, il a été
recherché dans les antécédents médicaux personnels de ces
patients, l’histoire de troubles du sommeil [10]. Une attention
particulière a été portée sur le contexte de l’apparition de ces
troubles et sur la présentation des symptômes. Tous ces
patients, vus en consultation de neuropédiatrie initialement,
avaient bénéficié d’une polysomnographie afin d’objectiver
l’existence d’un trouble spécifique du sommeil.
Clairement, les résultats de cette étude sont intéressants, car ils
montrent que l’âge de l’enfant, au moment où il vient consulter
(10,3 ans d’âge moyen), est antérieur à celui du diagnostic de
SJSR. En effet, le diagnostic de SJSR est porté vers l’âge de
14,7 ans en moyenne, quand l’apparition des premiers
symptômes d’altération du sommeil se situe en moyenne vers
l’âge de 3,1 ans. Dans cette étude [10], il est retrouvé une
histoire familiale de SJSR chez 13 enfants sur 18 (72 %), et ceci
en accord avec les critères diagnostiques du SJSR chez l’enfant.
De plus, un résultat intéressant de cette étude concerne la
ferritine, en effet elle apparaît diminuée (valeur <50 mg/L)
chez 16 sur 18 enfants ou adolescents (89 %) [10].
En définitive, il apparaît que des antécédents de trouble de
l’endormissement chez l’enfant jeune «carencé »en fer
peuvent être prédictifs du SJSR [10].
La première étude d’épidémiologie fondée sur l’utilisation des
critères diagnostiques de l’enfant, proposée par le groupe
international d’étude du syndrome des jambes sans repos
2
Pour citer cet article : Konofal É, Syndrome des jambes sans repos chez l’enfant et l’adolescent, Presse Med (2010), doi: 10.1016/
j.lpm.2010.02.040.
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