Dossier thématique
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La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. XI - n°3 - mai-juin 2008
L
es refus d’enregistrement par l’Agence européenne du
médicament de deux molécules proposées dans le trai-
tement de la maladie de Crohn nous invitent à réfléchir
sur les nouvelles obligations qui pèsent sur les laboratoires pour
obtenir une autorisation de mise sur le marché.
Il est clair que depuis quelques années, essentiellement depuis
l’affaire Vioxx, les agences du médicament, FDA pour les États-
Unis et EMEA pour 29 pays européens, ont durci leurs critères
d’enregistrement aussi bien pour la démonstration d’efficacité
que pour les preuves de la sécurité d’emploi.
Les MICI ne font pas exception, même si le rapport bénéfice-
risque d’un traitement sera apprécié d’un œil différent dans ce
domaine par rapport au traitement du syndrome de l’intestin
irritable.
Le natalizumab a obtenu une AMM pour la sclérose en plaques
avec des indications très restreintes et des précautions d’emploi
drastiques. Dans cette maladie, les ressources thérapeutiques
sont peu nombreuses et l’effet du natalizumab est certain, ce
qui a entraîné l’autorisation du médicament en monothérapie
pour des maladies sévères en impasse thérapeutique.
Dans la maladie de Crohn, le bénéfice du natalizumab apparaît
réel mais uniquement pour le traitement d’entretien, donc au
long cours.
Le risque de leucoencéphalite multifocale progressive chez des
malades souvent immunodéprimés en raison des traitements
reçus précédemment a fait pencher le rapport bénéfice-risque
de façon défavorable, et l’extension d’indication du natalizumab
pour la maladie de Crohn a été refusée en Europe.
Le certolizumab est le 3
e
anti-TNFα étudié de façon importante
dans la maladie de Crohn. À la différence de l’infliximab et de
l’adalimumab, le laboratoire a soumis à l’avis de l’EMEA une
première demande pour ce médicament avec la maladie de
Crohn comme indication, alors que pour les deux autres anti-
TNF, une autorisation avait été obtenue tout d’abord pour la
polyarthrite rhumatoïde avec une extension d’indication ulté-
rieure dans la maladie de Crohn (variation de type II).
Le certolizumab n’a pas obtenu dAMM en procédure d’appel
en raison d’une démonstration peu convaincante de l’efficacité
du médicament pour l’indication d’une rémission et d’études
au long cours de 6 mois seulement, alors que les guidelines de
développement requièrent des essais sur 12 mois en double
aveugle.
Le natalizumab a donc été refusé essentiellement pour des
raisons de sécurité d’emploi, tandis que le certolizumab l’a é
pour une démonstration non convaincante d’efficacité.
On voit donc les difficultés actuelles d’enregistrement de
nouvelles molécules dans les MICI avec la nécessité d’une
démonstration convaincante d’efficacité à court et à long termes,
mais également du besoin absolu de preuve d’un risque “raison-
nable” pour le malade dans un domaine pathologique où la
chirurgie représente une option thérapeutique réelle. Parmi les
nombreuses molécules en cours d’élaboration, on a du mal à
discerner une candidate à un enregistrement dans les 3 à 5 ans
à venir! N
Y a-t-il une vie pour un nouveau médicament
après les deux anti-TNF ?
Is there a life for a novel drug after anti-TNF therapy?
# Marc-André Bigard*
* Service d’hépato-gastroentérologie, CHU Nancy.
Prochain dossier thématique à paraître en septembre 2008
Sport et maladies digestives
Coordination : Dr Jérôme Watelet (Nancy)
Conclusion
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