XV Journées européennes de la Société française de cardiologie Deuxième partie

C
omme chaque année depuis maintenant 15 ans, les
Journées européennes de la Société française de car-
diologie sont l’occasion, pour les différents prési-
dents de filiales et de groupes de travail, de nous proposer une
synthèse des événements marquants et remarquables de la litté-
rature scientifique.
L’ESSENTIEL EN RYTHMOLOGIE
À l’étage supraventriculaire
L’équipe milanaise de C. Paponne nous propose de résoudre le
problème que pose la prise en charge d’un syndrome de Wolff-
Parkinson-White (WPW) chez un patient asymptomatique.
Parmi 212 patients porteurs d’un syndrome de WPW, asympto-
matiques, explorés systématiquement et après un suivi moyen de
3ans, 20 % des patients deviennent symptomatiques, avec
8fibrillations atriales dont 3 se sont compliquées de fibrillation
ventriculaire.
L’arythmie était plus fréquente chez les patients jeunes au
moment de l’examen, et chez lesquels le déclenchement d’une
tachycardie quelconque, fibrillation ou rythme réciproque, était
possible lors de la stimulation. Ces deux éléments apparaissent
donc comme des facteurs prédictifs de complications lors de la
découverte d’un syndrome de WPW asymptomatique.
Cette équipe milanaise nous propose également une étude pros-
pective sur 72 patients avec ces facteurs de risque (âge inférieur
à 35 ans et arythmies déclenchables), randomisés entre ablation
et abstention thérapeutique (groupe témoin). Après 5 ans et un
suivi moyen de 3 ans, près de 80 % des patients avaient eu des
arythmies dans le groupe témoin, et 5 % seulement dans le groupe
avec ablation.
Une autre étude menée chez des enfants de 5 à 12 ans, porteurs
d’une préexcitation asymptomatique, confirme que l’ablation
semble protéger de l’arythmie de la même façon. Il apparaît éga-
lement que les facteurs prédictifs de complications rythmiques
sont les mêmes chez les enfants.
Le Dr R. Frank,orateur de la session, confirme la nécessité de
l’étude électrophysiologique systématique des patients ayant une
préexcitation asymptomatique pour détecter les sujets les plus à
risque de mort subite, étude permettant de proposer une ablation
“prophylactique”. Mais il souligne aussi que le déclenchement de
tachycardies réciproques n’implique pas de risque particulier.
Les techniques d’ablation de la fibrillation atriale (FA) com-
mencent à être de plus en plus précises et ciblées.
Ainsi, M. Haïssaguerre et son équipe bordelaise ont comparé
l’efficacité des deux techniques électrophysiologiques dans le
traitement de la FA, l’isolation des veines pulmonaires, réalisée
seule ou en association avec l’ablation de l’isthme gauche (entre
la veine pulmonaire inférieure gauche et l’anneau mitral). L’abla-
tion provoquait un allongement du cycle de l’arythmie, et, après
le suivi de 7 mois, l’absence de récidive d’une FA (en l’absence
de traitement antiarythmique) était constatée chez 74 % des
patients bénéficiant de l’isolation des veines pulmonaires et chez
83 % de ceux du groupe isolation des veines pulmonaires cou-
plée à l’ablation de l’isthme gauche.
Par ailleurs, l’absence d’inductibilité de la fibrillation auriculaire
en fin d’ablation était significativement corrélée à l’absence de
récidive dans le suivi (p = 0,03).
Les deux techniques d’ablation de la FA (déconnexion segmen-
taire des veines pulmonaires et technique d’encerclement des
veines pulmonaires à l’aide d’un système de cartographie 3D)
ont été testées, après randomisation, de manière prospective par
l’équipe de H. Oral et al. chez 80 patients (40 dans chaque
groupe) présentant une FA paroxystique (figure 1). Si les temps
de procédure étaient identiques dans les deux groupes, après un
XV
es
Journées européennes
de la Société française de cardiologie
Paris, 19-22 janvier 2005
Deuxième partie
Déconnexion
segmentaire des veines
pulmonaires
Encerclement des veines
pulmonaires (p = 0,02)
Récidives à 6 mois (%)
35
30
25
20
15
10
5
0
33
12
Figure 1. Résultats à 6 mois des deux techniques d’ablation de la FA
(d’après Oral H et al. Circulation 2003;108:2355-60).
