Prévention
des
chutes
en
réadaptation
Preventing
falls
in
rehabilitation
facilities
R.
Brion
a,b
S.
Mercier
a
a
Centre
Bayard,
69100
Villeurbanne,
France
b
Dieulet
Santé,
26220
Dieulet,
France
Disponible
en
ligne
sur
ScienceDirect
le
21
octobre
2015
Après
un
épisode
pathologique
aigu
et
notamment
après
une
intervention
chirur-
gicale,
le
risque
de
chute
est
accru
chez
les
patients,
surtout
les
plus
âgés.
C'est
une
notion
que
les
personnels
des
centres
de
soins
de
suite
et
de
réadaptation
(SSR)
connaissent
bien
pour
y
être
confrontés
et
pour
laquelle
ils
ont
une
vigilance
toute
particulière
(Annexe
1).
En
raison
de
la
durée
d'hospitalisation
plus
longue
qu'en
établissement
médico-chirurgi-
cal
et
de
leur
spécicité
en
rééducation,
les
établissements
SSR
sont
bien
adaptés
pour
l'évaluation
et
la
prévention
des
risques
de
chute.
Une
approche
individualisée
permet
d'identi-
er
les
risques
de
chute
des
patients
et
de
prendre
dans
l'établissement
les
mesures
réduisant
ce
risque.
Au-delà,
une
rééducation
adaptée
à
la
prévention
des
chutes
favorise
un
retour
à
domicile
mieux
sécurisé.
LA
PRISE
EN
CHARGE
INDIVIDUELLE
Comment
dépister
les
patients
à
risque
de
chute
?
Le
patient
type
à
risque
de
chute
est
âgé
de
plus
de
80
ans.
Il
a
déjà
chuté
(une
chute
dans
la
dernière
année
est
un
des
meilleurs
fac-
teurs
prédictifs).
Sa
mobilité
est
habituelle-
ment
réduite
et
il
vit
un
changement
d'environnement
récent
(l'hospitalisation
et
la
mutation
dans
un
service
SSR
entrent
bien
dans
ce
cadre).
Certaines
pathologies
spéciques
augmen-
tent,
parfois
considérablement,
ce
risque.
Ce
sont
essentiellement
les
pathologies
suivantes
:
neurologique
:
maladie
de
Parkinson,
démences,
dépression
;
Auteur
correspondant
:
R.
Brion,
Centre
de
réadaptation
Capio-
Bayard,
44,
avenue
Condorcet,
69100
Villeurbanne,
France.
Adresse
e-mail
:
RÉSUMÉ
La
prévention
des
chutes
est
une
préoccupation
majeure
des
établissements
de
soins
de
suite
et
de
réadaptation.
La
première
mesure
est
l'évaluation
a
priori
du
risque
de
chaque
patient
et
la
mise
en
place
de
mesures
préventives
individuelles.
Une
analyse
globale
des
chutes
au
niveau
de
l'établissement
doit
également
être
conduite
grâce
à
un
registre
colligeant
la
totalité
des
chutes
et
de
leurs
circonstances
de
survenue.
L'ensemble
des
données
analysées
permet
de
mettre
en
évidence
l'éventualité
de
risques
insufsamment
gérés
ou
spéciques
à
l'établisse-
ment
et
donc
de
guider
des
mesures
de
prévention
plus
globales.
L'efcacité
de
ces
mesures
doit
être
évaluée.
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2015
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Masson
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droits
réservés.
SUMMARY
Falls
prevention
is
a
major
concern
for
rehabilitation
institutions.
The
rst
action
is
the
preliminary
assessment
of
the
risk
of
each
patient
and
the
setting
up
of
individual
preventive
measures.
A
comprehensive
analysis
of
the
falls
at
the
establishment
level
must
also
be
conducted
through
a
register
compiling
all
of
the
falls
and
their
circumstances.
