conditions adaptées pour ne pas modifier leur microflore. Ce
sont en général des denrées alimentaires, matières premières,
produits en cours d’élaboration ou produits finis. Il peut aussi
s’agir d’eau, d’air ou d’échantillons constitués à partir de sur-
faces [21] dont on souhaite apprécier la propreté.
D’un point de vue général, le recours à la microbiologie
suppose d’être en mesure in fine d’interpréter les résultats
d’examens. C’est dans ce cadre que doit être posée la ques-
tion préalable de l’échantillonnage.
1) Principes d’échantillonnage
La représentativité des résultats obtenus passe par le res-
pect d'un schéma statistique de prélèvement d'échantillons.
Cependant, en microbiologie des aliments, les plans d’échan-
tillonnage ainsi définis sont difficiles à appliquer : l’analyse
est coûteuse et destructive, et la mise en œuvre des tables de
nombres au hasard se révèle fastidieuse [17].
Il est aussi indispensable qu'existe, au préalable, un
ensemble de mesures de maîtrise des procédés, permettant de
garantir une constance de la qualité des produits au cours du
temps. Dans le cas contraire, le résultat d'une série d'analyses
n’est qu’un simple sondage qui ne présume en rien de la qua-
lité des autres lots de fabrication.
Les prélèvements pour examens microbiologiques peuvent
donc être réalisés selon différentes stratégies.
L’application d’un plan d’échantillonnage statistique est
une méthode trop contraignante pour être utilisée de façon
courante.
Quel que soit le plan d’échantillonnage utilisé, il persiste
toujours une incertitude quant à la validité du résultat, d’au-
tant plus faible que le nombre d’échantillons élémentaires est
important. D’apparence très sécurisante, cette méthode n’est
donc pas infaillible.
L’application de plans d’échantillonnage simplifiés, tels
que ceux définis par certains groupes d’experts [6], prenant
en compte la gravité du danger et sa probabilité d’apparition,
permet d’adapter le nombre d'échantillons en fonction du
risque prévisible.
Enfin, la réglementation préconise un plan d’échantillon-
nage minimum comprenant cinq échantillons par lot.
2) Flores recherchées
Les flores recherchées en microbiologie des aliments sont
de quatre types [7].
Il s’agit tout d’abord de bactéries pathogènes pour
l’homme, agents de toxi-infections alimentaires collectives.
Les recherches courantes concernent Listeria monocyto-
genes, les salmonelles, Staphylococcus aureus et dans cer-
tains cas Bacillus cereus.
Le dénombrement des Clostridium perfringens est souvent
remplacé par celui des bactéries anaérobies sulfito-réduc-
trices.
Les micro-organismes agents d’altérations sont de nature
variable, selon les produits. Longtemps limitée au dénombre-
ment de la flore aérobie revivifiable à +30°C, l’évaluation de
l’altération microbienne des denrées passe de plus en plus par
des recherches très sélectives, par exemple celle des
Pseudomonadaceae pour les produits réfrigérés ou de la flore
lactique dans le cas des produits acides.
Les micro-organismes indicateurs de contamination fécale
utilisés en pratique courante sont les entérocoques, les coli-
formes thermotolérants et Escherichia coli. Leur présence
dans les denrées ou l’eau est considérée comme le signe
d’une contamination par des matières fécales [15].
Parmi les micro-organismes indicateurs technologiques, il
faut citer les coliformes et les Enterobacteriaceae. Très ther-
mosensibles, ces bactéries ne doivent pas être retrouvées
dans les aliments pasteurisés si le procédé de traitement uti-
lisé est efficace.
Il convient de retenir d’emblée deux points dont l’impor-
tance pratique est grande.
Quoique cela relève de l’évidence, l’examen microbiolo-
gique ne permet de détecter que les flores microbiennes
effectivement recherchées. Compte tenu de l’extrême diver-
sité des micro-organismes agents de toxi-infection alimen-
taire, il est impossible de les rechercher tous. Leur liste s'ac-
croît d'ailleurs périodiquement, avec l'émergence de nou-
veaux dangers [23]. Il faut, en particulier, remarquer l'ab-
sence de recherche "en routine" des virus et parasites dans les
produits alimentaires élaborés, alors que des épidémies de
grande ampleur, dues à ces agents, sont périodiquement rap-
portées [26, 28].
C’est pourquoi, un résultat satisfaisant aux critères définis
n’est jamais une garantie absolue de salubrité d’une denrée.
La signification pratique des indicateurs utilisés a fait l’ob-
jet d’une large remise en question. L’interprétation de la pré-
sence de ces flores doit donc être effectuée avec la plus
grande prudence, sur la base d’une connaissance des procé-
dés de production utilisés et de l’écologie de chaque groupe
microbien [14].
3) Techniques utilisées en microbiologie des aliments
Il est d’usage de distinguer deux types de techniques en
microbiologie, qualifiées de traditionnelles et de rapides.
a) Les techniques traditionnelles
Les techniques traditionnelles de la microbiologie pasteu-
rienne reposent sur la mise en culture d’un inoculum dans un
milieu spécifique. La composition du milieu, la température
d’incubation et la nature de l’atmosphère dans laquelle est
incubé le milieu permettent de créer une pression de sélection
et de cultiver sélectivement une population bactérienne.
Ces méthodes servent de référence et font l’objet d’une
normalisation au niveau international.
Dans le cas des techniques de dénombrement, la prise d’es-
sai subit des dilutions décimales successives et un inoculum
de chaque dilution est utilisé pour ensemencer un milieu,
liquide ou solide. Après incubation, il est procédé au
comptage des colonies d’aspect caractéristique et à une éven-
tuelle confirmation par des tests biochimiques.
Dans le cas des techniques de recherche, telles que celle
utilisée pour les salmonelles, un ensemble d’étapes de préen-
richissement et d’enrichissement permettent d’assurer la
revivification des bactéries stressées [24] puis de favoriser
leur croissance de façon sélective. Il est ensuite réalisé un
Revue Méd. Vét., 2000, 151, 8-9, 805-812
LA PLACE DES ANALYSES MICROBIOLOGIQUES DE DENRÉES ALIMENTAIRES 807