La Lettre du Cardiologue - n° 385 - mai 2005
11
INFORMATIONS
La Lettre du Cardiologue - n° 385 - mai 2005
12
suivi de 6 mois, les patients ayant subi une ablation par isolation
des veines pulmonaires (ablation linéaire) récidivaient moins sou-
vent que ceux ayant bénéficié de la déconnexion segmentaire des
veines pulmonaires (avec respectivement des taux de récidive de
12 % versus 33 % ; p = 0,02).
À l’étage ventriculaire
Les défibrillateurs automatiques implantables (DAI) ont été éva-
lués dans de nouvelles indications.
Ainsi, l’étude DEFINITE cherchait à évaluer l’intérêt du DAI dans
les cardiomyopathies dilatées non ischémiques ; 458 patients
(FEVG < 35 %, antécédent d’insuffisance cardiaque, notion
d’arythmie définie par la présence de TV non soutenue ou de
10 ESV/h sur un enregistrement holter) ont bénéficié, après ran-
domisation, soit de la prise d’un DAI associé à un traitement médi-
cal, soit d’un traitement médical seul. Le traitement médical asso-
ciait, entre autres, des bêtabloquants (85 %), des IEC (86 %) et 5 %
de cordarone. La mortalité toutes causes confondues, à l’issue du
suivi de 29 ± 14mois, diminuait de manière non significative dans
le groupe DAI (28 % versus 40 % ; p = 0,08), mais le nombre de
morts subites était moins élevé dans ce groupe (3 contre 14 dans
le groupe traitement médical seul ; p = 0, 006) (figure 2).
Les 2 521 patients, en stade II ou III NYHA, de l’étude SCD-
HeFT (Sudden Cardiac Death in Heart Failure Trial) ont été ran-
domisés en trois groupes : placebo, amiodarone ou défibrillateur
automatique implantable + traitement médical optimal. Ils étaient
porteurs d’une cardiopathie ischémique ou non ischémique, avec
une FEVG 35 %. Dans le groupe placebo, la mortalité était de
7,2 % au terme d’un suivi de près de 4 ans.
S’il n’apparaît pas de différence en termes de mortalité avec le
groupe amiodarone, seul le DAI semble réduire le taux de décès
toutes causes de près de 25 %. Toutefois, cette étude n’a toujours
pas été publiée, ce qui limite bien évidemment l’interprétation
des résultats définitifs.
L’étude COMPANION (Comparison of Medical Therapy, Pacing
and Defibrillation in Chronic Heart Failure),qui sera détaillée
dans le chapitre portant sur l’insuffisance cardiaque, confirme
l’intérêt du DAI, notamment en association avec un stimulateur
de resynchronisation.
Ainsi, les résultats dans le groupe bénéficiant du stimulateur mul-
tisite (SM), avec ou sans le DAI, sont supérieurs à ceux du groupe
traitement médical seul sur le critère composite (diminution de
la mortalité et des hospitalisations toutes causes) pour des patients
insuffisants cardiaques avec une FEVG < 35 % et un
QRS > 120 ms. La diminution de la mortalité toutes causes est
significative dans le groupe DAI et SM, mais elle ne l’est pas
dans le groupe SM.
Il était également question de la place du DAI dans les dyspla-
sies arythmogènes du ventricule droit (DVDA).
Trois équipes (une italienne, une allemande et une américaine)
ont publié leurs résultats sur le suivi de patients qui avaient été
implantés dans le cadre d’une prévention secondaire de troubles
du rythme graves (tachycardies ventriculaires, fibrillations ven-
triculaires ou suite à des syncopes inexpliquées). Globalement,
et quelle que soit la situation clinique, le taux d’intervention du
DAI à 3 ans est respectivement de 50 % pour le registre italien
et de 70 % pour les registres allemand et américain. Dans le
registre américain, le facteur prédictif de l’intervention du DAI
est avant tout le déclenchement de TV lors de l’exploration élec-
trophysiologique, en analyse univariée et multivariée. Enfin, dans
toutes les études, l’importance de l’atteinte ventriculaire droite
est un facteur de risque important de déclenchement du DAI.
J.-S. Hulot et G. Fontaine se sont intéressés au suivi (8 ± 7,8 ans,
médiane 6 ans) de 130 patients porteurs d’une DVDA sous trai-
tement médical.
Le devenir à long terme des patients ayant une dysplasie est com-
parable à celui des cardiomyopathies. Ainsi, sur les 130 patients,
il y a eu 21 décès cardiaques, dont un tiers de morts rythmiques
et un tiers dans un tableau d’insuffisance cardiaque.
