E N U N E R É F É R E N C E . . . Intérêt du bêtablocage chez les patients à haut risque candidats à une chirurgie vasculaire RÉFÉRENCES The effect of bisoprolol on perioperative mortality and myocardial infarction in high-risk patients undergoing vascular surgery. Poldermans D., Boersma E., Bax J.J. et coll., for the Dutch Echocardiographic Cardiac Risk Evaluation Applying Stress Echocardiography Study Group ❏ N Engl J Med 1999 ; 341 : 1789-94. LE FOND Cette étude randomisée multicentrique évalue l’intérêt du bêtablocage par bisoprolol sur l’incidence des complications cardiaques pouvant survenir dans les 30 jours qui suivent une chirurgie vasculaire chez 112 patients à haut risque, définis par la présence de facteur(s) de risque clinique(s) et d’une positivité de l’échocardiographie dobutamine. Pour les 59 patients sous bisoprolol, le bêtabloquant a été initié en moyenne 37 jours avant la chirurgie, avec une posologie quotidienne de 10 mg pour 15 patients et de 5 mg pour 44 patients. La chirurgie vasculaire concernait l’aorte abdominale ou les artères des membres inférieurs. Neuf patients du groupe non bêtabloqué (17 %) et 2 patients du groupe bisoprolol (3,4 % ) sont décédés de cause cardiaque lors des 30 jours postopératoires (p = 0,02). Neuf patients du groupe non bêtabloqué (17 %) ont constitué un infarctus du myocarde non fatal, complication non observée pour le groupe bisoprolol (p < 0,001). L’analyse combinée des deux complications cardiaques fait état de 34 % de patients concernés pour le groupe non bêtabloqué versus 3,4 % pour le groupe bisoprolol (p < 0,001). La majorité de ces événements cardiaques a eu lieu pendant les sept premiers jours postopératoires. COMMENTAIRES L’administration de bisoprolol, commencée avant l’intervention vasculaire, a entraîné chez des sujets à haut risque une réduction significative des décès d’origine cardiaque et des infarctus du myocarde non fatals lors des 30 premiers jours postopératoires, de degré tel que l’étude a été interrompue pour des raisons éthiques. Ces données font suite à des publications favorables concernant l’aténolol (Mangano et coll., N Engl J Med 1997), mais avec des résultats moins démonstratifs à 30 jours en présence d’une population étudiée à plus faible risque. Le “haut risque” tient ici à la fois au type d’intervention vasculaire : chirurgie de l’aorte abdominale et des artères des membres inférieurs, et à des facteurs de risque cliniques identifiés pour chaque patient, associés à l’authentification d’une ischémie par échocardiographie dobutamine. Le choix de cet examen pour détecter l’ischémie myocardique est motivé par son excellente valeur prédictive négative et par l’incapacité ou la contre-indication pour ces sujets à effectuer habituellement un effort. Pour ces patients à haut risque, les auteurs recommandent la mise sous bêtabloquants une à deux semaines avant la chirurgie vasculaire, traitement ensuite poursuivi au moins deux semaines ; lors de la discussion, ils n’envisagent pas l’alternative consistant à coronarographier ces sujets ayant une ischémie documentée pour guider une éventuelle revascularisation myocardique préalable à l’intervention vasculaire. Une telle attitude semble n’avoir été retenue que pour les 8 patients les plus sévèrement atteints, exclus de l’étude en raison de troubles étendus de la cinétique segmentaire ventriculaire gauche constatés au repos ou lors de la perfusion de dobutamine : quatre d’entre eux ont eu une chirurgie de pontage aortocoronaire.Cela implique-t-il également une sélection des patients à risque et des démarches thérapeutiques qui leur sont proposées en fonction du degré ou du niveau de positivité de l’échocardiographie dobutamine ? On peut rappeler à ce propos que certains auteurs (E. Pierre-Justin et coll., STV 1998 ; 10 : 343-50) ont préconisé un recours à la coronarographie, d’autant plus licite en cas d’examen positif pour une fréquence cardiaque 70 % de la FMT. BIBLIOGRAPHIE Quinze références comportant les recommandations ACC/AHA pour l’évaluation cardiovasculaire des patients avant chirurgie non cardiaque (J Am Coll Cardiol 1996 ; 27 : 910-48), les publications précédentes concernant l’aténolol et plusieurs travaux sur l’intérêt de l’échocardiographie dobutamine dans ce même cadre pathologique. MOTS-CLÉS Chirurgie vasculaire - Échocardiographie dobutamine - Bêtabloquants. TIRÉ À PART Dr. Poldermans, Department of Vascular Surgery, Erasmus University Medical Center - Dr. Molewaterplein 40, 3015 GD Rotterdam, Pays-Bas. E-mail : [email protected]. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil La Lettre du Cardiologue - n° 330 - mai 2000 11