La Lettre du Cardiologue - n° 385 - mai 2005
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✓L’anémie dans l’insuffisance cardiaque était le sujet de
l’étude RENAISSANCE.
Cette étude, initialement négative en visant à évaluer les anticorps
anti-TNFαdans l’insuffisance cardiaque, a toutefois permis d’éva-
luer le pronostic de l’anémie dans l’insuffisance cardiaque.
Le taux moyen d’hémoglobine des patients souffrant d’une insuf-
fisance cardiaque (62 ans en moyenne, FEVG < 30 %) était de
13,8 g/dl.
Ce taux était plus bas chez les patients en classe III NYHA.
La masse myocardique indexée tendait à être plus basse chez
les patients dont l’hémoglobine était plus élevée (r=–0,26;
p= 0,03), et il existait une corrélation négative faible entre l’évo-
lution de l’hémoglobine et de la masse myocardique indexée à
24 semaines de suivi (r=–0,032 ; p = 0,0086).
Le taux d’hémoglobine apparaissait également comme valeur
pronostique ajustée sur les traitements, la pression artérielle, la
fonction rénale et le stade NYHA.
Le bénéfice des traitements visant à améliorer les taux d’hémoglo-
bine (notamment par l’érythropoïétine) reste toutefois à prouver.
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✓L’insuffisance cardiaque diastolique est toujours à l’honneur.
Une étude américaine précise les caractéristiques des patients
hospitalisés pour insuffisance cardiaque diastolique.
Elle nous renseigne sur les caractéristiques de 679 patients admis
pour insuffisance cardiaque (critères cliniques et radiologiques)
avec FEVG > 50 % (tableau III).
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✓Une étude hémodynamique a tenté de régler le problème
d’évaluation diagnostique posé par l’insuffisance cardiaque dias-
tolique. L’exploration invasive hémodynamique effectuée chez
47 patients atteints d’insuffisance cardiaque congestive et avec
une FEVG > 50 % a montré que, chez tous les patients, la pres-
sion télédiastolique était plus élevée chez les insuffisants car-
diaques diastoliques que chez les sujets normaux (10 patients
contrôle), et la constante Tau (constante de temps de décroissance
de la pression durant la relaxation isovolumique) ainsi que la rigi-
dité pariétale étaient plus élevées chez les patients insuffisants
cardiaques. On constate donc que tous les patients admis pour
insuffisance cardiaque congestive et FEVG conservée présentent
des anomalies hémodynamiques de la diastole.
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✓BNP et NT-pro-BNP
Le brain natriuretic peptide (BNP) est toujours à la mode dans
l’aide diagnostique et l’évaluation pronostique de l’insuffisance
cardiaque.
Si, pour M.R. Mehra, le taux de BNP semble être plus bas chez
les obèses, R.W. Troughton confirme que son élévation reflète
non seulement la dysfonction systolique, mais aussi les altéra-
tions de la fonction diastolique.
Pour une équipe suisse, le dosage de BNP permet en outre une
précocité du diagnostic d’insuffisance cardiaque qui se traduit
par une rapidité de mise en route du traitement, et donc une amé-
lioration plus rapide.
Parmi 452 patients (âge moyen de 70 ans) consultant aux urgences
pour dyspnée, la moitié des patients étaient pris en charge sans
tenir compte de la dyspnée ; dans l’autre groupe, le dosage express
en 15 minutes du BNP était effectué (taux < 100 pg/ml : pas d’in-
suffisance cardiaque, et taux > 500 pg/ml : insuffisance car-
diaque).
La durée de mise en route du traitement adapté était diminuée,
passant de 90 à 63 minutes. Cela se traduit par une diminution
du taux d’hospitalisations (de 85 à 75 %), d’admissions en soins
intensifs cardiologiques, sans modification de la mortalité hos-
pitalière (diminution non significative de 9 à 6 %) ou à 30 jours
(de 12 à 10 %).
Même si le dosage du BNP a un coût, il existe un bénéfice éco-
nomique, retrouvé par une équipe de Boston, évalué à près de
500 dollars US par patient pour l’orientation diagnostique devant
une dyspnée dans les services d’urgences, notamment en limi-
tant le recours à d’autres examens plus coûteux concluant au
même diagnostic.
L’équipe de la Mayo Clinic de Rochester nous rapporte que le
dosage du NT-pro-BNP est supérieur à celui du BNP pour la
détection des dysfonctions VG importantes.
Chez 1 879 sujets devant bénéficier d’une échocardiographie,
tous avaient un dosage de BNP et de NT-pro-BNP.
Il apparaît que, dans cette population particulière, ce dernier
dosage est bien plus sensible et spécifique que le BNP pour détec-
ter les patients avec une FEVG < 40 %.
Les limites du dosage du BNP sont atteintes lorsque ce taux se
situe entre 100 et 500 pg/ml.
Une équipe de Norvège a recherché, chez des patients se pré-
sentant aux urgences pour dyspnée, d’autres facteurs prédictifs
d’insuffisance cardiaque.
Il ressort de leur travail que l’absence d’antécédents d’insuffi-
sance cardiaque, de cardiomégalie radiologique et d’un ECG nor-
mal chez ces patients ayant un taux de BNP compris entre 100
et 500 pg/ml est en faveur de l’absence d’insuffisance cardiaque.
Le BNP s’inscrit-il comme un nouveau facteur de risque dans la
population générale ?
La question est soulevée par les résultats du suivi de 5,2 ans des
3348 patients participant à l’étude Framingham.
En effet, le dosage du BNP a été associé aux événements cli-
niques. Les courbes de survie présentées montrent que, chez ces
patients normaux, mais ayant un taux de BNP plus haut que les
autres (> 12,7 pg/ml chez les hommes et 15,7 pg/ml chez les
femmes), ce taux semble associé à un risque accru de décès, de
survenue d’un premier accident cardiovasculaire, d’insuffisance
INFORMATIONS
Tableau III. Principales caractéristiques des patients hospitalisés pour
insuffisance cardiaque congestive à FEVG conservée (d’après Klapholz
M et al. J Am Coll Cardiol 2004;43:1432-8).
Âge moyen (H/F) (ans) 68/73
Sexe (H/F) (%) 27,5/72,5
NYHA II ou III 35
FEVG moyenne (%) 60
Hypertension artérielle 78 %
HVG 82 %
Diabète 45 %
Coronaropathie 43 %
IMC > 30 kg/m
2
46 %
FA ou flutter 25 %
Facteur déclenchant retrouvé 53 %