L’étude PAD (Public-Assess Defibrillator and survival after out-
of hospital cardiac arrest) s’intéresse au rôle et au bénéfice du
défibrillateur semi-automatique (DSA) lorsqu’il est utilisé par
des volontaires non médicaux ou paramédicaux (formés aux pre-
mières manœuvres de réanimation et à l’utilisation du DSA),
dans 993 communes de 24 régions du continent nord-américain.
Au terme des 21,5 ± 5,5 mois de suivi, 235 arrêts cardiaques ont
été pris en charge par ces volontaires et, lorsque le DSA était
utilisé, il y avait plus de survivants (30/128) que dans le groupe
de patients traités par les manœuvres de réanimation seules
(15/107 ; p = 0,03). Il n’y a pas eu de choc inapproprié par le
groupe DSA.
Le registre international des frères Brugada a apporté un certain
nombre de précisions sur le suivi de 547 patients asymptoma-
tiques avec l’aspect ECG de type 1 (figure 3).
Parmi les 408 patients bénéficiant d’une stimulation ventriculaire
programmée, 163 ont présenté une fibrillation ventriculaire sou-
tenue, et 132 ont reçu un DAI, ainsi que 39 autres, bien que non
déclenchables.
Au terme d’un suivi de 24 ± 32 mois, on note une mort subite ou
une fibrillation ventriculaire interrompue par le DAI chez
45 patients (8 %).
INFORMATIONS
35
40
30
25
20
15
10
5
0
Mortalité toutes
causes, % (p = NS)
Mort subite, patients
(p = 0,006)
DAI + traitement
médical
Traitement
médical seul
Figure 2. Mortalité toutes causes et mort subite dans le suivi de 29 ± 14 mois
de l’étude DEFINITE.
La Lettre du Cardiologue - n° 385 - mai 2005
13
Il apparaît que la vulnérabilité ventriculaire après stimulation
ventriculaire programmée multiplie par six le risque de mort
subite, et un antécédent de syncope par 2,5.
Enfin, lorsque l’aspect sur l’ECG de repos est typique du syn-
drome de Brugada, le patient déclenchable a un risque de fibril-
lation ventriculaire à 2 ans de 27,2 %, mais ce risque est plus
faible lorsque les caractéristiques apparaissent après l’injection
d’ajmaline.
Le traitement médical par l’hydroquinidine a également été éva-
lué sur la survie des patients atteints d’un syndrome de Brugada
par J.S. Hermida,avec l’équipe de l’hôpital Lariboisière.
Parmi 31 patients asymptomatiques et déclenchables, 4 avaient
eu de multiples chocs avec leur DAI ; tous bénéficient d’un trai-
tement par 600 à 900 mg/j d’hydroquinidine.
Au terme de l’étude, si le traitement limite la réinduction (3 cas
sur 4), le suivi trop court et le faible taux d’événements n’ont pas
permis de conclure à un bénéfice en termes de mortalité ou de
prévention de troubles du rythme.
L’ESSENTIEL EN INSUFFISANCE CARDIAQUE
Présentée lors du congrès de l’American Heart Association
(AHA),l’étude A-HeFT(African American Heart Failure Trial)
a été particulièrement remarquée.
Cette grande étude multicentrique menée aux États-Unis portait
sur une population regroupant 1 050 patients insuffisants car-
diaques (NYHA III ou IV) d’origine afro-américaine.
Tous les patients étaient déjà sous traitement optimal et recevaient
en outre, de manière randomisée, une association à dose fixe de
nitrate d’isosorbide (20 mg) et hydralazine (37,5 mg) contre un
placebo.
Le critère de jugement composite principal associait mortalité
toutes causes, dégradation de la qualité de vie évaluée par un score
(un score haut indique une meilleure qualité de vie à 6 mois) et
hospitalisations pour insuffisance cardiaque.
Les résultats retrouvaient un bénéfice net sur ce critère principal
dans le groupe traité, sur un suivi moyen de 10 mois.
L’étude a été interrompue prématurément (après 1 050 inclusions
au lieu des 1 100 patients prévus) car un surcroît de mortalité a
été observé précocement dans le bras placebo par rapport au bras
traitement.
On constate donc une diminution significative (p = 0,01) de 40 %
du taux de décès toutes causes (10,2 % dans le bras placebo ver-
sus 6,2 % dans le bras nitrate d’isosorbide + hydralazine ;
p=0,02), de 33 % du nombre d’hospitalisations pour première
décompensation d’insuffisance cardiaque (16,4 % versus 24,4 %
dans le bras placebo ; p = 0,001) et une amélioration significa-
tive (+ 50 % ; p = 0,02), précoce et durable de la qualité de vie
(évaluation du score de qualité de vie) par rapport au bras contrôle
(figure 4).
