PÉRISCOPE Forum Med Suisse No 50 10 décembre 2003 1223 Périscope L’industrie pharmaceutique accusée! Finis les déjeuners gratuits, finies les informations trompeuses. Schering utilisait des médecins allemands pour la promotion du traitement hormonal de substitution; Wyeth faisait la même chose avec des médecins, bien avant l’apparition de son article «démence et traitement hormonal de substitution»; l’industrie pharmaceutique arrivait à publier quatre fois plus des résultats «favorables» dans ses études sponsorées par rapport aux études non sponsorées, en induisant un biais constant, ainsi qu’un reportage sélectif (qui paie la pizza, à la une, à la deux? ...). L’industrie pharmaceutique …, encore l’industrie pharmaceutique …, un journal entier. A deux reprises, on attire l’attention sur le fait qu’il faut deux partenaires différents pour une bonne liaison avec l’industrie pharmaceutique: un qui paie, qui sert l’autre et qui désinforme, et un qui en profite! – BMJ 2003;326: 1295. La pergolide (Permax®, indication: maladie de Parkinson) était suspectée à la fin de l’année dernière de provoquer une maladie cardiaque valvulaire, maladie connue en combinaison avec les autres dérivés de l’ergot. Entre-temps, on a déjà connaissance de 15 cas: dose moyenne 4 mg, durée d’exposition 2 années en moyenne. Les valves aortiques, mitrales, et/ou triscupides sont atteintes par une fibrose, une insuffisance, ou une sténose. On ne dispose pas encore de la fréquence exacte de cet effet secondaire (l’œil ne voit que ce que l’esprit reconnaît!). Des études supplémentaires sont exigées. – Attention, il ne faut pas oublier que la pergolide est un dérivé de l’ergot! – Flowers CM, et al. The USA Food and Drug Administration’s registry of patients with Pergolide-associated valvular heart disease. Mayo Clin Proc 2003; 78:730–1. A nouveau! Après avoir nié, ou au moins douté de la valeur des fibres à base de plantes, deux études viennent d’apporter à nouveau la preuve de leur efficacité: Une étude comparant la consommation de fibres chez 33 971 patients n’ayant eu aucune pathologie dans leur sigmoïdoscopie, à celle de 3591 cas chez lesquels au moins un adénome a été détecté, a révélé que chez la quintile avec la consommation de fibres la plus élevée, le risque de développer un adénome était de 27% moins important par rapport aux autres patients. La deuxième étude comparait la consommation de fibres de 519 978 patients souffrant d’un cancer colo- rectal, à celle de patients n’étant atteints d’aucun cancer: le risque de développer un cancer colorectal des patients se trouvant dans la quintile avec la consommation la plus élevée par rapport à ceux avec la consommation la moins élevée était de 0,58. Le double de consommation de fibres diminuait le risque de 40% d’être atteint d’un cancer colorectal. Retour aux fibres à base de plantes! – Peters U, et al. Dietary fiber and colorectal adenoma in a colorectal cancer early detection programme / Bingham SA, et al. Dietary fiber in food and protection against colorectal cancer …, an observational study. Lancet 2003;361:1491–5/1496–501. Infliximab et Etanercept, antagonistes du facteur de nécrose tumoral (TNFA), sont utilisés dans le traitement de l’arthrite rhumatoïde, psoriatique, et de la maladie de Crohn. Après avoir traité mondialement 274 000 patients avec ces médicaments, l’examen d’un lien éventuel avec l’insuffisance cardiaque s’imposait. Effectivement, 47 patients développaient une insuffisance cardiaque. Chez 38 pateints, il s’agissait d’une nouvelle maladie, et chez 9 patients, d’une exacerbation. Parmi les 38 cas d’insuffisance cardiaque de novo, 19 n’avaient aucun facteur de risque, et 10 patients avaient moins de 50 ans. Suite à l’arrêt du traitement par TNFA chez 10 patients, l’insuffisance cardiaque disparaissait dans 3 cas, et s’améliorait chez six patients. Chez un patient, il entraînait la mort. Respice finem! – Kwon HJ, et al. Case reports of heart failure after therapy with a tumor necrosis factor antagonist. Ann Intern Med 2003;138:807–11. Existe-t-il une association? Une jeune femme vient d’accoucher par voie basse sans complications. Avant sa sortie de l’hôpital, on constate chez le bébé un exanthème, qui se répand dans les prochains jours rapidement jusqu’à l’abdomen, et qui est accompagné d’un érythème et d’un gonflement périorbital bilatéral. Le bébé, n’ayant pas l’air d’être malade, est hospitalisé. Température 37,2 °C, poids 3,8 kg. La formule sanguine révèle une hématocrite de 44,8, 73 900 globules blancs (13 neutrophiles, 19 lymphocytes, 52 blastes, 4 myélocytes et 2 métamyélocytes), et 973 000 plaquettes/mm3. La LDH est 1992 U/L. L’examen physique ne montre aucune anomalie, à l’exception de l’exanthème, une pléocytose dans le liquide céphalorachidien (avec des blastes) et une légère hépatomégalie. Existe-t-il une association? Pour la solution voir à la page 1250.