net. La détection des HTA masquées n’est pas évoquée. Faut-il envisager une mesure systé-
matique annuelle à domicile à partir d’un certain âge ?
Si les appareils de MAPA sont régulièrement achetés par les cardiologues, qui doit investir
dans l’achat d’appareils d’AMT ? Patients ou médecins ? Faut-il en imposer le coût aux
patients (les thermomètres ne sont pas non plus remboursés par l’assurance-maladie) ou aux
médecins ? On proposerait volontiers qu’un patient en ALD 30 (affections de longue durée)
pour diabète, HTA compliquée ou insuffisance rénale puisse se voir rembourser un tel achat.
Investir dans l’automesure tensionnelle, c’est également investir dans le temps passé à former le
patient à la technique, à récupérer les données, les interpréter et faire connaître au patient la déci-
sion éventuelle d’un traitement. Rappelons enfin que l’“acte éducatif” tournant autour de l’AMT
n’existe pas encore dans la classification commune des actes médicaux version 2 (CCAM-V2)…
Un moyen mnémotechnique simple pour se souvenir des seuils : si le seuil de 140/90 mmHg
définit l’HTA de consultation, on peut retenir celui de 135/85 mmHg comme seuil commun
pour définir l’HTA en dehors du cabinet, en automesure et en moyenne diurne de MAPA. On
peut mettre de côté les valeurs de MAPA nocturnes et de MAPA 24 heures (tableau I).
●Le bilan de l’hypertendu
Le bilan proposé reste stable et limité aux éléments de base. N’espérons pas y voir introduire
d’innovations telles que la mesure de l’épaisseur intima-media ou d’autres marqueurs
intermédiaires du risque (microalbuminurie ou dosage ultrasensible de la protéine C réactive
(CRP). Les considérations de coût dépassent toujours celles de l’intérêt scientifique.
L’évaluation du risque cardiovasculaire (RCV) a été simplifiée dans cette nouvelle mouture
des recommandations (tableau II). C’était souhaitable, car la quantification du RCV est tou-
jours délicate, nécessitant d’avoir sous la main sa réglette, son calculateur ou le tableau de
synthèse des recommandations. Ce dernier est simplifié et permet de se souvenir plus facile-
ment des indications du traitement médicamenteux : en cas de risque faible, quand la PA est
supérieure à 140/90 mmHg, dès lors que l’on est un homme de plus de 50 ans ou une femme
de plus de 60 ans (= un facteur de risque ; les autres facteurs de risque classiques s’ajoutent
à l’effet de l’âge), le traitement médicamenteux est indiqué après mise en pratique de mesures
hygiéno-diététiques durant 3 à 6 mois. Dans toutes les autres situations, c’est-à-dire en cas
de risque moyen ou élevé car les facteurs de risque sont plus nombreux, de détection d’un
retentissement sur organes-cibles ou d’une maladie cardiovasculaire ou rénale présente, le
traitement médicamenteux est
indiqué. Finalement, l’évalua-
tion du RCV est résumée à sa
plus simple expression, et c’est
tant mieux.
Le choix du traitement antihy-
pertenseur de première intention
et la stratégie d’adaptation du
traitement médicamenteux res-
tent complexes. Aucune classe
pharmacologique n’est privilégiée
en première intention ; en
revanche, on insiste sur la néces-
sité fréquente d’employer des
polythérapies et sur la façon d’ob-
tenir rapidement (à juste titre ?) le
contrôle tensionnel. On est loin
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Correspondances en Risque CardioVasculaire - Vol. IV - n° 2 - avril-mai-juin 2006
éditorial
Tableau II. Stratification des niveaux de risque cardiovasculaire.
PA PA PA
140-159/90-99 mmHg 160-179/100-109 mmHg ≥ 180/110 mmHg
0 facteur de risque associé Risque faible Risque moyen
1 à 2 facteurs de risque associés Risque moyen
≥ 3 facteurs de risque et/ou Risque élevé
atteinte des organes-cibles
et/ou diabète Risque élevé Risque élevé
Maladie cardiovasculaire/rénale
Tableau I. Valeurs de référence pour la pression artérielle (mmHg) selon la méthode de mesure (HAS, recommandations 2005).
Consultation Automesure tensionnelle MAPA
Consultation < 140/90 mmHg < 135/85 mmHg
Moyenne 24 heures < 130/80 mmHg
Moyenne jour < 135/85 mmHg
Moyenne nuit < 120/70 mmHg