Analyzed
data
set
allows
to
highlight
the
possibility
of
poorly
managed
or
specic
risks
and
thus
to
guide
more
comprehensive
preventive
actions.
The
effectiveness
of
these
actions
should
be
evaluated.
©
2015
Elsevier
Masson
SAS.
All
rights
reserved.
R.
Brion
Arch
Mal
Coeur
Vaiss
Prat
2015;2015:1822
Dossier
/
Fiche
technique
18
http://dx.doi.org/10.1016/j.amcp.2015.09.013
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2015
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Masson
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droits
réservés.
troubles
cognitifs
:
diminution
du
MMS
(Mini-Mental
Score)
;
troubles
sensoriels
:
vision
diminuée,
sensibilité
profonde
altérée
;
incontinence,
notamment
urinaire
par
impériosité
;
hypotension
orthostatique
;
troubles
locomoteurs
et
neuromusculaires
:
diminution
de
la
force
(membres
inférieurs,
préhension),
troubles
de
la
mar-
che
et/ou
de
l'équilibre
postural
ou
dynamique,
nécessité
d'auxiliaires
pour
le
déplacement
(canne,
déambulateur.
.
.)
;
polymédication
(4
médicaments
et
plus),
psychotropes,
trai-
tement
hypotenseurs.
.
.
;
comportementales
:
alcool,
sédentarité,
malnutrition,
témérité.
.
.
Quatre
tests
simples
permettent
d'évaluer
assez
précisément
le
patient
potentiellement
«
chuteur
»
:
le
test
de
mobilité
:
demander
au
patient
de
se
lever
d'un
siège
classique,
de
marcher
sur
3
mètres,
de
se
retourner
et
de
revenir
s'asseoir
sans
l'aide
d'une
canne
:
on
note
un
cit
de
mobilité
à
partir
d'une
durée
du
test
de
20
secon-
des
et
un
risque
important
à
partir
de
29
secondes
;
le
test
unipodal
:
le
maintien
en
équilibre
sur
une
jambe
ne
peut
être
tenu
plus
de
5
secondes
;
la
poussée
sternale
:
un
déséquilibre
contrôler
!)
après
une
poussée
modérée
prédit
un
risque
de
chute
accru
;
le
test
de
parole
pendant
la
marche
:
les
personnes
fragiles
s'arrêtent
de
marcher
quand
elles
sont
sollicitées
sur
un
autre
domaine
d'attention.
On
conçoit
que
ce
handi-
cap
puisse
favoriser
un
moment
d'inattention
et
une
chute.
Des
tests
spéciques
plus
précis
explorant
l'équilibre
statique
et
dynamique
avec
des
scores
sont
disponibles
comme
le
test
de
Tinetti
(adapté
par
les
Enseignants
de
gériatrie
français)
Un
environnement
mal
adapté
est
bien
souvent
le
facteur
qui
va
déclencher
la
chute
:
les
locaux
:
les
chutes
peuvent
être
favorisées
par
un
éclairage
insufsant
ou
une
recherche
d'interrupteur
peu
accessible,
des
escaliers
mal
conçus,
l'absence
de
rampes,
des
sols
glissants,
des
tapis.
.
.
et
tout
ce
qui
peut
faire
obstacle
;
le
matériel
:
des
chaussures
inappropriées,
des
auxiliaires
de
marche
mal
adaptés,
du
matériel
de
rééducation
mal
sécurisé.
.
.
peuvent
être
à
l'origine
de
chutes.
Mesures
permettant
de
limiter
le
nombre
de
chutes
Le
«
toilettage
»
de
l'ordonnance
doit
être
une
attitude
systé-
matique
avec
une
attention
particulière
portée
sur
le
nombre
de
médicaments
prescrits,
sur
l'utilisation
des
psychotropes
ainsi
que
des
traitements
hypotenseurs.
