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REVUE DE PRESSE
coordonné par le Pr B. Combe
Lombalgie et prothèse totale de hanche
Les relations entre le rachis et le bassin, et en particulier la hanche, sont complexes et ne
sont pas totalement élucidées. Toute intervention thérapeutique sur telle ou telle région
peut avoir des conséquences sur une autre. Par exemple, certaines pathologies rachidiennes
peuvent être responsables de douleurs de la hanche, et des pathologies de la hanche
peuvent majorer des lombalgies. La pose d’une prothèse de hanche est une intervention
qui, dans la majorité des cas, donne des résultats satisfaisants. Cependant, la présence de
douleurs postopératoires identiques ou différentes de celles présentes avant l’opération
peut être source d’insatisfaction pour les patients. Les causes de ces douleurs sont souvent
difficiles à identifier. Parmi celles-ci, les lésions rachidiennes sont fréquemment incriminées.
En effet, de nombreux patients souffrent de lésions dégénératives du rachis alors qu’ils ont
aussi besoin d’une prothèse totale de hanche (PTH). L’influence de la pose d’une PTH sur
les douleurs lombaires a été peu étudiée.
Cette étude avait pour but :
➤➤ d’évaluer l’incidence et la prévalence des lombalgies chez des patients ayant une pathologie de la hanche à un stade terminal justifiant la pose d’une PTH ;
➤➤ de décrire l’évolution de la lombalgie après la pose d’une PTH.
Les patients ont été évalués avant l’opération, puis 6 semaines, 6 mois et 1 an après la
pose de la PTH.
Trois cent quarante-quatre patients âgés en moyenne de 64,5 ans (52 % de femmes)
ont été inclus. Les patients ont été opérés pour une coxarthrose dans 94,7 % des cas.
Avant la chirurgie, 170 patients (49,4 %) avaient une lombalgie. Après la pose de la PTH,
la lombalgie avait disparu chez 113 des 170 patients (66,4 % des patients lombalgiques
avant la chirurgie). En revanche, une lombalgie est apparue chez 20,1 % des patients non
lombalgiques (35 sur 174). Le score fonctionnel de la hanche après la pose d’une PTH était
meilleur chez les patients sans lombalgie en postopératoire que chez ceux en ayant une.
M. Marty (Créteil)
L’allopurinol à forte dose aurait aussi des vertus
anti-ischémiques chez les patients angineux
Des données expérimentales ont suggéré que l’allopurinol pouvait réduire la consommation
en oxygène du myocarde. À partir de ces constatations, une équipe écossaise a évalué, dans
un essai contrôlé en double aveugle de type “crossover”, l’intérêt de cet hypo-uricémiant
chez des patients angineux (1). Soixante-cinq patients présentant une coronaropathie
confirmée par coronarographie, une épreuve d’effort positive et une symptomatologie
angineuse stable depuis au moins 2 mois ont été randomisés pour recevoir soit de l’allopurinol à posologie croissante jusqu’à 600 ­mg/­j, soit un placebo. Après 6 semaines, les
bras de traitement étaient croisés sans washout. Le traitement antiangineux habituel était
poursuivi tout au long de l’étude. Les patients ont été soumis à des épreuves d’effort
successives avec surveillance éléctrocardiographique, ce qui a permis de mesurer le sousdécalage du segment ST (critère principal de l’étude), mais aussi la durée totale de l’exercice
et la durée avant la survenue d’une douleur thoracique. Il s’agissait en majorité d’hommes
(83 %), âgés en moyenne de 64,6 ± 9,3 ans. Huit pour cent d’entre eux présentaient
une insuffisance rénale modérée, 12 % un diabète, 45 % une hypertension artérielle et
43 % une hypercholestérolémie. L’analyse a porté sur les patients qui sont demeurés dans
l’étude jusqu’à sa fin en raison d’un faible nombre de sorties d’essai (5 patients sur 65,
sans rapport avec la réponse thérapeutique ou la survenue d’un événement indésirable).
Sous allopurinol, une amélioration des troubles de la repolarisation est observée chez 85 %
des patients contre 58 % sous placebo. La survenue du sous-décalage ST est retardée de
8 | La Lettre du Rhumatologue • No 365 - octobre 2010
Commentaire
Cette étude confirme un fait clinique souvent
observé, à savoir que, après la pose d’une PTH, de
nombreux patients voient leur lombalgie diminuer.
L’une des explications qui n’est pas évoquée par les
auteurs, mais qui est souvent avancée pour expliquer ce bénéfice, est le gain du pas postérieur après
la pose de la PTH (permettant une augmentation
de l’extension de la hanche), qui entraînerait une
sollicitation moindre des éléments postérieurs du
rachis lors de la marche.
Les principales limites de l’étude sont son caractère purement descriptif, l’absence de mesure de
l’extension de la hanche avant et après la chirurgie
et de son étude de ses relations avec la survenue
ou la disparition de lombalgie.
Référence bibliographique
Parvizi J, Pour AE, Hillibrand A, Goldberg G, Sharkey PF,
Rothman RH. Back pain and total hip arthroplasty. A prospective natural history study. Clin Orthop Related Res
2010;468:1325-30.
Commentaire
Il s’agit de la première étude démontrant un
intérêt de l’allopurinol sur l’amélioration des
symptômes des patients angineux chroniques. Une
étude similaire avait déjà été conduite chez des
patients présentant une insuffisance cardiaque et
n’avait pas démontré d’efficacité de l’allopurinol
sur la capacité d’exercice (2). Les raisons évoquées
pour expliquer ces résultats contradictoires sont
la physiopathologie différente des 2 affections,
d’autres critères d’évaluation et une posologie
d’allopurinol plus faible dans l’essai antérieur. La
dose élevée de 600 mg/j est retenue dans cette
étude : elle améliorerait davantage la fonction
endothéliale et le stress oxydatif que des posologies plus faibles. Il s’agit de doses bien supérieures
à celles utilisées en rhumatologie pour abaisser
l’uricémie des patients goutteux, qui ont souvent
une insuffisance rénale. Néanmoins, l’effet de
l’allopurinol démontré ici est du même ordre de
grandeur que celui des inhibiteurs calciques ou
des nitrés. Ce médicament peu coûteux et bien
toléré pourrait ainsi être intéressant si ses vertus
cardioprotectrices étaient confirmées dans des
études de plus grande ampleur.
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