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ment et permet l’administration de médi-
caments. Des troubles de la déglutition
ou l’observation d’une dénutrition sévère
avec impossibilité ou insuffisance de renu-
trition par voie orale rendent nécessaire
le recours à une alimentation entérale.
Elle doit s’inscrire dans un projet théra-
peutique cohérent, envisagé avec le patient
ou avec son entourage lorsqu’il est inca-
pable de s’exprimer, et ne concerne pas
les situations de fin de vie. Cette ali-
mentation peut se réaliser en gériatrie à
l’aide de deux voies d’abord :
– la sonde naso-gastrique (SNG) est
facile à poser mais peut engendrer diffé-
rentes complications comme un incon-
fort nasal et oro-pharyngé, des ulcéra-
tions sur son trajet ou des sinusites. De
plus, elle est peu discrète et facile à
arracher pour un sujet confus ou agité.
Cette méthode ne peut être retenue en
milieu gériatrique que pour une courte
période et sa nécessité régulièrement
réévaluée (5) ;
– la gastrostomie per endoscopique (GPE)
est posée au cours d’une endoscopie
digestive haute après insufflation et trans-
illumination de l’estomac qui est ponc-
tionné pour permettre la mise en place de
la canule. Cette méthode a peu de com-
plications et est particulièrement adap-
tée à une alimentation entérale artificielle
de longue durée qui peut être débutée
dès la douxième heure après sa pose (6).
Ses indications, nécessitant une concer-
tation préalable, sont parfois transitoires,
notamment lors d’une perte rapide d’au-
tonomie, d’une prise en charge d’escarres
importantes ou d’une dénutrition sévère
engageant le pronostic vital.
Afin de limiter les complications impu-
tables à ces méthodes, il est nécessaire
d’augmenter progressivement la quan-
tité de nutriments à assimiler. Le débit
d’administration est régulé par une
pompe, le patient doit se trouver en posi-
tion demi-assise au cours et au décours
immédiat de l’alimentation pour limi-
ter les régurgitations et diminuer ainsi
le risque d’inhalation bronchique. Le
choix du produit de nutrition et sa quan-
tité dépendent de l’objectif nutritionnel
fixé. Conditionnés en flacon de 500 ml,
ces mélanges nutritifs complets con-
tiennent de 500 à 750 kcal. Ces produits
contiennent peu de sodium et il est sou-
vent nécessaire d’y associer un complé-
ment de NaCl. En plus de l’alimentation,
ces deux méthodes permettent l’admi-
nistration de médicaments en prenant
bien soin de rincer à l’eau les sondes pour
éviter qu’elles ne se bouchent.
Cependant, l’attitude des équipes géria-
triques françaises a changé concernant
l’alimentation entérale, avec un recours
moins fréquent à ces méthodes chez les
patients présentant un état démentiel
avancé et lors de contexte de fin de vie (7).
L’alimentation parentérale consiste en
l’administration d’apports nutritionnels
par voie intraveineuse. Cette méthode
ne présente pas d’aspects spécifiques
en médecine gériatrique où elle est peu
employée devant les risques d’hyper-
volémie, de perturbations de l’équilibre
hydro-électrolytique, de mauvaise tolé-
rance loco-régionale et d’infections.
Une carence en vitamines et en oligo-
éléments est le plus souvent associée aux
états de dénutrition. Les carences les plus
fréquentes, chez le sujet âgé fragile,
concerne l’acide folique, le calcium et la
vitamine B 12 qu’il faut penser à recher-
cher et à supplémenter.
L’observation d’une déshydratation est
souvent associée à la malnutrition pro-
téino-énergétique chez la personne âgée.
L’hydratation peut alors se faire soit par
voie orale, soit à l’aide des sondes uti-
lisées pour l’alimentation entérale arti-
ficielle, ou encore par voie parentérale
intraveineuse, mais également par hypo-
dermoclyse. Cette dernière technique
consiste à administrer de 500 ml à 1 l de
sérum physiologique ou de glucosée à
5 % par voie sous-cutanée stricte à
l’aide d’une aiguille de type Butterfly®.
Cette perfusion délivrée sur 12 heures,
de nuit, permet au patient de conserver
une bonne autonomie diurne (8).
Conclusion
Le diagnostic des malnutritions protéino-
énergétiques, ainsi que leurs évalua-
tions et la mise en place rapide de stra-
tégies thérapeutiques, est une priorité dans
la prise en charge des patients âgés. Elle
permet notamment de réduire l’impor-
tance de la morbidité et de la mortalité
qui leur sont associées. Bien qu’il soit
toujours souhaitable de favoriser l’ali-
mentation par voie orale, certaines situ-
ations cliniques peuvent nécessiter le
recours à une nutrition artificielle lorsque
l’apport devient insuffisant. ■
171
Le sujet âgé
Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (17), n
os
8-9, nov.-déc. 2003
Le sujet âgé
Ingesta Statut nutritionnel
Normal Altéré Très altéré
(dénutrition modérée, (dénutrition sévère,
albumine < 30 g/l albumine < 30 g/l)
Normaux Surveillance Surveillance, conseils Supplémentation orale
réévaluations, d’emblée
adaptations alimentaires
Diminués Surveillance, conseils Supplémentation orale Alimentation entérale,
(≤1/3) réévaluations d’emblée surtout si affection
adaptations alimentaires cachectisante
Très diminués Supplémentation orale Alimentation entérale, Alimentation entérale,
(> 1/3) d’emblée surtout si affection d’emblée
cachectisante
Annexe 2. Schéma de décision d’intervention nutritionnelle en fonction du statut et des ingesta.