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ABSTRACTS
La visualisation des artères coronaires a été réalisée par
IRM dès 1991, mais se heurte toujours à diverses difficul-
tés. Certaines sont communes à toutes les méthodes d’imagerie :
mouvements respiratoires et cardiaques, petit diamètre et sinuo-
sité des artères coronaires ; d’autres sont plus spécifiques à
l’IRM : faible rapport signal/bruit, faible différence entre le signal
émis par la graisse épicardique et celui émis par ces artères, effet
de saturation du flux sanguin dans les coronaires.
L’équipe d’Angers, une des plus à la pointe dans ce domaine en
Europe, compare à la coronarographie conventionnelle les résul-
tats obtenus chez 20 patients avec une méthode originale d’IRM
qui pourrait être utilisable en pratique courante, l’acquisition ne
prenant en moyenne que 8 à 10 mn et toujours moins de 20 mn.
Il s’agit d’une IRM tridimensionnelle couplée à un système de
porte ECG et à une prise en compte en temps réel des mouve-
ments respiratoires par un “navigateur” repérant la position du
diaphragme (“écho navigateur”). Seules les informations collec-
tées durant la diastole et pendant les périodes où le “navigateur”
diaphragmatique se situe dans une fenêtre prédéterminée sont
retenues pour constituer les images, la conjonction de ces deux
conditions permettant de diminuer les flous cinétiques d’origine
cardiaque et respiratoire. À partir du volume unique ainsi exploré,
les coronaires peuvent être visualisées selon des plans de coupe
déterminés a posteriori en fonction de l’orientation de chaque
segment et de la morphologie de chaque patient. Une sténose est
diagnostiquée sur une perte du signal de la lumière de l’artère.
De cet article très technique, nous ne rapportons ici que les résul-
tats permettant au clinicien de se faire une idée de l’état d’avan-
cement de la méthode.
Résultats
Faisabilité. Trois des 20 études ne sont pas exploitables, une en
raison d’un contraste insuffisant (donc lié au patient), les deux
autres en raison d’incidents techniques (évitables).
Segments coronaires actuellement visualisables par IRM. Avec
la méthode adoptée ici, les auteurs n’étudient volontairement que
la partie proximale des gros troncs :
●coronaire droite : premier segment et partie initiale du deuxième
segment ;
●tronc commun de la coronaire gauche ;
●IVA proximale et moyenne (avant la 1re diagonale) ;
●circonflexe proximale (prémarginale).
Performances diagnostiques de la coronarographie IRM en
3dimensions. Elles sont rapportées dans le tableau ci-dessous.
Perspectives. L’équipe de Stanford a montré qu’il était possible
de visualiser l’ensemble de l’arbre coronarien par IRM, ce qui
suppose de reconstruire tout le volume cardiaque et de l’étudier
avec des coupes jointives et une résolution de 0,35 mm. Une telle
étude nécessite cependant des durées d’acquisition actuellement
prohibitives en pratique clinique. Les auteurs angevins ont donc
recherché un compromis entre l’étendue et la résolution des infor-
mations collectées d’une part, et la durée de l’examen d’autre
part. Avec une durée d’acquisition relativement courte et en tout
cas applicable en pratique, les équipements actuels permettent de
reconstruire un volume d’une épaisseur de 40 mm avec une réso-
lution de 1,25 mm. L’étude coronarographique est alors circons-
crite à la portion proximale des coronaires avec l’optique de dépis-
ter des lésions sévères qui améneraient à discuter une
revascularisation (et donc un bilan plus exhaustif par coronaro-
graphie conventionnelle).
La qualité des images, nettement améliorée par les divers procé-
dés utilisés pour supprimer le signal graisseux et diminuer le flou
cinétique, reste encore insuffisante pour une application en cli-
nique. L’examen manque en particulier de sensibilité, mais celle-
ci peut être améliorée par l’utilisation d’agents de contraste tels
que le gadolinium, qui accentuent le signal dans la lumière arté-
rielle et donc sa perte, signant la présence d’une sténose. À moyen
terme, la coronarographie-IRM semble d’autant plus prometteuse
qu’en plus de l’imagerie anatomique étudiée ici, elle ouvre la
porte à des études du flux coronarien et de la réserve coronaire
qui en feraient un instrument de choix pour décrire les sténoses
des gros troncs et évaluer leurs conséquences.
P. Pézard, CHU Angers
La coronarographie par IRM. État d’avancement pour une utilisation en routine
Three-dimensional coronary artery MR imaging using pros-
pective real-time respiratory navigator and linear phase shift
processing : comparison with conventional coronary angio-
graphy.
Lethimonnier F., Furber A., Morel O., Geslin P., L’Hoste P.,Tadei
A., Jallet P., Caron-Poitreau C., Le Jeune J.J.
●
Magnetic
Resonance Imaging 1999 ; 17 : 1111-20.
Artère Nombre total Sensibilité Spécificité VPP VPN
coronaire étudié (nombre % % % %
avec sténose)
Tronc commun 16 (0) - 93 - 100
IVA prox. 17 (2) 100 86 50 100
Circonflexe 16 (3) 33 100 100 85
CD segment 1 17 (5) 60 91 75 85
CD segment 2 17 (7) 71 90 83 82
Tous segments 85 (17) 65 93 69 91
CD : coronaire droite ; VPP : valeur prédictive positive ; VPN : valeur prédictive négative.