PÉRISCOPE Forum Med Suisse 2007;7:404 404 Périscope Antagonistes de la dopamine et problèmes valvulaires cardiaques. Vous souvenez-vous de la fenfluramine et de la dexfenfluramine qui, après traitement prolongé provoquaient un épaississement des valvules cardiaques et de leurs cordages, comme dans le syndrome carcinoïde? De très nombreux médicaments – ergotamine, méthysergide, antidépresseurs, antipsychotiques, anxiolytiques, antimigraineux, pergolide, cabergoline, etc. – ont des effets sérotoninergiques, mais tous ne provoquent pas d’épaississements valvulaires. C’est l’effet sur les récepteurs de la 5HT2B qui est déterminant, car il entraîne une prolifération des cellules interstitielles des valves cardiaques. Les médicaments sérotoninergiques doivent dorénavant être testés quant à leur effet sur les récepteurs de la 5HT2B avant d’entrer dans les études cliniques. – Roth BL. Drugs and valvular heart disease. NEJM. 2007;356:6–9. Deux études se sont intéressées aux lésions des valves cardiaques sous les antiparkinsoniens pergolide et cabergoline. L’une a recruté 11 417 patients de 40 à 80 ans qui avaient reçu des antiparkinsoniens entre 1988 et 2005. Comparativement aux témoins, leur probabilité de développer des lésions valvulaires a été de 7,1 pour le pergolide (Permax®) et de 4,9 pour la cabergoline (Cabaser®). La seconde étude a colligé les résultats échocardiographiques de 155 patients sous antagonistes de la dopamine (pergolide, cabergoline et dérivés non-ergotamine) après un minimum de 12 mois. Elle a également trouvé un risque relatif de régurgitation de 6,3 pour la valve mitrale, 4,2 pour l’aortique et 5,6 pour la tricuspidienne, mais aucun risque accru pour les dérivés non-ergot. – Schade R, et al. / Zanettini R, et al. Dopamine agonists and the risk of cardiac-valve regurgitation / Valvular heart disease and the use of … N Engl J Med. 2007;356:29–38/39–46. Très prometteuses nanofibres: un tissu de fibres «nanoscale» favorise la réparation de tissus lésés (cerveau, nerfs périphériques, etc.) et termine la coagulation en quelques secondes. Il s’agit de nanofibres peptidiques arrangées comme dans une éponge, comme la matrice extracellulaire. Le MIT annonce que ce «tricot» déposé sur des lésions neuronales est censé faire démarrer la réparation dans les 24 heures. En expérimentation animale, les nanofibres provoquent même une récupération partielle après section du nerf optique. Elles provoquent d’autre part une hémostase complète après quelques secondes dans le cadre d’hémorragies chirurgicales et traumatiques. – Tout cela est presque trop beau pour être vrai. Attendons deux ans pour voir ce qu’il en reste. – Hampton T. Healing power found in “nano knitting”. JAMA. 2007;297:31. Le trastuzumab, un anticorps humain monoclonal contre l’HER2, un récepteur présent chez 15–25% des femmes ayant un cancer du sein au stade initial, procure un «bénéfice de survie» de deux ans à une dose de 100 mg/d après un an de traitement. Pas mal! Mais il donne à court terme 2% d’insuffisance cardiaque, et combien à plus long terme? Ce traitement a-t-il un bon rapport coût-efficacité? Une dépense de 18 500 livres est-elle raisonnable pour chaque année de vie supplémentaire de bonne qualité (QALY)? Et ne s’agit-il vraiment «que» de 18 500 livres? D’après les derniers calculs, une QALY coûte actuellement 30 000 livres. Le NHS le supporte-t-il? Ou doit-il «économiser» ailleurs? Consolation: une étude finnoise avec 20 mg de trastuzumab seulement a donné une mortalité globale et une proportion de récidive inférieures après neuf semaines. – Smith I, et al. 2-year follow-up of trastuzumab after adjuvant chemotherapy in HER2-positive breast cancer. Lancet 2007;369:29–36 (Editorial. Hind D, et al. Lancet. 2007; 369:3–5). Existe-t-il une association? Une femme de 58 ans se présente en raison d’une perte de la vision, bilatérale, subite et indolore. Au pôle postérieur, nous voyons des infarctus choroïdiens hypo- et hyperfluorescents, récents et plus anciens. L’échocardiographie transœsophagienne révèle des végétations mobiles sur la valve mitrale. Tous les examens hématologiques et chimiques, les hémocultures, une TC du thorax, une IRM cérébrale et carotidienne, etc. donnent des résultats normaux, à l’exception d’un temps partiel de thromboplastine activée légèrement augmenté (37 s). De quoi s’agit-il? (Pour la solution voir ci-dessous) Oui, en fait de quoi peut-il bien s’agir? La mise en évidence d’anticorps anticardiolipine IgG et IgM et de l’anticoagulant lupique confirme un syndrome antiphospholipides avec endocardite thrombotique non bactérienne. Cette patiente est anticoagulée par acécoumarol. Après huit semaines, sa vision n’est que légèrement améliorée; les résultats de l’IRM et de l’échographie sont normaux. Pas fréquent, mais s’il y a suspicion, l’anticoagulation est indiquée de toute urgence. – Tsironi E, et al. Unexplained choroidal embolisation: remember the antiphospholipid syndrome. Lancet. 2006;368:1936. Faut-il faire de la publicité directement auprès du consommateur/patient pour les médicaments soumis à ordonnance («direct-to-consumer advertising», DCA)? La commission UE y réfléchit. Elle devrait bien réfléchir, à l’exemple des Etats-Unis. Un Government Report montre que la DCA progresse de 20% par année (deux fois plus vite que chez le médecin!). En 2005, les coûts de la DCA ont atteint 4,5 milliards de dollars. Plus du 50% de ce montant a été consacré à quelque 20 médicaments parfaitement connus – contre l’hyperlipidémie, l’asthme, les allergies, etc. La DCA exige un contrôle sérieux de la publicité. La FDA, instance de contrôle, ne fait son travail qu’«après la publicité» par correspondance! – Ceci reflète une administration favorable à l’industrie, qui se soucie peu d’une information indépendante, evidence-based, sur les effets, effets indésirables et contre-indications. Ce n’est pas une bonne idée! – Anonymous. The directto-consumer advertising genie. Lancet. 2007;369:1.