UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ
Section Sociologie et Anthropologie
UNE SOCIOLOGIE DE LA MÉDIATION :
LA STRATÉGIE ABSOLUTISTE DE LA
MODÉRATION
Thèse de Doctorat de Sociologie et d’Anthropologie
Préparée sous la direction de :
Monsieur le Professeur Francis FARRUGIA
Université de FRANCHE-COMTÉ
Membres du Jury :
Monsieur le professeur Alain BIHR – BESANÇON -
Monsieur le professeur Yves CHEVALIER – TOURS
Monsieur le professeur Pierre COURS-SALIES – MARNE-LA-VALLEE
Monsieur le professeur Francis FARRUGIA – BESANÇON -
Monsieur Henri-Pierre JEUDY – Chargé de recherche au C.N.R.S. –
L.A.I.O.S. -
Présentée par :
Monsieur Étienne BIGOT
- BESANÇON –
11 Décembre 2006
Au fond, une thèse est une histoire banale. Elle raconte l’histoire d’une vie,
d’une réflexion et exprime une grande quantité d’interrogations. L’intérêt vient
certainement dans une raison de les ordonner, de leur donner figure humaine.
Cette vie de recherche conquiert sans doute ce qui ne lui a pas été donné. En ce
domaine, la mienne a répondu strictement au postulat. Heureusement, elle aura
réussi à trouver une direction toujours mesurée et disponible. Je remercie ainsi
mon directeur de thèse grâce à qui tout est toujours resté possible.
Impensable et indispensable, la soutenance est l’exercice d’ouverture et de
fermeture des temps. Que le jury reçoive l’expression de ma gratitude, que
ceux-là soient ou non plus flagrants que ceux-ci.
Je pense indéfectiblement aux amis qui seront restés fidèles à une pensée
rebelle à l’ordre des choses. Les paris sont souvent risqués mais ils valent pour
découvrir et aimer les êtres sans autre fin. Bien sûr, il faut être là et certains le
font mieux que d’autres. Enfin, ce combat quotidien et usant fait l’œuvre qui
déchire la démesure des réalités du monde.
Qu’ils se reconnaissent donc, les René, Mouzaffar, Manu, Linda et Gérard,
Eusébio et Céline, David, Guillaume, François, Thierry, Maurice, Gérard,
Mustapha, Julien, Mylène et Françoise… Pêcheurs d’idéal, pourvu qu’ils
luttent encore tous pour la belle vie et que rien ne nous empêche de le faire
ensemble.
Ce travail n’aurait trouvé aucune issue possible sans l’aide du Service des
Sports et des Grandes Manifestations de la Ville de Tours. Je remercie les gens
avec qui j’ai eu plaisir à travailler depuis 2001 et mes amis de l’A3Tours qui
auront montré patience, gentillesse ou compréhension envers quelqu’un
d’assez fou pour être aujourd’hui un vieil étudiant. Tant qu’on a un travail,
hein !
Toutes les aides m’auront été précieuses. Rares, les plus belles ont toujours été
proches du cœur. Ma gratitude infinie s’envole auprès de celui de ma mère.
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A mes parents, …à mon enfant.
2
INTRODUCTION : AVERTISSEMENT EN TROIS MOTS
En trois mots, il serait satisfaisant d’avoir tout dit. Trois, un seul,
rien, un soupir pour tout dire. Il suffirait alors d’un rien pour tout connaître sur
l’unique sujet de la médiation. Le temps est un bien si précieux.
La médiation est un sujet complexe mais nul ne pouvant être ignorant en tout
chacun sait aussitôt, immédiatement et certainement quelque chose sur elle. La
médiation est un truc qui va déjà de soi. Tout le monde en parle, en a entendu
parler. Chacun sait bien ce que l’actualité en fait ou ce qu’elle devrait en faire.
Revenir sur des certitudes qui sont notamment nôtres pose un problème réel.
Sans pouvoir contredire l’évidence, parfois à la grâce de notre duplicité,
l’ignorance se retrouverait détentrice d’un véritable savoir. Le temps de la
déstabilisation est nécessaire, il faut se mettre en péril même pour rien. Rien à
faire décidément, nombre d’évidences ne peuvent seulement aller de soi.
L’avertissement en trois mots indique que le chiffre “trois” est celui qui
convient le mieux en la circonstance. La médiation est déjà triple sujet, au
moins. Son ordre numérique esquisse le mouvement d’ensemble qui converge
de lui-même utilement sur notre cible. Tout serait donc presque dit après avoir
réparti les nombres à moins, qu’obstinément, nous ne voulions savoir pourquoi
et comment la médiation est là, toujours là un peu, beaucoup…
L’énumération nous rend terriblement prévisibles. La perspective
enthousiasmante offerte par le ternaire n’est-elle pas en effet simplement
précédée par celle, manichéenne, du binaire ? L’élan classificatoire fait-il partie
de nous, qui retrouvons alors l’Unité, preuve sans appel - mais néanmoins
verbalisée et disputée - qu’avant, il n’y avait Rien ? La médiation est
démasquée, le chemin va aussi sur son revers. Ce n’est d’ailleurs pas forcément
la moins bonne façon de marcher vers elle, ni la moins sûre pour la rejoindre.
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Chapitre I :
LA MEILLEURE FAÇON D’ARRIVER JUSQU’A TROIS
D’une manière générique, la médiation correspond à un
découpage et à un arrangement en trois étapes d’une situation, sociale ou
intellectuelle, appréciée et positionnée comme conflictuelle. Le terme
“situation” renvoie à une généralité pendant que celui de conflit fait référence à
une opposition soit concrète, soit abstraite. La médiation répond alors à une
volonté qui organise une manière de voir le monde et se propose d’aider à
solutionner tout conflit ou d’amoindrir ses conséquences à partir d’elle. La
médiation trouve ainsi dans le projet d’une pacification de l’existence son
contexte global. La présentation la rend tentante mais ouvre un champ infini à
ses applications. C’est humain, toutes les âmes en veulent, tous l’attendent,
tous en ont envie.
L’universalité, est la première dimension de la médiation à prendre en
considération.
Pour tout humain prisonnier entre l’idéal philosophique et le fait brut, se
résoudre à vivre, à bouger, à parler, à faire, c’est déjà trahir. Les biffures
apposées sur le contrat moral des hommes témoignent de la dureté des conflits
qu’ils endurent. Pour donner le change dans des négociations sans illusion
arbitrées par le temps présent, il faudrait que toutes leurs actions, leurs
initiatives, se retrouvent en pure adéquation avec ce que chacun se devrait
d’être vraiment, avec authenticité comme l’on dit et répète à l’envi. C’est, il est
vrai, la moindre des précautions pour ne pas se déjuger sitôt que les
événements ne donnent plus raison d’eux-mêmes. Décidément, tout augmente
mais peu d’entre nous peuvent encore se targuer de disposer des points
d’origine exacts permettant la mesure réelle de l’importance des conflits. Les
conflits demeurent doublement un produit de l’existence et un producteur de
cette dernière sans que soit niées leurs dimensions aléatoires et variables.
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