R É F É R E N C E pergolide.

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N
U N E
RÉFÉRENCE
Valvular heart disease in patients taking
pergolide.
Waller EA, Kaplan J, Heckman MG.
❏ Mayo Clin Proc 2005;80:1016-20.
LE FOND
Pour estimer la fréquence des
atteintes valvulaires sous pergolide,
les auteurs de la Mayo Clinic ont analysé rétrospectivement les échocardiographies Doppler transthoraciques (ETT)
de 55 patients traités par ce médicament
depuis au moins 6 mois, un groupe apparié de 63 patients n’ayant pas reçu de pergolide représentant le groupe contrôle. La
posologie moyenne de pergolide était de
0,71 mg/j, et la durée moyenne du traitement avant l’ETT de 2 ans.
Une augmentation significative des
régurgitations aortiques de tous degrés
a été observée pour le groupe pergolide
(45 % contre 21 % pour le groupe
contrôle ; p = 0,006). En revanche, il
n’existait pas de différence entre les
2 groupes pour les valvulopathies
fuyantes mitrales et tricuspides de tous
degrés. Pour le groupe pergolide, l’incidence des régurgitations valvulaires
d’importance moyenne à sévère était de
11 % pour la valve tricuspide, de 13 %
pour la valve mitrale et de 13 % pour la
valve aortique. Il n’y avait pas de différence significative concernant la fréquence de ces fuites moyennes à
sévères, quelle que soit la valve étudiée,
entre le groupe pergolide et le groupe
contrôle. À noter une relation à la limite
de la significativité entre la posologie
quotidienne de pergolide et la constatation échographique d’une régurgitation
aortique moyenne à importante
(p = 0,05). La posologie quotidienne
moyenne de pergolide était de 3 mg pour
les patients ayant une fuite aortique d’importance moyenne à sévère, contre
0,5 mg pour ceux ayant une fuite aortique
modérée ou inexistante. Un patient sous
pergolide présentait une polyvalvulopathie sévère : il consommait la plus forte
posologie (16 mg/j), avec une durée de
traitement prolongée (4 années avant la
réalisation de l’ETT).
La Lettre du Cardiologue - n° 394 - avril 2006
R É F É R E N C E . . .
Valvulopathies induites :
après les anorexigènes,
le pergolide
COMMENTAI RES
Le pergolide, commercialisé en France
sous le nom de Celance®, est un agoniste
dopaminergique dérivé de l’ergot de
seigle utilisé pour le traitement de la
maladie de Parkinson.
Les valvulopathies décrites sous pergolide nous rappellent l’historique des
atteintes valvulaires des anorexigènes.
Les premiers cas cliniques ont été recensés
en Belgique lors des années 1998 et 1999,
puis en 2002. A.M. Pritchett et al. (Mayo
Clinic) ont publié trois observations de
patients explorés pour des insuffisances
tricuspides sévères avec, en ETT et lors de
l’examen anatomopathologique (2 patients
opérés), des caractéristiques les apparentant aux valvulopathies carcinoïdes ou
induites par les dérivés de l’ergotamine ou
les anorexigènes (fenfluramines). Avec
moins d’alarmisme que pour ces derniers,
la FDA (Food and Drug Administration) a
communiqué en 2003 un registre de
15 patients sous pergolide présentant des
valvulopathies essentiellement régurgitantes aortiques, mitrales et tricuspides.
Le travail rétrospectif de la Mayo Clinic
confirme les similitudes avec les valvulopathies sous anorexigènes : l’augmentation significative des valvulopathies sous
pergolide est ici avant tout le fait de fuites
aortiques modérées. De fortes posologies
et une durée prolongée du traitement
semblent favoriser leur survenue.
L’interprétation des résultats doit tenir
compte de la population sélectionnée a posteriori par la réalisation d’une ETT et de
posologies faibles de pergolide (en moyenne
0,71 mg/j contre 4 mg/j pour le registre
FDA). L’incidence réelle et l’impact clinique de ces valvulopathies restent à
définir. Une régression à l’arrêt du traitement est signalée pour deux patients
sur six dans une publication belge (Van
Camp G et al. Lancet 2004).
L’Afssaps (décembre 2004) a revu les
règles de prescription du pergolide : le
traitement doit être instauré par un
neurologue en cas d’échec des autres
agonistes dopaminergiques, sans
dépasser la posologie de 5 mg/j et en
limitant la durée du traitement. Le pergolide est contre-indiqué en cas de valvulopathie préexistante (ce qui implique
un bilan cardiaque et la réalisation d’une
ETT avant prescription). Un contrôle
d’ETT est préconisé dans les 3 à 6 mois
suivant le début du traitement, renouvelé
au minimum tous les 6 à 12 mois.
L’apparition d’une valvulopathie doit
conduire à l’arrêt du pergolide.
BI BLI OGRAPHI E
Parmi les travaux sur le sujet, les publications belges de G. Van Camp et al.
(Neurology 2003;61:859-61 et Lancet
2004;363:1179-83), la description de trois
cas cliniques à la Mayo Clinic (Mayo Clin
Proc 2002;77:1280-6), le registre FDA
(Mayo Clin Proc 2003;78:730-1) regroupant 15 cas en Europe et aux États-Unis.
À lire, la revue de la littérature rédigée par
J.C. Corvol et E. Fauveau (Valvulopathies
fibrosantes sous pergolide. mt Cardio 2005;
1:253-8 – tirés à part J.C. Corvol, CHU de
la Pitié-Salpêtrière, Paris Cedex 13).
MOTS-CLÉS
Valvulopathies médicamenteuses - Pergolide - Échocardiographie.
TI RÉS À PART
Dr. J Kaplan, Division of Pulmonary
Medicine, Mayo Clinic College of
Medicine, 4500 San Pablo Rd,
Jacksonville, FL 32224, United States.
E-mail : [email protected]
C. Adams,
service de cardiologie, CH Argenteuil
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