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donné chez1023 malades,plus de
50%affirmaientmangermoinset
autantdisaientavoirprésentéune
modification dugoût depuisle début
de leur maladie [4].Ilest choquantde
voirle peude chercheurs quis’inté-
ressentàceproblème pourtantcrucial.
Desdésordresmétaboliquescomplexes
etlesconséquencesde lamaladie et
cellesdestraitements sur le tubediges-
tif favorisentégalementladénutrition.
Enfin,ladénutrition est également
iatrogène,favorisée parlachirurgie,
laradiothérapie etlachimiothérapie,
maisaussiparleshospitalisations
répétéesdesmalades.
Alors quelesréunionsde concerta-
tionspluridisciplinaires,lesconsul-
tationsd’annonce,lesprogrammes
personnalisésde soinssegénéralisent
etqu’il ne viendraitàl’espritde per-
sonne de ne pasproposerune priseen
charge psychologiqueadaptée etde ne
pastraiterefficacementladouleur des
malades,lapriseencomptedela
dénutrition est souventabsentedans
lesunitésde cancérologie oualors
trop tardiveetinadaptée. Dansla
même enquête[4], moinsde 50%des
maladesquiaffirmaientmangermoins
de lamoitié de leur ration habituelle
avaientreçudesconseilsnutritionnels
oudescompléments nutritionnels
oraux (Fig. 2). Cecipeut facilement
êtreexpliquéparlararetédesdiététi-
ciennesdanslesunitésde cancérolo-
gie,alors quepratiquementaucun
posten’aétécréé dansle cadreduplan
cancer.Dansde nombreusessitua-
tions,lasupérioritédelanutrition
entérale sur lanutrition parentérale
est bien démontrée etcettedernière
doitêtrestrictementréservée aux
situationsd’insuffisanceintestinale
eten casd’échecde lanutrition enté-
rale [5].Bien qu’elle soitsouventtech-
niquementpossible [6], même dans
descasoùson utilisation étaitautre-
foisimpensable [7], lanutrition enté-
rale est largementsous-employée dans
lapriseencharge nutritionnelle des
maladescancéreux.Aucours descan-
cers ORL, lamiseenplaceprécoce
d’une gastrostomie percutanée endos-
copique,pratiquemaintenantcou-
rante,arévolutionné lapriseen
charge desmaladesen permettantdes
traitements agressifsimpossiblesil y
aquelquesannées[8].Cetteexpé-
riencedevraitservird’exemple pour
lesautrescancers etlanutrition enté-
rale devraitêtreplus largementutili-
sée,sibesoin dansle cadred’essais
cliniquesdémontrantson efficacité
sur le devenirdesmalades.Enfin,la
nutrition périopératoireafaitla
preuvedeson efficacitéetil est main-
tenantdémontréquel’immunonutri-
tion pré- etpériopératoireréduitla
morbiditédesmaladescancéreux
opérés[9].Onpeut sedemander
combien de servicesde chirurgie ont
systématisécegenred’approche
pourtanttrèsefficace.
Devantceconstat,laSociétéfranco-
phone nutrition cliniqueetmétabo-
lisme (SFNEP)vaanimer,avecle sou-
tien de laHauteAutoritédeSanté
(HAS)etde l’Institut Nationaldu
Cancer(INCa),ungroupe de travail qui
devraélaborerdesrecommandations
de pratiquescliniquespour lapriseen
charge nutritionnelle desmaladescan-
céreux.Cesrecommandations,qui
serontdisponiblesdansle courantde
l’année 2011,permettrontgrâceàun
consensus formaliséd’experts de faire
le pointsur lesévidencesdansle
domaine etd’établirundocumentde
référence. La labellisation de l’INCa et
de l’HAS permettrad’aboutiràun
documentofficiel etopposable. Il
conviendrabien sûr de réfléchiraux
mesuresd’évaluation desretombéesde
cesdocuments en matièredepriseen
charge de ladénutrition.
Maislesmesurespour luttercontrela
dénutrition desmaladescancéreux ne
doiventpass’arrêterlà.L’élaboration
de programmesde recherche clinique
est indispensable. Enparticulier,pour
convaincrelescancérologuesde l’uti-
litédelanutrition chezleurs malades
il faut despreuvesqui,il faut bien le
reconnaître,ne sontpasprésentesdans
tous lesdomaines.Ilest importantde
démontrer,comme l’ontparexemple
faitRavascoetal. [10], qu’unpro-
gramme de soutien nutritionnel pré-
cocebien conduitpermetd’améliorer
le pronosticetlaqualitédevie des
malades.LePHRC nationalthématisé
sur le cancersemble êtreàcetégard
parfaitementadaptéàcetype d’étude.
Parailleurs,leséquipesde recherche
quis’intéressentàladénutrition
devraient,entreautres,s’impliquer
danslacompréhension desméca-
nismesde survenuedel’anorexie etdes
troublesdugoût aucours ducancer.
Figure2.Type de priseencharge nutritionnelle proposée
(Conseils:conseilsnutritionnels;CNO :compléments nutritionnelsoraux)
àdesmaladescancéreux (n =1023)non sélectionnésinterrogés«unjour donné »,
en fonction de leur ingestaévaluésàl’aide d’une échelle visuelle analogique
(EVA;0:ingestanuls;10:ingestanormaux). Étude Nutricancer(4)