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La Lettre du Gynécologue - n° 313 - juin 2006
DOSSIER
logique n’était suspectée. La TEP-FDG a pu diagnostiquer la
récidive avec une Se de 90 % (28/31), une Sp de 76 %
(165/218), une VPP de 35 % (28/80) et une VPN de 98 %
(166/169). Dans cette situation, la TEP a permis de visualiser
la récidive dans la grande majorité des cas mais a visualisé
également des hyperfixations en rapport avec des foyers non
cancéreux ou correspondant à un second cancer (9).
Lorsque la concentration sérique du SCC (squamous cell car-
cinoma) est augmentée, une récidive du cancer du col peut être
suspectée. Cette augmentation précède en général de 6 mois la
détection de la récidive (10). Chang et al. ont évalué les per-
formances de la TEP-FDG chez 27 patientes avec une concen-
tration sérique du SCC de 2 ng/ml à deux reprises, à au moins
deux semaines d’intervalle, avec examens cliniques et radiolo-
giques normaux. La Se de détection était de 94 %, la Sp de
78%, la VPP de 89%, la VPN de 88% et l’Ex de 89%. Après
traitement, la survie médiane de ces patientes depuis la décou-
verte de l’augmentation de la concentration sérique du traceur
était de 22 mois et significativement supérieure à celle d’un
groupe témoin (12,7 mois) de patientes suivies pour une aug-
mentation de la concentration sérique du SCC et prises en
charge sans la TEP-FDG (11).
Dans l’étude de Unger et al., dans le cas de récidive suspectée
chez des patientes symptomatiques, la Se de détection de la
TEP-FDG était de 100%, la Sp de 86%, la VPP de 93% et la
VPN de 100% (12).
L’impact de la TEP-FDG sur la prise en charge des patientes
dans cette indication semble importante. Yen et al. ont sélec-
tionné un groupe de 55 patientes suspectes de récidive. Trente-
six patientes (65,5 %) ont eu une modification de prise en
charge suite aux résultats de la TEP-FDG, dont 25% de modi-
fication d’un traitement à visée curative. Les auteurs ont pro-
posé d’utiliser un score pour optimiser l’impact de la TEP-
FDG sur la prise en charge des patientes en cas de suspicion de
récidive. Ce score incluait trois facteurs de mauvais pronostics :
une radiothérapie première, la concentration sérique du SCC
de 4 ng/ml, des symptômes cliniques. L’impact de la TEP
serait importante pour les patientes avec un score de 1 ou 2.
Cette approche médico-économique tendant à rationaliser les
indications de la TEP nécessiterait d’être confirmée sur des
séries de patientes plus importantes, notamment avec un score
de 3, peu représentées dans cette étude (13).
PRISE EN CHARGE THÉRAPEUTIQUE ET TEP-FDG
Peu d’études ont évalué l’efficacité de la chimiothérapie dans
les cancers du col utérin. Les résultats de l’étude préliminaire
de Yoshida et al., en accord avec ceux publiés dans d’autres
pathologies cancéreuses, soulignaient que la variation de la
fixation du FDG en début de chimiothérapie était corrélée au
résultat en fin de traitement. En effet, il existait une meilleure
corrélation de la réponse histologique finale avec la diminution
de la fixation du FDG après deux cycles de chimiothérapie
qu’avec la variation de taille des lésions mesurées en IRM
après deux cycles (14).
La grande majorité des études a évalué les modifications du
traitement et, en particulier, de la radiothérapie en fonction des
données de la TEP-FDG, ainsi que sur la survie des patientes.
En effet, certaines équipes adaptent le traitement par radiothé-
rapie en fonction des résultats de la TEP-FDG. Tsai et al. ont
effectué une TEP-FDG aux patientes avec des ganglions pel-
viens supra-centimétriques visualisés en TDM ou en IRM. Les
champs d’irradiation ont été modifiés dans 28% des cas suite à
la visualisation d’une extension ganglionnaire para-aortique en
TEP-FDG (15). Grigby et al recommandaient de ne pas faire
de chimiothérapie concomitante à la radiothérapie si la TEP-
FDG ne montrait pas d’extension ganglionnaire. La survie glo-
bale à 5 ans des patientes et les sites de récidives (pelvien ou
extra-pelvien) étaient identiques que la radiothérapie soit asso-
ciée ou non à la chimiothérapie en cas d’absence d’extension
ganglionnaire visualisée en TEP (16). Les mêmes auteurs sug-
géraient qu’un contrôle local de la maladie était possible par
l’adaptation de la radiothérapie en fonction des résultats de la
TEP et de la TDM (17).
L’évolution de la fixation après traitement local par radiothéra-
pie et curiethérapie, avec ou sans chimiothérapie associée, est
également un facteur pronostique. La survie à 5 ans dépen-
dante de la maladie était de 80 % lorsque la TEP-FDG après
traitement était négative, de 32% s’il persistait une hyperfixa-
tion dans les zones irradiées et de 0 % lorsque des foyers
d’hyperfixations apparaissaient après traitement à distance des
zones irradiées (18).
CONCLUSION
Les deux atouts de la TEP-FDG, l’exploration du corps entier
et l’approche métabolique qui facilite la détection des gan-
glions métastatiques infra-centimétriques et des lésions viscé-
rales dans des tissus remaniés par les différents traitements,
permettent d’améliorer la stadification première et la détection
des récidives dans le cancer du col. La détection des lésions
cancéreuses devrait encore être optimisée par l’utilisation de
caméras hybrides permettant une fusion entre les images TEP
et TDM (19). Enfin, les résultats de la TEP-FDG ont une
valeur pronostique avant et après traitement. Pour ces diffé-
rentes raisons, l’utilisation de cette modalité d’imagerie devrait
se généraliser dans cette indication en permettant une
meilleure prise en charge des patientes. ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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