Le Courrier de colo-proctologie (II) - n° 3 - septembre 2001
hyperéchogène à l’interface entre la mus-
culeuse et la graisse. La lésion se traduit
par un épaississement pariétal hypoécho-
gène de la paroi. L’extension en profon-
deur est évaluée sur la rupture ou la des-
truction des couches hyperéchogènes de
la paroi normale.
La précision diagnostique moyenne de
l’EE comparée à l’étude histopathologique
est de 85 % (extrêmes : 67 à 93) pour l’ex-
tension pariétale (5). L’EE permet de dis-
tinguer les lésions limitées à la sous-
muqueuse (T1) (figure 1) des lésions
envahissant la musculeuse et plus (T2)
avec une précision diagnostique de 92 %
(6). Les valeurs prédictives positive et
négative de la différenciation entre les
tumeurs T1 et T2/T3 sont de 93 % (6).
L’EE n’identifie pas la musculaire
muqueuse et ne permet donc pas de dis-
tinguer les carcinomes intramuqueux des
carcinomes sous-muqueux. Elle n’identi-
fie pas le carcinome intramuqueux au sein
d’un adénome (7, 8, 9). Les erreurs dia-
gnostiques les plus fréquentes sont une sur-
estimation des tumeurs T2 en raison de
l’importance des phénomènes inflamma-
toires. L’EE est moins performante en cas
de localisation rectale basse sus-anale, en
raison de la difficulté à maintenir le trans-
ducteur perpendiculaire à la paroi rectale
(10). L’aspect polypoïde ou exophytique
de la tumeur peut gêner l’interprétation des
images échographiques, en raison de
coupes tangentielles. La présence de struc-
tures vasculaires peut donner de fausses
images d’interruption de couches. La sen-
sibilité de l’EE est moins bonne en cas de
lésions villeuses (8,11,12),ou si des rema-
niements inflammatoires et une fibrose
secondaires à un traitement antérieur altè-
rent la définition échographique des
couches. L’étude écho-endoscopique sera
donc préalable à tout traitement.
ATTEINTE GANGLIONNAIRE
Les adénopathies se traduisent en EE par
la forme de petits nodules hypoéchogènes
dans la graisse péridigestive, détectables à
partir d’une taille de 2 mm. La précision
diagnostique moyenne de l’EE est de
75 % (extrêmes : 62-83) (5) pour le dia-
gnostic des adénopathies métastatiques. La
taille de l’adénopathie constitue un critère
diagnostique essentiel à l’échographie.
L’interprétation doit également tenir
compte de l’échogénécité et du caractère
hétérogène ou non (13). Les adénopathies
métastatiques sont typiquement arrondies,
bien limitées, hypoéchogènes et homo-
gènes (figure 2). La sensibilité diagnos-
tique de l’EE comparée à l’étude
histopathologique est la plus élevée pour
le diagnostic des adénopathies d’une taille
supérieure à 5 mm (14),50 à 70 % des adé-
nopathies de cette taille sont métastatiques
(5). La prédiction de la nature des adéno-
pathies plus petites est difficile. Seules
20 % des adénopathies de moins de 4 mm
sont métastatiques (5). Les erreurs dia-
gnostiques sont une surestimation de la
nature métastatique d’adénopathies
inflammatoires dans la moitié des cas ou
proviennent de la méconnaissance d’adé-
nopathies tumorales de petite taille ou de
siège trop éloigné par rapport au trans-
ducteur. Une biopsie guidée sous écho-
endoscopie peut aider au diagnostic de la
nature métastatique de certaines adénopa-
thies.
MINI-SONDES ET EXTENSION
DE L’ATTEINTE
SOUS-MUQUEUSE
Parmi les facteurs histopathologiques de
risque de ganglions métastatiques, l’EE
n’évalue que l’invasion en profondeur. Les
autres facteurs – embols veineux ou lym-
phatiques et caractère peu différencié de la
tumeur – ne sont évalués que par l’étude
histopathologique de la pièce de résection.
Le principal facteur de risque de méta-
stases ganglionnaires est l’envahissement
en profondeur (15,16).
Dans les tumeurs limitées à la sous-
muqueuse, la profondeur de l’envahisse-
ment est corrélée au risque de métastases
ganglionnaires. Le risque est proche de
0 % pour les lésions envahissant superfi-
ciellement la sous-muqueuse (moins d’un
tiers de son épaisseur). Le risque est élevé
pouvant atteindre 22 % en cas d’envahis-
sement massif de la sous-muqueuse (13).
Avant d’envisager l’exérèse locale d’une
lésion envahissant la sous-muqueuse, il est
important de déterminer précisément si
l’invasion sous-muqueuse est superficielle
ou profonde. Les mini-sondes répondent à
cet objectif. Ces sondes d’un diamètre de
2 à 3 mm sont introduites par le canal opé-
rateur et utilisées sous contrôle endosco-
pique. Le transducteur miniaturisé utilise
une technologie mécanique rotative
radiale. La haute fréquence des mini-
sondes (20 ou 30 MHz) est plus élevée que
celle des écho-endoscopes conventionnels
(7,5 ou 12 MHz), ce qui augmente la réso-
lution mais réduit le champ de pénétration.
L’analyse échographique de la paroi diges-
tive a été établie par comparaison avec
les données anatomiques. Les mini-sondes
d’une fréquence de 30 MHz montrent que
la paroi digestive est une structure écho-
graphique à neuf couches (figure 3, p. sui-
vante):la première couche hyperéchogène
répond à l’interface entre le ballonnet et la
muqueuse ; la deuxième couche, hypo-
échogène, et la troisième, hyperéchogène,
à la muqueuse ; la quatrième, fine, hypo-
échogène à la musculaire muqueuse ; la
cinquième, hyperéchogène, à la sous-
muqueuse ; la sixième, hypoéchogène, à
la couche circulaire interne de la muscu-
leuse ; la septième, hyperéchogène, à l’in-
terface entre les deux couches de la mus-
culeuse ; la huitième à la couche
longitudinale externe de la musculeuse ; la
neuvième à la séreuse. Cette structure
échographique de la paroi rectale est iden-
Figure 2. Ganglion métastatique.
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