L'adaptation
du
milieu
de
vie
est
une
étape
très
importante
:
en
SSR,
l'adaptation
de
la
chambre,
des
zones
de
transit
et
des
lieux
de
rééducation
sont
une
nécessité
à
partager
avec
tous
les
professionnels
et
parfois
avec
les
conseils
des
ergothéra-
peutes.
Avant
la
sortie
du
centre,
un
aménagement
de
l'habitat
avec
visite
d'un
ergothérapeute
à
domicile
sera
parfois
néces-
saire
chez
un
sujet
à
risque
non
maîtrisé.
Un
programme
de
rééducation
spécique
doit
être
envisagé
chez
les
patients
à
risque.
Il
comprend
plusieurs
volets
:
aspects
éducatifs
sur
les
erreurs
à
ne
pas
commettre
en
cours
d'hospitalisation.
Un
excellent
lm
éducatif
réalisé
par
les
hôpitaux
de
Genève
est
disponible
sur
http://www.
dailymotion.com/video/xmhzde
;
rééducation
par
l'activité
physique
:
elle
a
pour
objectif
de
répondre
aux
4
besoins
spéciques
suivants
:
endurance,
force,
équilibre,
vertige,
le
programme
comprend
donc
des
exercices
de
renforce-
ment
musculaire,
de
conservation
ou
amélioration
des
amplitudes
articulaires,
de
rééducation
à
la
marche
et
d'entraînement
à
l'équilibre.
Ces
programmes
compren-
nent
également
des
exercices
de
relèvement
du
sol.
Le
taï
chi,
art
martial
chinois,
a
une
efcacité
démontrée
notam-
ment
sur
la
fonction
équilibre,
l'impact
de
ces
programmes
joue
également
sur
la
reprise
d'une
conance
souvent
perdue
à
la
suite
d'une
chute
précédente.
Le
«
syndrome
post-chute
»
avec
la
peur
de
tomber
à
nouveau
contribue
à
entretenir
la
sédentarité
qui
est
en
soi
un
facteur
de
risque
de
nouvelle
chute.
Des
mesures
diverses
peuvent
être
envisagées
en
fonction
des
problématiques
posées
:
la
correction
des
cits
visuels
lorsqu'elle
est
possible
;
le
port
de
chaussures
adaptées
(chaussures
plates
confor-
tables
à
semelles
plutôt
épaisses
et
dures
que
souples
et
minces,
prenant
bien
le
pied)
en
évitant
les
pieds
nus,
chaussons
ouverts,
claquettes.
.
.
;
la
lutte
contre
l'ostéoporose
(apport
de
vitamine
D
dans
une
population
souvent
carencée)
an
de
lutter
contre
les
consé-
quences
fracturaires
des
chutes.
Après
avoir
identié
les
patients
à
risque
accru
de
chute,
il
convient
de
prendre
les
mesures
nécessaires
an
d'adapter
leur
traitement,
leur
environnement,
et
pour
certains
envisager
une
rééducation
spécique.
Malheureusement,
souvent,
cela
ne
suft
pas
et
un
certain
nombre
de
chutes
se
produit
imman-
quablement
dans
tous
les
établissements.
C'est
pour
cela
qu'il
faut
aller
plus
loin
dans
la
démarche
qui
doit
dépasser
le
stade
de
la
prise
en
charge
individuelle
pour
être
accompagnée
d'une
démarche
épidémiologique
au
niveau
de
l'établissement.
LA
RÉFLEXION
GLOBALE
Chaque
établissement
a
ses
particularités
liées
à
l'âge
et
à
la
sociologie
de
la
patientèle
admise,
aux
locaux
et
au
mode
de
fonctionnement.
L'analyse
globale
des
chutes
survenues
dans
l'établissement
doit
permettre
de
préciser
s'il
existe
des
ris-
ques
classiques
insufsamment
pris
en
charge
par
l'établis-
sement
ou
des
risques
particuliers
et
d'apporter
dans
ce
cas
des
modications
structurelles
et/ou
organisationnelles.