On retrouve cette amélioration sur le critère principal (– 0,1 ver-
sus – 0,5 ; p = 0,01) au profit du bras nitrate d’isosorbide + hydra-
lazine (figure 5).
INFORMATIONS
Type 1 Type 2 Type 3
V1
V2
V3
V1
V2
V3
V1
V2
V3
Figure 3. Différents types de syndrome électrique de Brugada.
Première hospitalisation
pour insuffisance cardiaque
p = 0,001
24,4
16,4
– 40 %
15
20
25
10
5
0Nitrate d'isosorbide
+ hydralazine Placebo
Modification du score de qualité
de vie à 6 mois
p = 0,02
– 5,5
+ 50 %
– 2,7
0Nitrate d'isosorbide
+ hydralazine
Placebo
– 6
– 5
– 4
– 3
– 2
– 1
Mortalité toutes causes
p = 0,02
– 40 %
10,2
6,2
12
9
6
3
0
%%
%
Nitrate d'isosorbide
+ hydralazine Placebo
Figure 4. Différents paramètres composant le critère principal composite.
.../...
La Lettre du Cardiologue - n° 385 - mai 2005
16
Les effets indésirables (maux de tête et vertiges) étaient plus fré-
quents dans le bras nitrate d’isosorbide + hydralazine, tandis que
les événements défavorables comme la majoration des signes
congestifs étaient sensiblement moins nombreux dans le bras
nitrate d’isosorbide + hydralazine que dans le groupe placebo.
Cette étude met en évidence pour la première fois un bénéfice
net sur la mortalité par l’utilisation des dérivés nitrés dans une
population spécifique de Noirs américains.
Un certain nombre de remarques ou d’éditoriaux ont fait suite à
cette étude, notamment au sujet de l’applicabilité en Europe, qui
semble difficile (l’hydralazine n’y est plus disponible).
Plus proche des pratiques habituelles, J. Butler nous donne
une photographie du suivi des traitements chez les patients
insuffisants cardiaques.
Parmi ces patients souffrant d’une dysfonction systolique et sor-
tant de l’hôpital avec un IEC, 81 % poursuivent ce traitement à
un mois, mais 66 %seulement le poursuivent à un an, avec une
chute considérable après le premier mois (absence de renouvel-
lement de l’ordonnance !).
Parmi ceux sortis sans IEC, mais devant toutefois en bénéficier,
13 % en recevaient à un mois ou à un an.
Les bêtabloquants étaient testés dans l’étude IMPACT-HF,
incluant 363 patients avec une FEVG < 45 % et hospitalisés pour
insuffisance cardiaque.
Un premier groupe de patients bénéficiait de l’introduction pré-
coce de bêtabloquants (carvédilol) administrés au plus tard
12 heures avant la sortie ; dans l’autre groupe, les bêtabloquants
étaient introduits au plus tôt 15 jours après la sortie.
Dans les deux groupes, la durée d’hospitalisation était identique
(5 jours), mais, à 2 mois, 91 % des patients étaient encore sous
bêtabloquants lorsqu’ils sortaient avec ce traitement, contre
73,4 % lorsqu’ils le recevaient à distance de la sortie.
De plus, le groupe introduction précoce avait plus de chances
d’atteindre la posologie cible, sans surmortalité (3,2 % versus
4,5 %) ni augmentation des réhospitalisations (21,7 % versus
25,3 %).
Il ne s’agissait toutefois pas de décompensation cardiaque sévère
ou hémodynamiquement instable (pas de recours aux inotropes).
Parmi les 3 029 patients inclus dans l’étude européenne COMET
(Carvedilol or Metoprolol European Trial),815 ont été réhospi-
talisés pour décompensation de leur insuffisance cardiaque et
63 d’entre eux sont décédés.
Seuls 70 % des 752 patients restants avaient la même dose de
bêtabloquants à la sortie de l’hôpital qu’à l’entrée, et 8 %
n’avaient plus de bêtabloquants en sortant (tableau I).
La mortalité chez les patients hospitalisés pour aggravation de
leur insuffisance cardiaque est plus importante lorsque la dose
de bêtabloquants qui leur a été administrée (en particulier avec
le carvédilol) a été arrêtée ou diminuée à leur sortie de l’hôpital.
