215
La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 4 - vol. IV - septembre 2001
Tests
d’évacua-
N°20
Fiche
technique
Proctectomie pour cancer
moïde, c’est-à-dire avec un très faible taux de réci-
dive locale. Dans ces conditions, une résection du
mésorectum (et du rectum) de 5 cm sous le pôle infé-
rieur de la tumeur est nécessaire et suffisante, suivie
d’anastomose colorectale sur le moyen rectum, sans
nécessité de l’adjonction d’un réservoir colique en J.
Le choix entre anastomose colo-anale, colorectale
basse et amputation abdomino-périnéale (aujour-
d’hui dans moins de 20 % des cas) est guidé par le
siège de la tumeur. Schématiquement, après dissec-
tion complète du rectum, on peut considérer que :
– l’amputation abdomino-périnéale est néces-
saire si la tumeur est à moins de 2 cm de la ligne
pectinée (mais certains pourraient alors proposer
une dissection intersphinctérienne dans certains
cas favorables) ;
– l’anastomose colo-anale manuelle est néces-
saire, si la tumeur siège entre 2 et 4 cm environ
de la ligne pectinée ;
– l’anastomose colorectale basse mécanique
est réalisable, si une section du rectum par voie
abdominale avec une marge de sécurité d’au moins 2 cm est possible, c’est-à-dire, en pratique, si la tumeur
siège au moins à 4 ou 5 cm de la ligne pectinée.
Actuellement, la mortalité opératoire est d’environ 2 % après proctectomie pour cancer. La morbidité spéci-
fique est essentiellement représentée par les sepsis pelviens postopératoires, le plus souvent secondaires à une
fistule anastomotique, dont les conséquences immédiates sont le plus souvent prévenues par la réalisation
d’une iléostomie temporaire de protection. Parfois, un drainage sous scanner ou par voie transanale d’une col-
lection présacrée peut-être nécessaire. Globalement, on peut évaluer à 10 % le nombre de patients qui vont
avoir une complication septique pelvienne postopératoire.
En l’absence de complication postopératoire, la durée d’hospitalisation est d’environ 10 à 12 jours, prolon-
gée par un arrêt d’activité d’environ 1 mois, puis par une réhospitalisation de 5 à 7 jours pour le deuxième
temps opératoire de fermeture de la stomie de protection.
Après proctectomie pour cancer, la qualité du résultat fonctionnel est influencée par la hauteur de rectum res-
tant. En effet, 92 à 100 % de bons résultats fonctionnels sont rapportés après résection antérieure du rectum
et anastomose colorectale conservant plus de 5 cm de rectum. Le problème de l’évaluation des résultats fonc-
tionnels se pose donc essentiellement en cas d’anastomose colo-anale ou colorectale basse. Enfin, il faut savoir
que plusieurs facteurs liés au terrain peuvent conditionner les résultats fonctionnels des anastomoses colo-
anales et colorectales basses : notamment l’âge, la radiothérapie préopératoire, et surtout la survenue d’une
fistule anastomotique symptomatique.
Un an après anastomose colo-anale, une continence parfaite est observée dans 65 à 95 % des cas. En moyenne,
le nombre de selles par 24 heures varie de 2 à 3, et une bonne discrimination entre les gaz et les selles est
observée chez 90 à 100 % des patients. Enfin le taux d’impériosité après anastomose colo-anale varie de 4 à
12 % selon les séries. La réalisation d’un réservoir colique permet d’améliorer les résultats fonctionnels à long
terme des anastomoses colo-anales et colorectales très basses, en particulier en diminuant le nombre de selles
par 24 heures et le taux d’impériosité. Des résultats fonctionnels proches ont été observés après anastomose
colorectale basse à la pince, que ce soit pour la continence, le nombre de selles par 24 heures, l’impériosité
ou la discrimination entre les selles et les gaz.
Résultats
opératoires
Résultats
fonctionnels
Figure 4. Anastomose mécanique et iléostomie
de protection.