CAS CLINIQUE
▲ Figure 2. Résultat de l’angioplastie au ballon seul.
▲ Figure 3. Sept mois après l’angioplastie au ballon seul : pas de resténose.
La Lettre du Cardiologue • n° 442 - février 2011 | 31
bi-antibiothérapie. Le patient a été sevré de catécholamines
à J6 et extubé à J8. Il a reçu une transfusion de 2 culots
globulaires.
Du point de vue cardiologique, le pic de troponine a été
à 1,01 UI, et l’échocardiographie cardiaque a retrouvé une
FEVG conservée avec hypokinésie inférieure.
Devant la persistance d’un syndrome confusionnel avec
hallucinations, un scanner cérébral a été réalisé et a retrouvé
un hématome frontal bilatéral sous-dural, qui a évolué favo-
rablement sans intervention chirurgicale.
Le patient a quitté l’hôpital à J15, sans aucune séquelle
neurologique ni cardiaque, avec une ordonnance compor-
tant aspirine, IEC, bêtabloquant et statine.
Le suivi en consultation ne retrouve aucune manifestation
angineuse ni aucun signe d’insuffisance cardiaque droite
ou gauche.
En mars 2010, une coronarographie de réévaluation par voie
radiale droite a été programmée en raison d’une scintigra-
phie myocardique d’effort litigieuse en territoire inférieur du
cœur. Le résultat de l’angioplastie de la CD sans resténose
était bon et la plaque du tronc commun distal était stable,
à 40 % (figure 3).
Après la procédure, un hématome superficiel et extensif
est apparu au niveau du point de ponction, mais sans signe
compressif.
Le bilan d’hémostase était le suivant : TP = 100 % ; TCA = 43,5
pour un témoin à 34 sec, le facteur 8 était dosé à 23 %.
Il s’agissait donc d’une hémophilie A mineure.
À la reprise de l’interrogatoire, le patient a signalé de
multiples épisodes d’hématomes post-traumatiques des
membres inférieurs dans sa jeunesse.
Discussion
Cette observation est atypique à plusieurs égards, et est
en faveur d’un ange gardien veillant sur ce patient : fibrilla-
tion ventriculaire dans la cour d’une caserne de pompiers,
réanimation immédiate, aucune séquelle neurologique ou
cardiaque, évolution favorable de l’hémorragie hépatique et
de l’hématome frontal bilatéral sans perfusion de facteur 8
et absence de resténose coronaire droite après angioplastie
au ballon.
On peut aussi s’interroger sur la chronologie des événe-
ments : la thrombose coronaire est-elle la cause du trouble
du rythme ventriculaire et de la chute, ou bien est-ce la
chute qui a entraîné la FV ? La première hypothèse semble
la plus probable.
La littérature indique que l’incidence des lésions coronaires
est inférieure de 30 % chez les patients hémophiles par
rapport à la population générale (1) ; de plus, la mortalité due
aux cardiopathies ischémiques est inférieure de 36 % chez les
patients hémophiles par rapport à la population générale (2).
Enfin, la perfusion de facteur 7 ou 8 entraînerait un surrisque
de thrombose coronaire (3). La déficience en facteur de la
coagulation aurait-elle donc un effet protecteur ?