Cette
exion
est
conduite
en
cinq
étapes.
étape
1
:
comptabilisation
exhaustive
du
nombre
de
chutes
survenant
dans
l'établissement
(sans
sous-estimation)
;
étape
2
:
analyse
de
chaque
cas
(questionnaire
en
Annexe
1
utilisé
au
centre
Bayard)
;
étape
3
:
analyse
globale
multidisciplinaire
des
chutes
sur-
venues
dans
l'établissement
avec
recherche
de
facteurs
favorisants.
Les
discussions
doivent
porter
sur
:
le
prol
des
patients
chuteurs,
les
facteurs
environnementaux,
les
conséquences
des
chutes,
les
interventions
envisagées
;
L'étude
doit
notamment
permettre
d'attirer
l'attention
sur
des
évènements
répétitifs
(par
exemple
:
chutes
dans
un
escalier
insufsamment
éclairé.
.
.,
assistance
insuf-
sante
des
patients
invalides
à
certaines
heures
de
la
journée.
.
.,
couloir
encombré.
.
.,
déambulateur
mal
adapté
ou
mal
utilisé.
.
.,
oubli
de
blocage
d'un
fauteuil
roulant,
etc.).
Prévention
des
chutes
en
réadaptation Dossier
/
Fiche
technique
19
étape
4
:
les
constations
de
l'étape
3
doivent
déboucher
sur
l'élaboration
et
la
mise
en
application
de
mesures
correc-
tives
ciblées
(pour
suivre
les
exemples
précédents
:
éclai-
rage
modié
sur
une
zone
à
risque,
meilleure
répartition
des
personnels
sur
certaines
heures,
ne
pas
laisser
du
matériel
stocké
sur
des
zones
de
déplacement,
insister
sur
l'apprentissage
de
l'utilisation
des
déambulateurs,
former
les
personnels
sur
le
bon
usage
des
fauteuils
roulants,
etc.)
;
étape
5
:
c'est
le
temps
de
l'évaluation
:
quel
impact
ont
eu
les
mesures
préconisées
sur
le
nombre
de
chutes
et
leur
gravité
?
Il
a
été
montré
que
les
interventions
multifactorielles
avaient
une
efcacité.
La
revue
Cochrane
rapporte
que
chez
les
per-
sonnes
âgées
vivant
à
domicile
non
sélectionnées
(chuteurs
et
non-chuteurs
regroupés),
ces
programmes
réduisent
le
nom-
bre
de
chuteurs
(RR
=
0,73).
Dans
une
population
sélection-
née
comme
étant
à
risque
de
chute,
l'intervention
multifactorielle
est
également
efcace
avec
une
réduction
signicative
de
14
à
31%
selon
les
études.
D'autres
méta-
analyses
vont
dans
le
même
sens.
Chaque
établissement
doit
évaluer
l'évolution
de
son
taux
de
chutes
et
par
la
même
l'efcacité
de
sa
politique
de
prévention.
Déclaration
de
liens
d'intérêts
Les
auteurs
déclarent
ne
pas
avoir
de
liens
d'intérêts.
En
pratique
Évaluation
et
prise
en
charge
des
personnes
âgées
faisant
des
chutes
répétées
Société
française
de
bonnes
pratiques
professionnelles
(SFGG),
avril
2009.
Prévention
des
chutes
accidentelles
chez
la
personne
âgée
Société
française
de
documentation
et
de
recherche
en
médecine
générale,
novembre
2005.
R.
Brion,
S.
Mercier
Dossier
/
Fiche
technique
20
ANNEXE
1.
CONSTAT
DE
CHUTE
UTILISÉ
AU
CENTRE
BAYARD
DE
VILLEURBANNE
Prévention
des
chutes
en
réadaptation Dossier
/
Fiche
technique
21
R.
Brion,
S.
Mercier
Dossier
/
Fiche
technique
22
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