Cette étude randomisée démontre un bénéfice en termes de sur-
vie chez les patients insuffisants cardiaques traités par ces bêta-
bloquants (tableau II).
Par ailleurs, parmi les 5 579 réhospitalisations durant l’étude,
31 % ont eu lieu pour une décompensation cardiaque, 33 % pour
des raisons cardiovasculaires et 36 % pour des raisons non car-
diovasculaires.
Les réhospitalisations paraissent de mauvais pronostic chez les
patients insuffisants cardiaques, puisque, toutes causes confon-
dues, elles s’accompagnent d’une augmentation de la mortalité,
avec un risque relatif de 3,3 ajusté à 1,9 sur d’autres variables,
plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’une réhospitalisation pour
poussée d’insuffisance cardiaque (risque relatif de 4,8 par rap-
port aux patients hospitalisés pour d’autres causes).
Le mauvais pronostic des patients insuffisants cardiaques régu-
lièrement hospitalisés, particulièrement pour des poussées d’in-
suffisance cardiaque, incite à être plus “agressif” quant à leur
prise en charge, notamment en essayant de maintenir les mêmes
doses de bêtabloquants à la sortie de l’hôpital.
INFORMATIONS
– 0,1
– 0,5
0
– 0,1
– 0,2
– 0,3
– 0,4
– 0,5
Nitrate d'isosorbide
+ hydralazine Placebo
Critère composite
p = 0,01
Figure 5. Le critère composite associant mortalité toutes causes, premiè-
re hospitalisation pour insuffisance cardiaque et échelle de qualité de vie
pour un suivi moyen de 10 mois est significativement plus bas dans le
groupe ISDN-hydralazine que dans le groupe placebo.
Tableau I. Étude COMET : traitement par bêtabloquant à la sortie de
l’hôpital.
Traitement par bêtabloquants n (%)
Arrêté 61 (8,1)
Réduit 162 (21,5)
Maintenu 529 (70,3)
Tableau II. Étude COMET : mortalité après hospitalisation si la dose
de bêtabloquants a été arrêtée, réduite ou maintenue.
Comparaison Risque relatif IC
95
p
Réduite versus arrêtée 1,2 0,76-1,92 0,43
Réduite ou arrêtée 1,59 1,28-1,97 < 0,001
versus maintenue (non ajustée)
Réduite ou arrêtée 1,30 1,02-1,65 0,03
versus maintenue (ajustée)
.../...
La Lettre du Cardiologue - n° 385 - mai 2005
17
L’anémie dans l’insuffisance cardiaque était le sujet de
l’étude RENAISSANCE.
Cette étude, initialement négative en visant à évaluer les anticorps
anti-TNFαdans l’insuffisance cardiaque, a toutefois permis d’éva-
luer le pronostic de l’anémie dans l’insuffisance cardiaque.
Le taux moyen d’hémoglobine des patients souffrant d’une insuf-
fisance cardiaque (62 ans en moyenne, FEVG < 30 %) était de
13,8 g/dl.
Ce taux était plus bas chez les patients en classe III NYHA.
La masse myocardique indexée tendait à être plus basse chez
les patients dont l’hémoglobine était plus élevée (r=–0,26;
p= 0,03), et il existait une corrélation négative faible entre l’évo-
lution de l’hémoglobine et de la masse myocardique indexée à
24 semaines de suivi (r=–0,032 ; p = 0,0086).
Le taux d’hémoglobine apparaissait également comme valeur
pronostique ajustée sur les traitements, la pression artérielle, la
fonction rénale et le stade NYHA.
Le bénéfice des traitements visant à améliorer les taux d’hémoglo-
bine (notamment par l’érythropoïétine) reste toutefois à prouver.
L’insuffisance cardiaque diastolique est toujours à l’honneur.
Une étude américaine précise les caractéristiques des patients
hospitalisés pour insuffisance cardiaque diastolique.
Elle nous renseigne sur les caractéristiques de 679 patients admis
pour insuffisance cardiaque (critères cliniques et radiologiques)
avec FEVG > 50 % (tableau III).
Une étude hémodynamique a tenté de régler le problème
d’évaluation diagnostique posé par l’insuffisance cardiaque dias-
tolique. L’exploration invasive hémodynamique effectuée chez
47 patients atteints d’insuffisance cardiaque congestive et avec
une FEVG > 50 % a montré que, chez tous les patients, la pres-
sion télédiastolique était plus élevée chez les insuffisants car-
diaques diastoliques que chez les sujets normaux (10 patients
contrôle), et la constante Tau (constante de temps de décroissance
de la pression durant la relaxation isovolumique) ainsi que la rigi-
dité pariétale étaient plus élevées chez les patients insuffisants
cardiaques. On constate donc que tous les patients admis pour
insuffisance cardiaque congestive et FEVG conservée présentent
des anomalies hémodynamiques de la diastole.
BNP et NT-pro-BNP
Le brain natriuretic peptide (BNP) est toujours à la mode dans
l’aide diagnostique et l’évaluation pronostique de l’insuffisance
cardiaque.
Si, pour M.R. Mehra, le taux de BNP semble être plus bas chez
les obèses, R.W. Troughton confirme que son élévation reflète
non seulement la dysfonction systolique, mais aussi les altéra-
tions de la fonction diastolique.
Pour une équipe suisse, le dosage de BNP permet en outre une
précocité du diagnostic d’insuffisance cardiaque qui se traduit
par une rapidité de mise en route du traitement, et donc une amé-
lioration plus rapide.
Parmi 452 patients (âge moyen de 70 ans) consultant aux urgences
pour dyspnée, la moitié des patients étaient pris en charge sans
tenir compte de la dyspnée ; dans l’autre groupe, le dosage express
en 15 minutes du BNP était effectué (taux < 100 pg/ml : pas d’in-
suffisance cardiaque, et taux > 500 pg/ml : insuffisance car-
diaque).
La durée de mise en route du traitement adapté était diminuée,
passant de 90 à 63 minutes. Cela se traduit par une diminution
du taux d’hospitalisations (de 85 à 75 %), d’admissions en soins
intensifs cardiologiques, sans modification de la mortalité hos-
pitalière (diminution non significative de 9 à 6 %) ou à 30 jours
(de 12 à 10 %).
Même si le dosage du BNP a un coût, il existe un bénéfice éco-
nomique, retrouvé par une équipe de Boston, évalué à près de
500 dollars US par patient pour l’orientation diagnostique devant
une dyspnée dans les services d’urgences, notamment en limi-
tant le recours à d’autres examens plus coûteux concluant au
même diagnostic.
L’équipe de la Mayo Clinic de Rochester nous rapporte que le
dosage du NT-pro-BNP est supérieur à celui du BNP pour la
détection des dysfonctions VG importantes.
Chez 1 879 sujets devant bénéficier d’une échocardiographie,
tous avaient un dosage de BNP et de NT-pro-BNP.
Il apparaît que, dans cette population particulière, ce dernier
dosage est bien plus sensible et spécifique que le BNP pour détec-
ter les patients avec une FEVG < 40 %.
Les limites du dosage du BNP sont atteintes lorsque ce taux se
situe entre 100 et 500 pg/ml.
Une équipe de Norvège a recherché, chez des patients se pré-
sentant aux urgences pour dyspnée, d’autres facteurs prédictifs
d’insuffisance cardiaque.
Il ressort de leur travail que l’absence d’antécédents d’insuffi-
sance cardiaque, de cardiomégalie radiologique et d’un ECG nor-
mal chez ces patients ayant un taux de BNP compris entre 100
et 500 pg/ml est en faveur de l’absence d’insuffisance cardiaque.
Le BNP s’inscrit-il comme un nouveau facteur de risque dans la
population générale ?
La question est soulevée par les résultats du suivi de 5,2 ans des
3348 patients participant à l’étude Framingham.
En effet, le dosage du BNP a été associé aux événements cli-
niques. Les courbes de survie présentées montrent que, chez ces
patients normaux, mais ayant un taux de BNP plus haut que les
autres (> 12,7 pg/ml chez les hommes et 15,7 pg/ml chez les
femmes), ce taux semble associé à un risque accru de décès, de
survenue d’un premier accident cardiovasculaire, d’insuffisance
INFORMATIONS
Tableau III. Principales caractéristiques des patients hospitalisés pour
insuffisance cardiaque congestive à FEVG conservée (d’après Klapholz
M et al. J Am Coll Cardiol 2004;43:1432-8).
Âge moyen (H/F) (ans) 68/73
Sexe (H/F) (%) 27,5/72,5
NYHA II ou III 35
FEVG moyenne (%) 60
Hypertension artérielle 78 %
HVG 82 %
Diabète 45 %
Coronaropathie 43 %
IMC > 30 kg/m
2
46 %
FA ou flutter 25 %
Facteur déclenchant retrouvé 53 %
1 / 12 100%
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